Pour une entrée en matière, les favoris du Tour d’Italie n’ont pas perdu de temps. Histoire de vérifier les réflexes des uns et des autres, certainement, ils se sont joliment tiré la bourre hier. Sans véritables conséquences au final, si l’on écarte un incident de Michele Scarponi (Lampre-Merida) pour ce qui est des déficitaires ou les bonifications raflées sur la ligne par Cadel Evans (BMC Racing Team) et Ryder Hesjedal (Garmin-Sharp) s’agissant des bénéficiaires. Une manière pour ces deux-là de se rattraper quelque peu après la déception engendrée par les performances de leurs équipes respectives dans le contre-la-montre sur l’île d’Ischia dimanche. Il n’empêche qu’il va falloir calmer les ardeurs aujourd’hui car on est encore loin des étapes capitales et la route va être usante et longue, très longue, au quatrième jour.
Entre Policastro-Bussentino (Campanie) et Serra San Bruno (Calabre), le peloton renoue avec des distances propres aux grandes classiques. Il y a 246 kilomètres à parcourir, le long de la mer le plus clair du temps, avant que la route ne s’élève dans le final, au moment où la course s’enfoncera dans les terres… et dans les nuages, puisque le plafond est bas dans ce qui constitue l’étape la plus méridionale de cette édition. Il apportera la pluie par intermittence sur l’épreuve, pour la première fois depuis le départ de Naples samedi, rendant la course encore plus exigeante. Sur cette distance digne d’une classique, c’est un clin d’œil que de voir Luca Paolini (Team Katusha) en rose. A 36 ans, le Milanais entend bien profiter de ce privilège le plus longtemps possible. S’il tient bon dans le final ascendant, il pourra théoriquement préserver le maillot de leader jusqu’au chrono de Saltara samedi prochain. Ce ne serait pas anodin.
En direction de la Calabre, il y en a sept pour qui la distance de cette première étape marathon – il y en aura trois autres du genre, la plus longue sur 254 kilomètres – ne représente en rien un frein à la prise d’initiatives. Peu après le départ, les Français Julien Bérard (Ag2r La Mondiale), Johan Le Bon et Francis Mourey (FDJ) s’échappent en compagnie de Miguel Minguez et Ioannis Tamouridis (Euskaltel-Euskadi), Pim Ligthart (Vacansoleil-DCM) et Emanuele Sella (Androni Giocattoli). Tous les coups sont permis en ce début de Tour d’Italie, mais le peloton n’est vraiment pas décidé à leur laisser une chance. En dépit de la longueur de l’étape, il contient l’avance du groupe de tête sous la barre des sept minutes puis en reprend les éléments les uns après les autres, Miguel Minguez étant le dernier à céder à 42 kilomètres de l’arrivée.
Déterminé, Danilo Di Luca secoue le final de l’étape.
Les averses isolées se multiplient alors sur la route du Giro. Et les attaques pleuvent tout autant. D’accélérations en accélérations, divers groupes se composent à l’avant de la course. C’est l’un d’eux qu’accroche Sylvain Georges (Ag2r La Mondiale) alors que se rapproche la principale ascension du jour, celle de Croce Ferrata (11,6 km à 5,5 %), dont le sommet, qui débouche sur un plateau, n’est situé qu’à 6,7 kilomètres de l’arrivée. En jambes, Sylvain Georges choisit d’y faire son petit numéro. Au pied de l’escalade stratégique, il s’isole et gagne du terrain sur un peloton contrôlé par l’équipe Sky. Le train de la formation britannique est suffisant pour faire céder les moins aguerris dont fait définitivement partie Juan-José Cobo (Movistar Team), dont le nom avait été rayé dès hier de la liste des favoris. Mais il a surtout pour objet de décourager les adversaires de Bradley Wiggins, qui se contenteront bien de la trêve décrétée.
Danilo Di Luca n’est plus vraiment un favori du Giro. Dix jours après la signature de son contrat avec Vini Fantini-Selle Italia, l’Abruzzais increvable montre les dents. Au moment où la pluie redouble d’intensité, c’est lui qui met fin aux prétentions de Sylvain Georges à l’avant de la course. Sur un démarrage saignant à 10 kilomètres de l’arrivée, auquel ne répond que le « pot de colle » sud-américain Robinson Chalapud (Colombia), Danilo Di Luca annonce la couleur. Pour l’heure, elle est jaune fluo, ce qui lui permet de fendre le sommet prisonnier des nuages mais offre au peloton un point de repère sur la route qui mène à Serra San Bruno. Plusieurs fois, Di Luca cherche à se débarrasser de l’encombrant Chalapud, mais le Colombien fait de la résistance. Dans le final rectiligne sur portion plane, le peloton revient à très grande vitesse. L’Abruzzais ne lâche rien. Il insistera jusqu’à se faire happer par la meute à 500 mètres du but.
