L’année passée, peu de suiveurs auraient mis Tom Dumoulin (Team Sunweb) dans la liste des favoris. Pourtant, le Néerlandais avait surpris son monde en montagne et repris le maillot rose à Nairo Quintana (Movistar Team) le dernier jour. Mais peut-être aurait-il été placé dans la liste des outsiders avant l’épreuve, d’où l’importance de s’intéresser à ceux qui pourraient créer un séisme en terre romaine dans trois semaines. Le premier, Esteban Chaves (Mitchleton-Scott), aurait pu être placé plus haut. Deuxième de l’épreuve et proche de la victoire en 2016, il termina cette même année troisième de la Vuelta. Mais sa saison 2017 décevante et son début d’année 2018 marqué par un abandon sur le Tour de Catalogne et une arrivée hors-délais sur Paris-Nice ne donnent que très peu d’espoirs au Colombien pour briller sur le Giro. Mais attention tout de même, le talent peut toujours frapper. De plus, il partagera le leadership avec Simon Yates (Mitchelton-Scott), qui sera un autre outsider à surveiller de près.
De talent, le jeune Davide Formolo (Bora-Hansgrohe) n’en manque pas. Vainqueur précoce, à 22 ans, d’une étape sur les routes du Giro 2015, le Transalpin a progressé lentement chez Cannondale. Son arrivée dans l’équipe de Peter Sagan pourrait le transformer, en atteste sa 7ème place sur Liège-Bastogne-Liège. Giulio Ciccone (Bardiani-CSF) est presque dans le même cas, avec deux ans de moins. Vainqueur d’étape en 2016, il pourrait cette année viser une belle place au général. Ses 58 kilos pourraient le hisser très haut dans les cols et à 23 ans cela semble être le moment. Il paraissait dans le coup sur le Tour des Alpes et pourrait viser un top 10 à Rome. Ce qui serait tout de même une belle surprise.
De tous les outsiders, Domenico Pozzovivo (Bahrain-Merida) est de loin le plus vieux, du haut de ses 35 ans. Celui qui va participer à sa 17ème course de trois semaines n’a pourtant jamais fait mieux que cinquième au général, et seule une étape du Giro en 2012 l’a vu lever les bras sur un Grand Tour. Deuxième du Tour des Alpes derrière Thibaut Pinot (Groupama-FDJ), il est en forme et a même mieux finit – 5ème – que son leader Vincenzo Nibali sur la Doyenne. Seulement les vingt-et-une étapes risquent de peser dans les jambes de l’ancien d’Ag2r La Mondiale, pour qui un podium aurait des goûts d’immense victoire. Ce serait également le cas pour Ben Hermans (Israël Cycling Academy), qui semble trouver une seconde jeunesse depuis sa bonne saison 2017. Son transfert en Israël lui permet d’être leader, mais ses 72 kilos risquent de peser lourd en sa défaveur dans des pentes comme le Zoncolan et lorsque les cols vont s’enchaîner.
Le dernier outsider à ajouter à cette liste pourrait être Louis Meintjes (Dimension Data). Deux fois 8ème du Tour de France, le Sud-Africain est de retour dans l’équipe qui l’a fait passer professionnel et découvrira les routes du Giro. Seulement, il ne semble pas encore dans le bon rythme cette saison. Jamais dans les dix premiers d’une course, il a terminé le Tour des Alpes loin des autres leaders, en vingtième position. Mais sa force, c’est d’être à son meilleur niveau en troisième semaine. Et la concurrence plus faible sur ce Tour d’Italie que sur les deux derniers Tour de France pourrait profiter à l’ancien de la Lampre, qui rentre à 26 ans dans, espérons le pour lui, ses plus belles années. – Adrien Godard