Des occasions de jouer des coudes dans ce Tour d’Italie, les purs sprinteurs n’en ont pas cochées des masses. L’Italie est un terrain miné de routes abruptes, les organisateurs sont d’ailleurs friands de leur exploration, et rares sont les opportunités ouvertement adressées aux finisseurs. Il y avait eu l’étape inaugurale à Naples samedi dernier. Il y aura l’étape finale à Brescia dans une bonne quinzaine de jours. Et entre les deux il y a cette sixième étape, dessinée dans les Pouilles, entre Mola di Bari et Margherita di Savoia (169 km). Une courte étape le long de la mer Adriatique, saluée par le retour d’un franc soleil, et sur laquelle l’attention est appelée à retomber avant des journées beaucoup plus capitales, ne serait-ce que ce week-end avec le contre-la-montre de Saltara samedi et un passage semi-montagneux dans les Apennins dimanche.
En ce jour de l’Ascension, c’est donc… le plat qui est à l’honneur de l’étape du jour. De quoi inspirer deux bons rouleurs comme Jack Bobridge (Blanco) et Cameron Wurf (Cannondale), qu’on avait déjà vu longuement échappé samedi dernier au moment de l’ouverture du Giro. Les deux Australiens font leur trou en tête de course peu après le départ. Sur les rives adriatiques, ils creusent l’écart qui se chiffre à 6’25 » après une trentaine de kilomètres. Ce sera le maximum que le peloton accordera aux deux attaquants du jour, la poursuite étant rapidement engagée pour assurer aux sprinteurs de ne pas se faire voler la vedette aussi gauchement sur leur terrain de chasse. Aussi, à 36 kilomètres de l’arrivée, avant un premier passage du peloton sur la ligne d’arrivée, le regroupement intervient.
A Margherita di Savoia, les organisateurs ont eu la bonne idée d’offrir aux sprinteurs et à leurs équipiers une occasion de prendre leurs marques dans une dernière ligne droite de 1500 mètres ! Dans le cadre d’un circuit de 16,6 kilomètres à effectuer deux fois, le peloton bénéficiera de deux passages préliminaires sur la ligne blanche avant l’explication entre les sprinteurs, la seconde de ce Giro si l’on tient compte de l’absence de Mark Cavendish (Omega Pharma-Quick Step) hier dans un rush complètement faussé par la chute intervenue peu avant la flamme rouge. De chute, il va encore en être question aujourd’hui. Au premier passage sur la ligne à 33 kilomètres du but, alors que tout le monde veut prendre ses repères, c’est l’accrochage en milieu de paquet, ce qui génère un embouteillage conséquent et pénalise la moitié du peloton.
Et soudain, la route se ferme devant Bradley Wiggins !
Ceux qui portent le statut de favori prennent soin de rouler en première classe, à l’avant du groupe. Ils ont échappé à la brutale sélection. Tous, sauf Bradley Wiggins (Team Sky), victime d’un malheureux concours de circonstances. Peu avant l’incident qui marquera le final de cette étape, le Londonien a dû s’arrêter sur le bas-côté pour changer de vélo. Ramené sur l’arrière du peloton par quatre équipiers, il opère la jonction au moment précis où la route se ferme devant lui. Bloqué comme tant d’autres, il repart avec une grosse minute de handicap sur une première partie de peloton qui s’interroge, temporise un temps, relance ensuite. Pour colmater la brèche, les Sky ne feront pas semblant, mais ils ramèneront tous les retardataires au prix de gros efforts à une vingtaine de kilomètres du but.
Décidément, le Giro ne permet pas le moindre relâchement. Bradley Wiggins l’apprend à ses dépens – il avait perdu 17 secondes mardi sur une cassure survenue dans le final mouillé vers Serra San Bruno – mais il apprend vite. Aussitôt rentré dans le peloton après une chasse d’une grosse douzaine de kilomètres, le champion est replacé en tête de file. Il s’y maintiendra jusqu’à l’approche du sprint, prenant même la précaution de prendre la tête à 3 kilomètres de l’arrivée pour emmener l’ensemble des concurrents du Giro sur un bon kilomètre, à commencer par les sprinteurs qui luttent déjà pour les meilleures places avant le rush. Quand Wiggins se relève enfin, les finisseurs peuvent entrer en scène. Tous les gros bras, sans exception, seront cette fois opposés dans la splendide ligne droite finale.
Trop juste hier pour accompagner le peloton après l’ascension de Montescaglioso, Mark Cavendish est de retour aux affaires. Le premier Maillot Rose de cette édition est emmené à la perfection par ses coéquipiers. Son sprint est parfait, l’effort porté au moment le plus opportun, et c’est en triomphateur, une fois de plus, que l’homme aux plus de 101 victoires déboule vers la ligne d’arrivée. Il prive de la victoire Elia Viviani (Cannondale), Matthew Goss (Orica-GreenEdge) et le champion de France Nacer Bouhanni (FDJ), auteur d’un rush endiablé dans les derniers décamètres mais malheureusement enfermé à l’approche du sprint. C’est dit, tant qu’il sera là, Mark Cavendish ne laissera rien aux autres sprinteurs. Luca Paolini (Team Katusha), quant à lui, conserve le maillot rose au classement général.
