Le Giro s’est véritablement lancé hier. Non pas que les favoris aient pris des initiatives de grande envergure, mais pour la première fois en une grosse semaine de compétition une étape a été haletante du début à la fin. Avec une course de mouvement à l’avant qui a souri à Gorka Izagirre (Movistar Team), vainqueur pour la première fois sur le Giro. Alors qu’attendre de l’étape aujourd’hui ? Tout simplement une première explication entre candidats au podium. Le redoutable Blockhaus présente un terrain de jeu idéal avec ses 13 kilomètres à près de 9 % de moyenne. Une face escaladée pour la première fois en course qui devrait en surprendre plus d’un, les reconnaissances ayant été compliquées par la présence de la neige il y a quelques semaines, bloquant le sommet.
Si le Blockhaus fait office de juge de paix, c’est la seule difficulté d’une journée qui ressemblera donc à une course de côte. Une chance pour l’échappée d’accumuler un maximum d’avance avant les derniers kilomètres abruptes. C’est ainsi que Matteo Busato (Wilier Trisetina-Selle Italia), Iljo Keisse (Quick-Step floors), Omar Fraile (Dimension Data), Marco Marcato (UAE Team Emirates), Matteo Montaguiti (Ag2r La Mondiale), Mads Pedersen (Trek-Segafredo), Luis-Leon Sanchez (Astana), Jan Tratnik (CCC Sprandi) et Alexey Tsatevich (Gazprom-Rusvelo) se trouvent quatre minutes devant le peloton. Avec trois coureurs en contre, à moins d’une minute, depuis quelques temps.
Tomasz Marczynski (Lotto-Soudal), Sacha Modolo (UAE Team Emirates) et Pierre Rolland (Cannodale-Drapac) sont sortis alors que les hommes de tête pointaient à 20 secondes. Mais ils se trouvent incapables de rentrer. C’est alors que l’équipe de… Pierre Rolland va rouler. Pour obliger les échappées à attendre leurs poursuivants au risque de condamner tout le monde. Action inhabituelle mais pleine de réussite, qui provoquera le regroupement en tête.
Les routes qui mènent à l’ascension finale sont en faux-plat montant. Ce n’est pas pour favoriser les échappés qui voient l’écart réduire dangereusement sous l’impulsion des Movistar, pour ne leur laisser aucune chance d’aller au bout. Et alors que le peloton ou ce qu’il en reste se présente au pied du Blockhaus, une moto de la police italienne mal garée sur le côté gauche de la route met plusieurs coureurs à terre. Dont Geraint Thomas (Team Sky) et Adam Yates (Orica-Scott), sérieux candidats au maillot rose. Les deux coureurs mettent longtemps à se relever et termineront à cinq minutes en fin de journée. Rageant tant c’est un fait de course qui ne devrait pas exister. Et qui relancera le débat sur les trop nombreuses motos qui suivent les coureurs. Même si celle-ci était censée assurer la sécurité.
La course ne s’arrête pourtant pas et Winner Anacona (Movistar Team) assure un tempo impressionnant en tête. Le Colombien fait même exploser le leader Bob Jungels (Quick-Step Floors) et seuls dix hommes arrivent encore à le suivre. Avant que son leader ne passe à l’attaque. Attendu par tous, Nairo Quintana (Movistar Team) n’est suivi que par Vincenzo Nibali (Bahrain-Merida) et Thibaut Pinot (FDJ). L’homme de Tunja accélère ensuite plusieurs fois, brutalement. Pour partir seul à quatre bornes du but et aller s’offrir un nouveau maillot rose, trois ans après sa victoire finale. Cette victoire lui permet de se positionner encore plus en grand favori.
Car derrière, seuls Thibaut Pinot et un Tom Dumoulin impressionnant (Team Sunweb) arrivent à moins de 30 secondes. On s’était pourtant pris à rêver lorsque le franc-comtois a attaqué Nibali. Mais le Sicilien était en train de craquer et lâchera une minute sur la ligne. Dumoulin, lui, est monté à son rythme de rouleur, sans changer de rythme. Ce qui lui a permis de finir dans la roue du Français et de se positionner parmi les prétendants avant le contre-la-montre de mardi, largement en sa faveur. Si des écarts étaient attendus, on y voit désormais beaucoup plus clair au général. Six coureurs seulement sont à moins de deux minutes. De quoi promettre de belles offensives dans les prochaines étapes de montagne. Car il ne faut plus attendre pour espérer détrôner Quintana, qui semble plus que solidement accroché à sa tunique rose. – Adrien Godard
Classement 9ème étape :
1. Nairo Quintana (COL, Movistar Team) les 152 km en 3h44’51 » (40,56 km/h)
2. Thibaut Pinot (FRA, FDJ) à 24 sec.
3. Tom Dumoulin (PBS, Team Sunweb) m.t.
4. Bauke Mollema (PBS, Trek-Segafredo) à 41 sec.
5. Vincenzo Nibali (ITA, Bahrain-Merida) à 1’00 »
6. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale) à 1’18 »
7. Tanel Kangert (EST, Astana) à 2’02 »
8. Ilnur Zakarin (RUS, Katusha-Alpecin) à 2’14 »
9. Sébastien Reichenbach (SUI, FDJ) à 2’28 »
10. Davide Formolo (ITA, Cannondale-Drapac) à 2’35 »
Classement général :
1. Nairo Quintana (COL, Movistar Team) en 42h06’09 »
2. Thibaut Pinot (FRA, FDJ) à 28 sec.
3. Tom Dumoulin (PBS, Team Sunweb) à 30 sec.
4. Bauke Mollema (PBS, Trek-Segafredo) à 51 sec.
5. Vincenzo Nibali (ITA, Bahrain-Merida) à 1’10 »
6. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale) à 1’28 »
7. Ilnur Zakarin (RUS, Katusha-Alpecin) à 2’28 »
8. Davide Formolo (ITA, Cannondale-Drapac) à 2’45 »
9. Andrey Amador (CST, Movistar Team) à 2’53 »
10. Steven Kruisjwijk (PBS, Team LottoNL-Jumbo) à 3’06 »