Le 37ème Tour du Trentin rendait son verdict cet après-midi et une seule question taraudait l’esprit des suiveurs au départ d’Arco ce matin : Maxime Bouet (Ag2r La Mondiale) peut-il résister aux favoris sur la terrible ascension de Sega di Ala ? Derrière ses 11,5 km à 9,2% de moyenne se cachent des pentes vertigineuses qui n’ont rien à envier au Mur de Huy escaladé mercredi par le peloton de la Flèche Wallonne. C’est à la moitié de l’ascension que les pourcentages sont les plus sévères, dépassant parfois les 20%. Avec une telle déclivité, les coureurs ne peuvent pas mentir et, même s’il possède 3’19 » d’avance sur Konstantin Siutsou (Team Sky), Maxime Bouet n’est absolument pas certain de pouvoir conserver son avantage. D’autant que Bradley Wiggins (Team Sky) et surtout Vincenzo Nibali (Astana) sont en embuscade.
Pour cette dernière journée, l’échappée n’a que peu de chances d’aller au bout, compte tenu de l’explication entre favoris attendue dans le nord de l’Italie. Francesco-Manuel Bongiorno et Edoardo Zardini (Bardiani Valvole-CSF Inox), Amaro Antunes (Ceramica Flaminia-Fondriest), le récent vainqueur du Tour du Finistère Cyril Gautier (Team Europcar) Jarlinson Pantano (Colombia), Emanuele Sella (Androni Giocattoli) José Serpa (Lampre-Merida), Mateusz Taciak (CCC Polsat-Polkowice) et le remuant Amets Txurruka (Caja Rural) composent l’échappée du jour. Preuve que le peloton n’est pas décidé à les voir s’envoler, ils ne compteront jamais plus de trois minutes d’avance.
Antunes, Gautier et Zardiani lâchent prise dans l’avant-dernière difficulté et les fuyards se retrouvent avec une avance plus que réduite avant d’aborder l’ultime montée. Roulant à toute vitesse, le peloton les avalera au pied. L’allure est telle que très vite, ils ne sont plus beaucoup à pouvoir suivre le rythme imposé par l’équipe Astana. Maxime Bouet manque à l’appel même s’il ne compte pas céder son maillot si facilement. Des cassures s’opèrent dans ce qui reste du peloton. Bradley Wiggins fidèle à ses habitudes ne répond pas aux changements de rythme et recolle au train au groupe où figuraient notamment Nibali, Cadel Evans (BMC Racing Team) et Mauro Santambroggio (Vini Fantini-Selle Italia).
Mais le Britannique n’est pas au bout de ses surprises. Victime d’un ennui mécanique, Wiggo est contraint de changer de monture. Il jette avec rage son Pinarello Dogma sur le bas-côté de la route et attend son dépanneur. Le vainqueur du Tour de France avait été jusqu’ici plutôt énigmatique sur sa forme. La première arrivée au sommet avait permis d’y voir plus clair dans le jeu toujours difficile à lire de l’Anglais. Sega di Ala dissipera les derniers doutes : on a retrouvé le Sir Wiggins dominateur sur les routes hexagonales de mars à juillet l’an dernier. Avec une aisance impressionnante, il remonte un à un les hommes ayant sauté du bon wagon. Tant et si bien que quelques minutes plus tard, tout est en passe de rentrer dans l’ordre, le Britannique ayant le groupe de tête en point de mire.
Sentant le souffle du champion olympique du contre-la-montre sur sa nuque, Vincenzo Nibali décide de passer à l’attaque. Ses adversaires décrochent à l’exception de Mauro Santambroggio. Les derniers espoirs de Bradley Wiggins sont anéantis par l’accélération brutale du vainqueur de Tirreno-Adriatico. Très à l’aise sur les pentes à 27% du mur de Sant’Elpidio a Mare en mars sur la course des deux mers, Nibali est en démonstration à Sega di Ala. Grâce à une dernière accélération, il décroche Santambroggio pour filer vers la victoire. Les yeux sont alors rivés sur le chrono pour voir si Maxime Bouet pourra conserver son maillot. 3’57 » plus tard, le Français n’a toujours pas franchi la ligne et le natif de Messine remporte comme en 2008 le Tour du Trentin. Un signal fort à deux semaines du départ du Giro.
Classement 4ème étape :
1. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) les 166,8 km en 4h21’49 » (38,3 km/h)
2. Mauro Santambrogio (ITA, Vini Fantini-Selle Italia) à 8 sec.
3. Przemyslaw Niemiec (POL, Lampre-Merida) à 44 sec.
4. Fabio Aru (ITA, Astana) m.t.
5. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) à 1’02 »
6. Stefano Locatelli (ITA, Bardiani Valvole-CSF Inox) 1’10 »
7. Stefano Pirazzi (ITA, Bardiani Valvole-CSF Inox) à 1:35″
8. Marcos Garcia (ESP, Caja Rural) à 1:37″
9. Bradley Wiggins (GBR, Team Sky) à 1:39″
10. Pierre Rolland (FRA, Team Europcar) à 2:20″
Classement général final :
1. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) en 17h49’11 »
2. Mauro Santambrogio (ITA, Vini Fantini-Selle Italia) à 21 sec.
3. Maxime Bouet (FRA, Ag2r La Mondiale) à 55 sec.
4. Fabio Aru (ITA, Astana) à 1’16 »
5. Bradley Wiggins (GBR, Team Sky) à 1’40 »
6. Przemyslaw Niemiec (POL, Lampre-Merida) à 1’45 »
7. Stefano Pirazzi (ITA, Bardiani Valvole-CSF Inox) à 2’15 »
8. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) à 2’18 »
9. Stefano Locatelli (ITA, Bardiani Valvole-CSF Inox) à 3’05 »
10. Pierre Rolland (FRA, Team Europcar) à 3’22 »