La montée temporisée de Croce Ferrata a laissé du monde dans le groupe qui se présente au sprint, sur les dalles détrempées, pour la victoire d’étape. Ce sera quelque peu dangereux, si bien que les moins hardis se réserveront pour des jours meilleurs. Enrico Battaglin (Bardiani Valvole-CSF Inox) n’a lui pas une occasion à perdre. Rapide au sprint, le coureur de 23 ans s’apprête à enlever la plus grande victoire de sa jeune carrière. Dans un rush atypique, il inflige une défaite à Fabio Felline (Androni Giocattoli) et Giovanni Visconti (Movistar Team), les deux coureurs qui coupent la ligne derrière lui. Luca Paolini, lui, se sera résigné. Mais il préserve la tête d’un classement général inchangé du côté des favoris, où le seul fait de course aura été un dépannage assez hasardeux de Vincenzo Nibali (Astana) après crevaison.
Demain mercredi, la cinquième étape reliera Cosenza à Matera (203 km).
Classement 4ème étape :
1. Enrico Battaglin (ITA, Bardiani Valvole-CSF Inox) les 246 km en 6h14’19 » (39,4 km/h)
2. Fabio Felline (ITA, Androni Giocattoli) m.t.
3. Giovanni Visconti (ITA, Movistar Team) m.t.
4. Rigoberto Uran (COL, Team Sky) m.t.
5. Arnold Jeannesson (FRA, FDJ) m.t.
6. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) m.t.
7. Beñat Intxausti (ESP, Movistar Team) m.t.
8. Ryder Hesjedal (CAN, Garmin-Sharp) m.t.
9. Robert Kiserlovski (CRO, RadioShack-Leopard) m.t.
10. Luca Paolini (ITA, Team Katusha) m.t.
Classement général :
1. Luca Paolini (ITA, Team Katusha) en 15h18’51 »
2. Rigoberto Uran (COL, Team Sky) à 17 sec.
3. Beñat Intxausti (ESP, Movistar Team) à 26 sec.
4. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) à 31 sec.
5. Ryder Hesjedal (CAN, Garmin-Sharp) à 34 sec.
6. Bradley Wiggins (GBR, Team Sky) m.t.
7. Giampaolo Caruso (ITA, Team Katusha) à 36 sec.
8. Sergio-Luis Henao (COL, Team Sky) à 37 sec.
9. Mauro Santambrogio (ITA, Vini Fantini-Selle Italia) à 39 sec.
10. Cadel Evans (Aus, BMC Racing Team) à 42 sec.
Classement par points :
1. Luca Paolini (ITA, Team Katusha) 35 pt
2. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) 30 pt
3. Mark Cavendish (GBR, Omega Pharma-Quick Step) 28 pt
4. Enrico Battaglin (ITA, Bardiani Valvole-CSF Inox) 25 pt
5. Ryder Hesjedal (CAN, Garmin-Sharp) 24 pt
6. Fabio Felline (ITA, Androni Giocattoli) 20 pt
7. Elia Viviani (ITA, Cannondale) 20 pt
8. Rigoberto Uran (COL, Team Sky) 16 pt
9. Beñat Intxausti (ESP, Movistar Team) 16 pt
10. Giovanni Visconti (ITA, Movistar Team) 16 pt
Classement de la montagne :
1. Giovanni Visconti (ITA, Movistar Team) 13 pt
2. Willem Wauters (BEL, Vacansoleil-DCM) 9 t
3. Robinson Chalapud (COL, Colombia) 9 pt
4. Stefano Pirazzi (ITA, Bardiani Valvole-CSF Inox) 5 pt
5. Manuele Boarao (ITA, Team Saxo-Tinkoff) 5 pt
6. Danilo Di Luca (ITA, Vini Fantini-Selle Italia) 5 pt
7. Cameron Wurf (AUS, Cannondale) 3 pt
8. Fabio Taborre (ITA, Vini Fantini-Selle Italia) 3 pt
9. Patrick Gretsch (ALL, Argos-Shimano) 3 pt
10. Fabio Aru (ITA, Astana) 3 pt
Classement des jeunes :
1. Fabio Aru (ITA, Astana) en 15h20’06 »
2. Rafal Majka (POL, Team Saxo-Tinkoff) à 19 sec.
3. Carlos-Alberto Betancur (COL, Ag2r La Mondiale) à 26 sec.
4. Wilco Kelderman (PBS, Blanco) à 1’06 »
5. Diego Rosa (ITA, Androni Giocattoli) à 1’09 »
6. Francesco-Manuel Bongiorno (ITA, Bardiani Valvole-CSF Inox) à 1’40 »
7. Darwin Atapuma (COL, Colombia) à 1’44 »
8. Enrico Battaglin (ITA, Bardiani Valvole-CSF Inox) à 1’52 »
9. Fabio Felline (ITA, Androni Giocattoli) à 3’02 »
10. Stefano Locatelli (ITA, Bardiani Valvole-CSF Inox) à 7’54 »
Classement par équipes :
1. Team Katusha (RUS) en 45h13’27 »
2. Team Sky (GBR) à 24 sec.
3. Astana (KAZ) à 45 sec.
4. BMC Racing Team (USA) à 1’19 »
5. Garmin-Sharp (USA) à 1’48 »
6. Blanco (PBS) à 2’25 »
7. Movistar Team (ESP) à 2’27 »
8. Lampre-Merida (ITA) à 3’30 »
9. Vini Fantini-Selle Italia (ITA) à 3’31 »
10. Androni Giocattoli (ITA) à 4’04 »