Col du Galibier. Le Tour d’Italie vient de vivre vingt-quatre heures de folie et la journée qui s’annonce ce dimanche pourrait être tout aussi dingue. Vendredi soir, le préfet de Savoie s’était prononcé contre le franchissement par la course rose du Mont Cenis et du Galibier, invitant les organisateurs à raboter l’étape et à tracer leur ligne d’arrivée aux Verneys, à la sortie de Valloire. Ces derniers n’ont rien voulu savoir. Jusqu’au bout, ils ont insisté pour que l’étape soit maintenue dans sa formule originelle. L’histoire dira tout à l’heure si elle leur donne raison, en attendant ils ont obtenu gain de cause hier à 20h00. Le peloton s’apprête donc à vivre une journée dantesque à travers la neige, le départ de Cesana Torinese étant maintenu, l’ascension du Mont Cenis aussi. Seule modification annoncée, la course ne se conclura pas au tunnel du Galibier mais aux Granges, devant la stèle Marco Pantani, 4,2 kilomètres plus bas.
Mauro Santambrogio. C’est une consécration qu’a obtenue Mauro Santambrogio (Vini Fantini-Selle Italia) hier en s’adjugeant une étape du Tour d’Italie. A Bardonèche, l’Italien a été le seul à pouvoir suivre Vincenzo Nibali dans les 2 derniers kilomètres d’ascension. « Quand Nibali a démarré j’ai réussi à le suivre. Betancur a résisté un moment mais nous avons placé deux nouvelles accélérations et nous l’avons distancé. Mon grand objectif était de gagner une étape, je suis heureux de l’avoir réussi au cours d’une journée importante comme celle-ci. Vincenzo Nibali et moi avons fait une bonne opération. Garder la roue d’un coureur comme lui, c’est le signe que je marche. Je suis 4ème du classement général à ce stade de la course, maintenant je vis au jour le jour, sans volonté de me fixer un objectif démesuré. »
Vincenzo Nibali. Passé à l’attaque à 2 kilomètres de l’arrivée à Bardonèche hier, le porteur du maillot rose Vincenzo Nibali (Astana) a gagné du temps sur tous ses adversaires, faisant seulement le sacrifice de la victoire d’étape (et de 8 secondes de bonification) à son unique compagnon d’échappée Mauro Santambrogio. « Je l’ai vu réagir quand j’ai attaqué, puis nous sommes restés tous les deux devant, a raconté Vincenzo Nibali sans trop s’attarder après la ligne d’arrivée. J’ai seulement pensé à prendre le plus de temps possible dans une étape rendue très stressante par la pluie, qui a tout rendu plus compliqué, en plus du froid. »
Cadel Evans. L’Australien Cadel Evans (BMC Racing Team) a préservé sa 2ème place au classement général mais a reculé, cédant 33 secondes à Vincenzo Nibali dans l’ascension vers Bardonèche. « Ce n’était pas ma meilleure journée, a estimé Evans. Concéder du temps à l’autre prétendant au classement général n’est certainement pas ce que je voulais. Je n’ai simplement pas pu répondre à l’attaque de Nibali. Je pense que ça a à voir avec les deux derniers jours. J’espère que c’était ma pire journée de montagne, sinon ce sera difficile de se battre pour la victoire. C’était vraiment une journée difficile pour tout le monde. Mais chacun fait de son mieux. » Avant la grande étape savoyarde, Cadel Evans accuse un retard de 1’26 » sur Vincenzo Nibali mais préserve 1’20 » d’avance sur Rigoberto Uran, son suivant.
Alessandro Vanotti. Le Maillot Rose Vincenzo Nibali (Astana) a perdu hier son premier gregario, Alessandro Vanotti ayant été victime d’une mauvaise chute sur les routes glissantes du Piémont. L’Italien a été contraint à l’abandon. Il souffre d’une luxation acromio-claviculaire. « Il va bien, a rassuré son directeur sportif Alexandr Shefer hier soir. La chute est survenue sous la pluie quand un coureur devant lui a heurté une barrière. Nous ne voulions pas perdre Alessandro mais le diagnostic est bon finalement. Et même s’il ne fait plus partie de la course il va rester avec nous jusqu’à la fin du Giro. Nous avons travaillé trop dur ensemble pour renvoyer qui que ce soit à la maison plus tôt que prévu ! » Enrico Battaglin (Bardiani Valvole-CSF Inox) n’a pas eu cette chance. Victime de la même chute, il souffre de deux côtes brisées et d’un pneumothorax mineur.
L’étape du jour :
15ème étape : Cesana Torinese-Col du Galibier (149 km). A force de braver les intempéries depuis le départ de Naples il y a deux semaines, le Giro a fini par croire qu’il pouvait défier les conditions climatiques les plus extrêmes. Et quand bien même la neige obstrue l’ascension du Galibier, qu’aucune épreuve cycliste n’a jamais franchi si tôt dans la saison, c’est bien là-haut (ou presque, à 4,2 kilomètres du sommet), que se conclura tout à l’heure une étape déjà mythique. Au départ de Cesana Torinese ce midi, les organisateurs entendent franchir le col du Mont Cenis (25,5 km à 6,3 %) puis du Télégraphe (11,8 km à 6,3 %) avant de s’attaquer à partir de Valloire à l’ascension du col du Galibier jusqu’aux Granges et à la stèle Marco Pantani. Une journée en Savoie qui promet d’être dantesque et de rentrer dans la légende.