La course rose s’engage aujourd’hui dans son dernier massif. Après avoir titillé les Apennins, taquiné les Dolomites frioulanes, défié les Alpes enneigées, c’est le Trentin et les plus hauts cols routiers des Dolomites que le Giro aborde de front. Quand la course en sortira samedi soir, on saura alors qui rentrera en rose dans les rues de Brescia dimanche pour être couronné vainqueur de cette 96ème édition. Mais d’ici là l’incertitude prédomine et le doute s’installe encore sur l’issue pourtant royale que les organisateurs espèrent toujours réserver aux candidats au titre. Un froid sibérien s’est installé sur les hauteurs et les cimes, dit-on, sont prisonnières des neiges. Les deux grandes étapes à venir se disputeront par des températures inférieures à 0°, tant et si bien que leur organisation selon le schéma espéré n’est pas encore scellée ce soir.
Ce sont pourtant ces montagnes inhospitalières qui doivent livrer leur verdict. Les montagnes… et le chronomètre, puisque les deux sont associés aujourd’hui en premier acte du triptyque dolomitique. C’est un contre-la-montre en côte qui se présente cet après-midi entre Mori et Polsa. Un exercice moins raide que les expériences antérieures du même genre, à Nevegal en 2011 ou au Plan de Corones en 2010, mais nettement plus long. Ici, ce sont 20,6 kilomètres qu’il faudra gravir sur une route à la difficulté moyenne : 4,9 % sur la totalité du tracé, qui comprend en fait un replat à mi-parcours et dont la pente moyenne s’élève plus vraisemblablement aux alentours des 6,5 %. Une difficulté amplement suffisante pour réaliser les différences les plus importantes depuis que le Giro s’en est allé de Naples.
Puisqu’on ignore à quoi ressembleront réellement les deux étapes de montagne demain (par le Gavia, le Stelvio et Val Martello) autant que samedi (par-delà quatre ascensions plus hautes les unes que les autres), Vincenzo Nibali (Astana) veut prouver qu’il est bien le champion de cette édition. Le Sicilien s’est imposé comme le coureur le plus complet jusqu’à présent, et certainement aussi comme le plus fort, mais il n’a, à aucun moment, donné le sentiment d’écraser ses adversaires, se contentant bien souvent de les neutraliser. Aussi souhaite-t-il frapper un grand coup dans le contre-la-montre, histoire de prouver qui est le patron, et de chasser les doutes quelles que soient les solutions, alternatives ou non, retenues ces deux prochains jours pour permettre au Tour d’Italie de s’engager dans ses montagnes mythiques.
Au sommet, Vincenzo Nibali revient presque sur les talons de Cadel Evans.
Au départ du vélodrome de Mori, dont chacun des concurrents effectuera un demi-tour de piste en s’élançant aujourd’hui, la tension est grande parmi les favoris. Fait exprès, quand tous les autres acteurs de ce Giro auront concouru dans des conditions sèches bien que froides, la météo se gâte en soirée et c’est sous une pluie glacée que les cadors s’expliqueront. Qui fera pencher la balance en sa faveur ? Pointé à seulement 1’26 » de Vincenzo Nibali ce matin, Cadel Evans (BMC Racing Team) espère bien, en apparence en tout cas, réduire son déficit. L’enjeu est élevé mais l’Australien de 36 ans va devoir admettre qu’il n’est plus de taille. Dans le dur dès le départ, loin d’être dans l’allure de ses autres adversaires, il comprend très vite que ce n’est plus pour le maillot rose qu’il devra lutter sur les 20,6 kilomètres d’ascension mais pour préserver une chance de monter sur le podium dans soixante-seize heures en Lombardie !
Parti trois minutes après Cadel Evans, Vincenzo Nibali est déterminé à écarter le danger. A mi-pente, après en avoir fini avec le premier palier de l’escalade vers Polsa, le Maillot Rose plante une première banderille dans la cuirasse de ses adversaires. En 9,5 kilomètres, il a déjà repoussé Michele Scarponi (Lampre-Merida) de 32 secondes, Rigoberto Uran (Team Sky) de 1’20 » et Cadel Evans de 1’32 » ! Le Sicilien ne s’arrêtera plus en si bon chemin. Surmotivé, il se déchaîne dans la seconde portion de course pour se rapprocher dangereusement de Cadel Evans en vue du sommet… Dans le dernier kilomètre, le Maillot Rose a pratiquement comblé les trois minutes qui le séparaient de son dauphin sur la rampe de lancement de Mori. Il ne le rattrapera pas mais aura escaladé le col 2’36 » plus vite que son actuel dauphin.
Ce soir, Cadel Evans préserve la 2ème place du classement général, mais le voilà repoussé à 4’02 » de Vincenzo Nibali qui, à moins d’une terrible défaillance, ne pourra plus être battu dans ce Giro. Auteur d’une performance spectaculaire, le Sicilien laisse aujourd’hui son second Samuel Sanchez (Euskaltel-Euskadi) à 58 secondes. Du côté des favoris Michele Scarponi (Lampre-Merida) abandonne 1’21 » tandis que Rigoberto Uran aura finalement quasiment fait jeu égal avec lui dans la seconde partie du chrono puisqu’il ne lui lâche en haut « que » 1’26 », préservant des chances de conclure le Giro sur le podium. Et pourquoi pas sur la 2ème marche. 10 secondes le séparent désormais de Cadel Evans. L’autre classement général, celui des jeunes, demeure des plus indécis. La lutte sera décidément serrée jusqu’au bout entre Rafal Majka (Team Saxo-Tinkoff), qui reprend la main pour 2 secondes, et Carlos-Alberto Betancur (Ag2r La Mondiale).
