C’était au troisième jour de l’édition dernière. Une descente à toute allure en direction de Rapallo, une chute comme il en arrive tant d’autres, et la Faucheuse qui attend là, au bord de la route. Mercredi, ça fera un an que Wouter Weylandt s’est tué dans la descente du Passo del Bocco, mais c’est aujourd’hui que l’organisation du Giro souhaitait honorer la mémoire du Belge. Les proches du disparu ont été conviés au Danemark pour une cérémonie émouvante. L’image des coureurs de RadioShack-Nissan, ex formation Leopard-Trek, rassemblés en rang sur la ligne de départ avec Tyler Farrar (Garmin-Barracuda), l’ami de Wouter Weylandt, ressasse des souvenirs émus au départ d’Horsens. Un portrait du regretté finisseur est lâché dans le ciel bleu, porté par quatre ballons roses. Certaines plaies au cœur ne s’effaceront jamais.
A l’émotion liée à cette commémoration succède le lancement de la troisième étape du Tour d’Italie. C’est la dernière sur le sol danois, du côté d’Horsens cette fois, avant que le peloton ne s’envole ce soir pour l’Italie, où le reste de la caravane le retrouvera mercredi pour la suite des réjouissances. Avant cela, il y a donc 190 kilomètres à parcourir. Deux grandes boucles autour de la cité danoise (45 kilomètres au sud puis 100 kilomètres au nord) précèdent un final en circuit puisque trois tours de 14,3 kilomètres concluront cette journée. Les enjeux sont strictement les mêmes que ceux d’hier, l’étape plus ou moins identique à celle de la veille, alors il faut s’attendre à vivre une journée en tous points semblable à celle vécue vingt-quatre heures plus tôt. Elle le sera. Avec son échappée matinale, son attaque de Lars-Ytting Bak (Lotto-Belisol), les déboires de Taylor Phinney (BMC Racing Team), un sprint massif et de nouveau une chute dramatique.
On reprend tout ça. Dans l’ordre, ce sont donc d’abord les attaquants du premier kilomètre qui se découvrent. Et comme dimanche, puisqu’il faut s’attendre à vivre un véritable copier-coller de la deuxième étape, Alfredo Balloni (Farnese Vini-Selle Italia) est dans la bonne. Cette fois, l’Italien a des intérêts à défendre puisqu’il s’est emparé hier du maillot de leader du classement de la montagne, passé du vert au bleu cette année, et qu’il compte bien aller chercher d’autres points à la faveur de l’unique ascension proposée. Il le fera, doublant son pécule au classement des grimpeurs. Mais quand deux coureurs l’accompagnaient hier, ils sont cinq cette fois : Mads Christensen (Team Saxo Bank), Reto Hollenstein (Team NetApp), Martijn Keizer (Vacansoleil-DCM), Ramunas Navardauskas (Garmin-Barracuda) et Miguel Minguez (Euskaltel-Euskadi).
Sa route coupée, Cavendish s’écrase brutalement au milieu de la chaussée.
Les six échappés du jour ne seront pas plus dangereux que ceux qui avaient occupé la tête une bonne partie de la journée d’hier. Le peloton prend garde à ne pas leur concéder plus de trois minutes et demie. Comme hier, Balloni, Christensen, Hollenstein, Keizer, Navardauskas et Minguez sont rejoints loin du but, à plus de 30 kilomètres de l’arrivée. Comme hier, le Danois Lars-Ytting Bak décide de combler les vides en s’isolant dans la dernière heure. Comme hier, l’attaquant local est rattrapé à une dizaine de kilomètres du but. Et comme hier, ce sont les trains des sprinteurs qui animent les derniers kilomètres qu’ils ont eu tout le loisir de bien repérer en passant trois fois sur la ligne d’arrivée avant l’explication finale. Pas de virage à 500 mètres du but cette fois-ci, mais une belle ligne droite, très large, qui déroule un tapis royal aux sprinteurs jusqu’à la ligne d’arrivée. Malheureusement les choses ne vont pas se passer comme prévu.
Au moment où Mark Cavendish (Team Sky), en retrait, a lancé le sprint dans le dos de ses principaux adversaires et commence sa remarquable remontée plein centre, il est coupé dans sa trajectoire par Roberto Ferrari (Androni Giocattoli). Le sprinteur italien, vainqueur de la Route Adélie et de la Flèche d’Emeraude le mois dernier, lui coupe la route à la recherche d’un passage plus dégagé. Le champion du monde ne peut pas éviter la collision avec la roue arrière de Ferrari, qu’il heurte. Ferrari ne chute pas mais ses rayons cassés ne lui permettront plus de sprinter. En revanche Cavendish s’écrase brutalement au milieu de la chaussée. Dans sa roue au moment du choc, Arnaud Démare (FDJ-BigMat) l’évite d’un cheveu. Elia Favilli (Farnese Vini-Selle Italia) saute quant à lui carrément par-dessus le coureur affalé. Tous n’auront pas cette veine.
