La nouvelle direction du Giro a pris soin d’équilibrer son tracé et de privilégier les week-ends pour s’engouffrer en montagne. Les deux premières étapes de montagne interviendront ainsi demain et après-demain, c’est plutôt bien vu pour le spectacle et la stratégie. Et qui dit montagne le samedi, dit contreforts le vendredi. En poursuivant sa descente de la péninsule italienne du côté de l’Adriatique, sur des routes fréquemment empruntées par Tirreno-Adriatico au passage, la course rose s’apprête à rencontrer aujourd’hui ses premières difficultés. L’épreuve est entrée dans les Marches, une région ensoleillée qui porte son nom à merveille. Tout au long de la sixième étape, entre Urbino et Porto Sant’Elpidio (210 km), il faudra gravir difficultés après difficultés. Quatre seulement feront l’objet d’un point chaud, quand on en franchira plus du double.
Ce n’est déjà plus vraiment le terrain de chasse des sprinteurs, qui passent la main pour trois jours, jusqu’à lundi au moins. Bien entendu, il leur restera des occasions de s’exprimer dans ce Giro. Et pourtant, les adeptes des sprints massifs ne seront plus au complet lorsque reviendra leur tour. Devenu l’ombre de lui-même cette saison, Thor Hushovd (BMC Racing Team) met pied à terre. Même sentence pour Romain Feillu (Vacansoleil-DCM), apparu affaibli hier déjà. Tyler Farrar (Garmin-Barracuda) aurait pu aller plus loin. Il est malheureusement victime d’une chute qui impose son arrêt précipité. Mark Cavendish (Team Sky) va quant à lui friser la correctionnelle, lâché en cours d’étape avec une poignée de coureurs dont le malheureux Taylor Phinney (BMC Racing Team). Ils rejoindront la ligne épuisés, une grosse demi-heure après le vainqueur et quelques petites secondes seulement avant le délai éliminatoire.
C’est que cette sixième étape est rude, accidentée on l’a dit, surchauffée aussi, et lancée sur les chapeaux de roue par quinze attaquants. Au kilomètre 19, à la faveur d’un départ endiablé (46,7 kilomètres couverts dans la première heure), quinze hommes représentant quatorze des vingt-deux formations s’échappent. Voici leurs noms : Aliaksandr Kuchynski et Gatis Smukulis (Team Katusha), Alfredo Balloni (Farnese Vini-Selle Italia), Jack Bauer (Garmin-Barracuda), Manuel Belletti (Ag2r La Mondiale), Cesare Benedetti (Team NetApp), Alexsandr Dyachenko (Astana), Michal Golas (Omega Pharma-Quick Step), Jens Keukeleire (Orica-GreenEdge), Pablo Lastras (Movistar Team), Adriano Malori (Lampre-ISD), Luke Roberts (Team Saxo Bank), Dominique Rollin (FDJ-BigMat), Miguel-Angel Rubiano (Androni Giocattoli) et Dennis Van Winden (Rabobank).
Ramunas Navardauskas fait l’élastique et finit par sauter définitivement.
On ne trouve guère d’équipe pour rouler derrière ce large groupe, dont l’avance dépasse les huit minutes et demie et qui peut bientôt bouleverser un classement général qui n’attend que cela. A la peine dès que la route s’élève, Ramunas Navardauskas (Garmin-Barracuda) est un Maillot Rose en péril. Il cède une première fois à mi-course mais revient à la faveur d’un ralentissement du peloton. Toute la journée, le Lituanien va faire l’élastique entre l’arrière du paquet et le ballet des voitures suiveuses. Les jambes sciées dès que le peloton passe en danseuse, Navardauskas finit par sauter définitivement à 35 kilomètres de l’arrivée. Lui aussi rejoindra tardivement la ligne d’arrivée de Porto Sant’Elpidio, un bon quart d’heure après le vainqueur du jour. Il y a un maillot à prendre. Et les attaquants se disent qu’ils ont certainement bien fait de prendre un ticket pour l’échappée du jour, qui raflera bel et bien tous les prix aujourd’hui.
Le groupe de tête s’égrène à mesure des difficultés. Alfredo Balloni, qui avait pris place à bord dans le but de défendre son maillot bleu de meilleur grimpeur, est éjecté bien avant les premières rampes du Tour d’Italie. C’est Miguel-Angel Rubiano, qui l’avait précisément accompagné dimanche dans leur échappée commune, qui voit s’offrir l’opportunité d’hériter de ce maillot distinctif. Le Colombien ne le cache pas. Il accélère dans toutes les bosses créditées de points au classement de la montagne. Et quand il se relève, il y a toujours moins de coureurs à rentrer sur lui. Bientôt, ils ne sont plus que quatre à ses côtés : Cesare Benedetti, Alexsandr Dyachenko, Michal Golas et Adriano Malori. Ce dernier est pressenti pour le maillot rose. Chacun y trouve décidément son compte. Le peloton, malgré un prompt retour dans le final, ne reviendra plus.