Demain vendredi, la dix-neuvième étape doit se tenir entre Ponte di Legno et Val Martello (139 km)
Classement 18ème étape :
1. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) les 20,6 km en 44’29 » (27,8 km/h)
2. Samuel Sanchez (ESP, Euskaltel-Euskadi) à 58 sec.
3. Damiano Caruso (ITA, Cannondale) à 1’20 »
4. Michele Scarponi (ITA, Lampre-Merida) à 1’21 »
5. Rafal Majka (POL, Team Saxo-Tinkoff) à 1’25 »
6. Rigoberto Uran (COL, Team Sky) à 1’26 »
7. Carlos-Alberto Betancur (COL, Ag2r La Mondiale) à 1’32 »
8. Stef Clement (PBS, Blanco) à 1’36 »
9. Dario Cataldo (ITA, Team Sky) à 1’41 »
10. Danilo Di Luca (ITA, Vini Fantini-Selle Italia) à 1’52 »
Classement général :
1. Vincenzo Nibali (ITA Astana) en 73h55’58 »
2. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) à 4’02 »
3. Rigoberto Uran (COL, Team Sky) à 4’12 »
4. Michele Scarponi (ITA, Lampre-Merida) à 5’14 »
5. Przemyslaw Niemiec (POL, Lampre-Merida) à 6’09 »
6. Rafal Majka (POL, Team Saxo-Tinkoff) à 6’45 »
7. Carlos-Alberto Betancur (COL, Ag2r La Mondiale) à 6’47 »
8. Mauro Santambrogio (ITA, Vini Fantini-Selle Italia) à 7’30 »
9. Beñat Intxausti (ESP, Movistar Team) à 8’36 »
10. Samuel Sanchez (ESP, Euskaltel-Euskadi) à 9’34 »
Classement par points :
1. Mark Cavendish (GBR, Omega Pharma-Quick Step) 113 pt
2. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) 109 pt
3. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) 103 pt
4. Carlos-Alberto Betancur (COL, Ag2r La Mondiale) 94 pt
5. Mauro Santambrogio (ITA, Vini Fantini-Selle Italia) 89 pt
6. Giovanni Visconti (ITA, Movistar Team) 86 pt
7. Rigoberto Uran (COL, Team Sky) 86 pt
8. Elia Viviani (ITA, Cannondale) 72 pt
9. Maxim Belkov (RUS, Team Katusha) 71 pt
10. Ramunas Navardauskas (LIT, Garmin-Sharp) 65 pt
Classement de la montagne :
1. Stefano Pirazzi (ITA, Bardiani Valvole-CSF Inox) 79 pt
2. Giovanni Visconti (ITA, Movistar Team) 45 pt
3. Jackson Rodriguez (VEN, Androni Giocattoli) 41 pt
4. Carlos-Alberto Betancur (COL, Ag2r La Mondiale) 32 pt
5. Robinson Chalapud (COL, Colombia) 31 pt
6. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) 30 pt
7. Rigoberto Uran (COL, Team Sky) 18 pt
8. Mauro Santambrogio (ITA, Vini Fantini-Selle Italia) 18 pt
9. Maxim Belkov (RUS, Team Katusha) 18 pt
10. Emanuele Sella (ITA, Androni Giocattoli) 13 pt
Classement des jeunes :
1. Rafal Majka (POL, Team Saxo-Tinkoff) en 74h02’43 »
2. Carlos-Alberto Betancur (COL, Ag2r La Mondiale) à 2 sec.
3. Wilco Kelderman (PBS, Blanco) à 10’18 »
4. Darwin Atapuma (COL, Colombia) à 19’13 »
5. Diego Rosa (ITA, Androni Giocattoli) à 31’37 »
6. Fabio Felline (ITA, Androni Giocattoli) à 1h04’52 »
7. Fabio Aru (ITA, Astana) à 1h14’47 »
8. Jarlinson Pantano (COL, Colombia) à 1h16’07 »
9. Thomas Damuseau (FRA, Argos-Shimano) à 1h23’30 »
10. Salvatore Puccio (ITA, Team Sky) à 1h48’54 »
Classement par équipes :
1. Team Sky (GBR) en 221h35’10 »
2. Blanco (PBS) à 5’49 »
3. Movistar Team (ESP) à 7’01 »
4. Astana (KAZ) à 7’55 »
5. Lampre-Merdia (ITA) à 9’59 »
6. Ag2r La Mondiale (FRA) à 18’42 »
7. Androni Giocattoli (ITA) à 33’41 »
8. Euskaltel-Euskadi (ESP) à 49’06 »
9. BMC Racing Team (USA) à 56’18 »
10. Team Katusha (RUS) à 58’02 »