Derrière, le vélo du champion du monde fait ricochet sur les balustrades et vient se mettre en travers de la route d’une poignée de coureurs dont fait partie Taylor Phinney (BMC Racing Team) ! Le Maillot Rose vole à son tour dans les barrières. Il se relèvera difficilement, principalement touché à la cheville droite, ce qui ne l’empêchera pas d’aller chercher sur le podium un maillot préservé qu’il aura sans doute bien du mal à défendre s’il est au départ mercredi… Ce nouveau carnage en ferait presque oublier le vainqueur du jour. Et pourtant Matthew Goss (Orica-GreenEdge), puisque c’est lui, a de quoi savourer un succès qui le fuyait depuis un an. Il met fin à une série interminable de 2èmes places (sur le Tour de France, au Championnat du Monde, quatre fois sur le récent Tour de Turquie et jusqu’hier à Herning). Et le voilà replacé dans la perspective du maillot rose après le chrono de Vérone. Arnaud Démare, lui, se classe 4ème.
Demain, c’est repos, le temps que chacun effectue le transfert jusqu’à Vérone, où le Giro se poursuivra mercredi avec le contre-la-montre par équipes (32,2 km).
Classement 3ème étape :
1. Matthew Goss (AUS, Orica-GreenEdge) les 190 km en 4h20’53 » (44,2 km/h)
2. Juan-José Haedo (ARG, Team Saxo Bank) m.t.
3. Tyler Farrar (USA, Garmin-Barracuda) m.t.
4. Arnaud Démare (FRA, FDJ-BigMat) m.t.
5. Mark Renshaw (AUS, Rabobank) m.t.
6. Thor Hushovd (NOR, BMC Racing Team) m.t.
7. Alexander Kristoff (NOR, Team Katusha) m.t.
8. Romain Feillu (FRA, Vacansoleil-DCM) m.t.
9. Fumiyuki Beppu (JAP, Orica-GreenEdge) m.t.
10. Andrea Guardini (ITA, Farnese Vini-Selle Italia) m.t.
Classement général :
1. Taylor Phinney (USA, BMC Racing Team) en 9h24’31 »
2. Geraint Thomas (GBR, Team Sky) à 9 sec.
3. Alex Rasmussen (DAN, Garmin-Barracuda) à 13 sec.
4. Manuele Boaro (ITA, Team Saxo Bank) à 15 sec.
5. Ramunas Navardauskas (LIT, Garmin-Barracuda) à 18 sec.
6. Gustav-Erik Larsson (SUE, Vacansoleil-DCM) à 22 sec.
7. Brett Lancaster (AUS, Orica-GreenEdge) à 23 sec.
8. Matthew Goss (AUS, Orica-GreenEdge) m.t.
9. Marco Pinotti (ITA, BMC Racing Team) à 24 sec.
10. Jesse Sergent (NZL, RadioShack-Nissan) à 26 sec.
Classement par points :
1. Matthew Goss (AUS, Orica-GreenEdge) 45 pt
2. Tyler Farrar (USA, Garmin-Barracuda) 30 pt
3. Mark Cavendish (GBR, Team Sky) 28 pt
4. Geraint Thomas (GBR, Team Sky) 26 pt
5. Taylor Phinney (USA, BMC Racing Team) 25 pt
6. Mark Renshaw (AUS, Rabobank) 22 pt
7. Alex Rasmussen (DAN, Garmin-Barracuda) 21 pt
8. Juan-José Haedo (ARG, Team Saxo Bank) 20 pt
-. Geoffrey Soupe (FRA, FDJ-BigMat) 20 pt
10. Thor Hushovd (NOR, BMC Racing Team) 19 pt
Classement de la montagne :
1. Alfredo Balloni (ITA, Farnese Vini-Selle Italia) 6 pt
2. Ramunas Navardauskas (LIT, Garmin-Barracuda) 2 pt
-. Miguel-Angel Rubiano (COL, Androni Giocattoli) 2 pt
4. Olivier Kaisen (BEL, Lotto-Belisol) 1 pt
-. Miguel Minguez (ESP, Euskaltel-Euskadi) 1 pt
Classement des jeunes :
1. Taylor Phinney (USA, BMC Racing Team) en 9h24’31 »
2. Manuele Boaro (ITA, Team Saxo Bank) à 15 sec.
3. Ramunas Navardauskas (LIT, Garmin-Barracuda) à 18 sec.
4. Jesse Sergent (NZL, RadioShack-Nissan) à 26 sec.
5. Nelson Oliveira (POR, RadioShack-Nissan) à 27 sec.
6. Michal Kwiatkowski (POL, Omega Pharma-Quick Step) à 29 sec.
7. Giacomo Nizzolo (ITA, RadioShack-Nissan) à 32 sec.
8. Julien Vermote (BEL, Omega Pharma-Quick Step) à 33 sec.
9. Adriano Malori (ITA, Lampre-ISD) m.t.
10. Tanel Kangert (EST, Astana) à 36 sec.
Classement par équipes :
1. Garmin-Barracuda (USA) en 28h14’36 »
2. BMC Racing Team (USA) m.t.
3. Orica-GreenEdge (AUS) à 20 sec.
4. RadioShack-Nissan (LUX) à 22 sec.
5. Team Sky (GBR) à 26 sec.
6. Vacansoleil-DCM (PBS) à 30 sec.
7. Omega Pharma-Quick Step (BEL) m.t.
8. Astana (KAZ) à 38 sec.
9. Liquigas-Cannondale (ITA) à 39 sec.
10. Team Saxo Bank (DAN) à 42 sec.