A 33 kilomètres de l’arrivée, il faut gravir le Montegranaro (1200 mètres à 13,8 %), un des multiples épouvantails placés sur la route des coureurs en direction du rivage adriatique. Miguel-Angel Rubiano s’échappe encore. Ses adversaires sont scotchés et, en l’espace d’un kilomètre ardu, le Colombien compte déjà plusieurs dizaines de secondes d’avance. Il prend le parti d’insister. Désormais, le voilà seul contre les derniers rescapés de l’échappée. Mais les organismes sont tellement entamés que le jeu s’en trouve équitable. Sans faillir, Miguel-Angel Rubiano résistera jusqu’au bout pour s’imposer après 190 kilomètres d’échappée. Adriano Malori règle le sprint des poursuivants 1’10 » plus tard pour s’emparer du maillot rose de leader d’un classement général finalement très peu remanié puisque le peloton principal termine l’étape avec un débours de 1’51 ». Les favoris ne sont qu’à quelques pas du maillot rose avant la montagne.
Demain samedi, la septième étape les propulsera aux avant-postes entre Recanati et Rocca di Cambio (205 km).
Classement 6ème étape :
1. Miguel-Angel Rubiano (COL, Androni Giocattoli) les 210 km en 5h38’30 » (37,2 km/h)
2. Adriano Malori (ITA, Lampre-ISD) à 1’10 »
3. Michal Golas (POL, Omega Pharma-Quick Step) m.t.
4. Alexsandr Dyachenko (KAZ, Astana) m.t.
5. Cesare Benedetti (ITA, Team NetApp) m.t.
6. Daryl Impey (AFS, Orica-GreenEdge) à 1’51 »
7. Filippo Pozzato (ITA, Farnese Vini-Selle Italia) m.t.
8. Fabio Sabatini (ITA, Liquigas-Cannondale) m.t.
9. Francisco-José Ventoso (ESP, Movistar Team) m.t.
10. Michal Kwiatkowski (POL, Omega Pharma-Quick Step) m.t.
Classement général :
1. Adriano Malori (ITA, Lampre-ISD) en 20h25’28 »
2. Michal Golas (POL, Omega Pharma-Quick Step) à 15 sec.
3. Ryder Hesjedal (CAN, Garmin-Barracuda) à 17 sec.
4. Miguel-Angel Rubiano (COL, Androni Giocattoli) à 30 sec.
5. Christian Vande Velde (USA, Garmin-Barracuda) à 32 sec.
6. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) à 36 sec.
7. Peter Stetina (USA, Garmin-Barracuda) à 37 sec.
8. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) à 39 sec.
9. Enrico Gasparotto (ITA, Astana) m.t.
10. Luke Roberts (AUS, Team Saxo Bank) à 41 sec.
Classement par points :
1. Matthew Goss (AUS, Orica-GreenEdge) 65 pt
2. Mark Cavendish (GBR, Team Sky) 53 pt
3. Miguel-Angel Rubiano (COL, Androni Giocattoli) 36 pt
4. Geraint Thomas (GBR, Team Sky) 26 pt
5. Taylor Phinney (USA, BMC Racing Team) 25 pt
-. Geoffrey Soupe (FRA, FDJ-BigMat) 25 pt
7. Adriano Malori (ITA, Lampre-ISD) 24 pt
-. Daniele Bennati (ITA, RadioShack-Nissan) 24 pt
-. Mark Renshaw (AUS, Rabobank) 24 pt
10. Arnaud Démare (FRA, FDJ-BigMat) 21 pt
Classement de la montagne :
1. Miguel-Angel Rubiano (COL, Androni Giocattoli) 24 pt
2. Michal Golas (POL, Omega Pharma-Quick Step) 16 pt
3. Cesare Benedetti (ITA, Team NetApp) 7 pt
4. Alfredo Balloni (ITA, Farnese Vini-Selle Italia) 6 pt
5. Pier-Paolo De Negri (ITA, Farnese Vini-Selle Italia) 3 pt
6. Adriano Malori (ITA, Lampre-ISD) 2 pt
-. Ramunas Navardauskas (LIT, Garmin-Barracuda) 2 pt
-. Brian Bulgac (PBS, Lotto-Belisol) 2 pt
9. Jack Bayer (NZL, Garmin-Barracuda) 1 pt
-. Alessandro De Marchi (ITA, Androni Giocattoli) 1 pt
Classement des jeunes :
1. Adriano Malori (ITA, Lampre-ISD) en 20h25’28 »
2. Peter Stetina (USA, Garmin-Barracuda) à 37 sec.
3. Michal Kwiatkowski (POL, Omega Pharma-Quick Step) à 41 sec.
4. Nelson Oliveira (POR, RadioShack-Nissan) à 43 sec.
5. Tanel Kangert (EST, Astana) à 46 sec.
6. Gatis Smukulis (LET, Team Katusha) à 47 sec.
7. Giampaolo Caruso (ITA, Liquigas-Cannondale) à 56 sec.
8. Cesare Benedetti (ITA, Team NetApp) à 1’02 »
9. Rigoberto Uran (COL, Team Sky) à 1’04 »
10. Simone Ponzi (ITA, Astana) à 1’16 »
Classement par équipes :
1. Garmin-Barracuda (USA) en 60h02’38 »
2. Omega Pharma-Quick Step (BEL) à 13 sec.
3. Astana (KAZ) à 24 sec.
4. BMC Racing Team (USA) à 36 sec.
5. RadioShack-Nissan (LUX) à 45 sec.
6. Team Sky (GBR) à 51 sec.
7. Team Saxo Bank (DAN) à 1’04 »
8. Liquigas-Cannondale (ITA) à 1’05 »
9. Team NetApp (ALL) à 1’10 »
10. Team Katusha (RUS) à 1’19 »