Demain vendredi, la septième étape reliera San Salvo à Pescara (177 km).
Classement 6ème étape :
1. Mark Cavendish (GBR, Omega Pharma-Quick Step) les 169 km en 3h56’03 » (43,0 km/h)
2. Elia Viviani (ITA, Cannondale) m.t.
3. Matthew Goss (AUS, Orica-GreenEdge) m.t.
4. Nacer Bouhanni (FRA, FDJ) m.t.
5. Mattia Gavazzi (ITA, Androni Giocattoli) m.t.
6. Manuel Belletti (ITA, Ag2r La Mondiale) m.t.
7. Davide Appollonio (ITA, Ag2r La Mondiale) m.t.
8. Giacomo Nizzolo (ITA, RadioShack-Leopard) m.t.
9. Matti Breschel (DAN, Team Saxo-Tinkoff) m.t.
10. Roberto Ferrari (ITA, Lampre-Merida) m.t.
Classement général :
1. Luca Paolini (ITA, Team Katusha) en 23h53’42 »
2. Rigoberto Uran (COL, Team Sky) à 17 sec.
3. Beñat Intxausti (ESP, Movistar Team) à 26 sec.
4. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) à 31 sec.
5. Ryder Hesjedal (CAN, Garmin-Sharp) à 34 sec.
6. Bradley Wiggins (GBR, Team Sky) m.t.
7. Giampaolo Caruso (ITA, Team Katusha) à 36 sec.
8. Sergio-Luis Henao (COL, Team Sky) à 37 sec.
9. Mauro Santambrogio (ITA, Vini Fantini-Selle Italia) à 39 sec.
10. Cadel Evans (Aus, BMC Racing Team) à 42 sec.
Classement par points :
1. Mark Cavendish (GBR, Omega Pharma-Quick Step) 58 pt
2. Elia Viviani (ITA, Cannondale) 52 pt
3. Luca Paolini (ITA, Team Katusha) 35 pt
4. Nacer Bouhanni (FRA, FDJ) 31 pt
5. John Degenkolb (ALL, Argos-Shimano) 30 pt
6. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) 30 pt
7. Matthew Goss (AUS, Orica-GreenEdge) 28 pt
8. Enrico Battaglin (ITA, Bardiani Valvole-CSF Inox) 25 pt
9. Giacomo Nizzolo (ITA, RadioShack-Leopard) 25 pt
10. Cameron Wurf (AUS, Cannondale) 24 pt
Classement de la montagne :
1. Giovanni Visconti (ITA, Movistar Team) 14 pt
2. Stefano Pirazzi (ITA, Bardiani Valvole-CSF Inox) 11 pt
3. Robinson Chalapud (COL, Colombia) 9 pt
4. Willem Wauters (BEL, Vacansoleil-DCM) 9 t
5. Danilo Di Luca (ITA, Vini Fantini-Selle Italia) 5 pt
6. Manuele Boarao (ITA, Team Saxo-Tinkoff) 5 pt
7. Cameron Wurf (AUS, Cannondale) 3 pt
8. Fabio Aru (ITA, Astana) 3 pt
9. Guillaume Bonnafond (FRA, Ag2r La Mondiale) 3 pt
10. Patrick Gretsch (ALL, Argos-Shimano) 3 pt
Classement des jeunes :
1. Fabio Aru (ITA, Astana) en 23h53’57 »
2. Rafal Majka (POL, Team Saxo-Tinkoff) à 19 sec.
3. Carlos-Alberto Betancur (COL, Ag2r La Mondiale) à 26 sec.
4. Wilco Kelderman (PBS, Blanco) à 1’06 »
5. Diego Rosa (ITA, Androni Giocattoli) à 1’09 »
6. Francesco-Manuel Bongiorno (ITA, Bardiani Valvole-CSF Inox) à 1’40 »
7. Darwin Atapuma (COL, Colombia) à 1’44 »
8. Enrico Battaglin (ITA, Bardiani Valvole-CSF Inox) à 1’52 »
9. Fabio Felline (ITA, Androni Giocattoli) à 3’56 »
10. Stefano Locatelli (ITA, Bardiani Valvole-CSF Inox) à 7’54 »
Classement par équipes :
1. Team Katusha (RUS) en 70h55’00 »
2. Team Sky (GBR) à 24 sec.
3. Astana (KAZ) à 45 sec.
4. BMC Racing Team (USA) à 1’19 »
5. Garmin-Sharp (USA) à 1’48 »
6. Blanco (PBS) à 2’25 »
7. Movistar Team (ESP) à 2’27 »
8. Lampre-Merida (ITA) à 3’30 »
9. Vini Fantini-Selle Italia (ITA) à 3’31 »
10. Androni Giocattoli (ITA) à 4’04 »