2008. Il faut remonter au Giro 2008 et à l’arrivée à l’Alpe di Pampeago pour trouver une première étape de haute montagne si tardive dans le parcours du Tour d’Italie. En plaçant la première véritable étape pour grimpeurs au quatorzième jour de course, les organisateurs du Giro ont rompu avec le schéma classique des trois dernières années. Une stratégie qui a pour but de préserver le suspense pour les tous derniers jours de course. Pour l’instant, cette stratégie s’avère payante puisqu’après deux semaines de compétition, aucun nom ne semble véritablement sortir du lot. Le Maillot Rose s’est retrouvé sur cinq épaules différentes depuis le début du Giro et les écarts sont resserrés en tête de classement. Hormis Mikel Nieve (Euskaltel-Euskadi) qui compte déjà 3’35 » de retard sur Rodriguez (Team Katusha), tous les outsiders ont passé sans encombre les pièges des deux premières semaines.
Alors, cette étape entre Cherasco et Cervinia tombe à pic pour mettre un grand coup de balai au classement général. 205 kilomètres de course, deux cols de première catégorie, une arrivée au sommet et même une météo capricieuse. Les ingrédients semblent réunis pour assister à une bagarre entre les grands noms de ce Giro. Certes, les deux cols programmés ne présentent pas de pourcentages à deux chiffres – désormais communs sur ce grand Tour – mais ils ont la particularité d’être très longs, comme tout col Alpin qui se respecte. 22 kilomètres pour le col de Joux, 27 pour la montée vers Cervinia. Suffisamment long pour repousser à plusieurs minutes les coureurs défaillants.
Mais comme en miroir au parcours du Giro, il faut attendre le dernier tiers de l’étape pour voir les coureurs prendre de l’altitude. Ainsi la première partie de l’étape, toute plate, se dispute à vive allure : plus de 50 km/h de moyenne sur la première heure. Une échappée parvient tout de même à se dessiner au kilomètre 70. Huit hommes sont à l’avant : Amador (Team Movistar), Barta (Team NetApp), Montaguti (Ag2r La Mondiale), Maes (Omega Pharma-Quick Step), Oliveira (RadioShack-Nissan), De Marchi (Androni Giocatolli), Kaisen (Lotto-Belisol) et De Negri (Farnese Vini-Selle Italia). Aucun de ces coureurs n’est dangereux pour le classement général, alors le peloton laisse filer. Le peloton lâche même beaucoup de lest puisqu’à 60 bornes de l’arrivée, l’échappée possède plus de 12 minutes d’avance…
La bagarre tant attendue aura bien lieu, mais du côté des échappés.
Arrive alors le col de Joux et ses 22,7 kilomètres. Le premier contact avec la haute montagne de ce Giro. Pour autant, le petit plateau n’est pas forcément indispensable étant donné les pentes à 5 %. Plutôt que de la route, la difficulté vient davantage du ciel. Une pluie fine s’abat sur le Giro et la température dépasse timidement les 5 degrés celsius avec l’altitude. Donc forcément, l’échappée prend l’eau. Jan Barta semble le plus à l’aise et lâche ses compagnons. Seuls De Marchi et Amador parviennent à limiter la casse. Ils passent avec une trentaine de secondes de retard sur le Tchèque au sommet. Derrière, le peloton n’exploite pas le col de Joux pour commencer la grande sélection. L’offensive de José Rujano (Androni Giocatolli) et Damiano Cunego (Lampre-ISD) n’affole même pas la Liquigas-Cannondale qui n’accélère pas le tempo.
Dans la descente, Jan Barta est fébrile. Sur une route détrempée il fait de nombreuses erreurs de trajectoires. Logiquement, il est revu par le Costa Ricain Amador qui, lui, prend tous les risques. Le scénario est le même au deuxième échelon de la course puisque Rujano, qui avait lâché Cunego au sommet, se fait déposer par l’Italien dès les premiers hectomètres de descente. Le peloton, quant à lui, navigue à environ neuf minutes d’Amador qui aborde seul les premières pentes vers la Cervinia. Mais ce col est atrocement long et irrégulier. Si De Marchi parvient à revenir sur le coureur de la Movistar sur une partie plus roulante, Barta profite des passages à 8% pour se refaire une santé et rejoindre la tête de la course à six kilomètres de l’arrivée. Le trio compte alors plus de cinq minutes d’avance sur un peloton longtemps resté amorphe mais qui reprend néanmoins Rujano et Cunego.
En effet, ceux qui attendaient cette étape pour voir les favoris en découdre peuvent être déçus. Plus de soixante coureurs composent le peloton au moment d’aborder l’ultime difficulté. Le train de la Liquigas-Cannondale peine à se mettre en marche. Il faut attendre la banderole des dix derniers kilomètres et le relais de Damiano Caruso pour enfin assister à un premier écrémage. Mais comme prévu, c’est Sylvester Szmyd qui lance véritablement le début des hostilités à six bornes de l’arrivée. Peu après son relais, Mikel Nieve (Euskaltel-Euskadi) passe à l’attaque suivi de Ryder Hesjedal (Garmin-Barracuda). Le Canadien est impressionnant et fait rapidement le trou. Inquiet, Joaquim Rodriguez lui-même tente de le rejoindre. En vain. Alors qu’Amador rapporte au Costa Rica la première victoire sur un Giro, Hesjedal s’arrache pour retrouver un Maillot Rose cédé à Assise mardi dernier. Pari réussi puisqu’il termine avec 26 secondes d’avance sur ses principaux concurrents.
Demain, la quinzième étape fait la liaison entre Busto Arsizio et Leco/Pian Dei Resinelli avec une nouvelle arrivée au sommet.
Classement 14ème étape :
1. Andrey Amador (CRC, Team Movistar) les 205 km en 5h33’36 »
2. Jan Barta (TCH; Team NetApp) m.t.
3. Alessandro De Marchi (ITA, Androni Giocattoli) à 2 sec.
4. Ryder Hesjedal (CAN, Garmin-Barracuda) à 20 sec.
5. Paolo Tiralongo (ITA, Astana) à 46 sec.
6. Rigoberto Uran (COL, Team Sky) m.t.
7. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) m.t.
8. Thomas De Gendt (BEL, Vacansoleil-DCM) m.t.
9. Michele Scarponi (ITA, Lampre-ISD) m.t.
10. John Gadret (FRA, Ag2r La Mondiale) m.t.
Classement général :
1. Ryder Hesjedal (CAN, Garmin-Barracuda) en 59h55’28 »
2. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) à 9 sec.
3. Paolo Tiralongo (ITA, Astana) à 41 sec.
4. Sandy Casar (FRA, FDJ-BigMat) à 1’05 »
5. Ivan Basso (ITA, Liquigas-Cannondale) à 1’06 »
6. Roman Kreuziger (TCH, Astana) à 1’07 »
7. Benat Intxausti (ESP, Team Movistar) m.t.
8. Rigoberto Uran (COL, Team Sky) à 1’19 »
9. Michele Scarponi (ITA, Lampre-ISD) à 1’20 »
10. Domenico Pozzovivo (ITA, Colnago-CSF Bardiani) à 1’21 »
Classement par points :
1. Mark Cavendish (GBR, Team Sky) 106 pt
2. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) 64 pt
3. Domenico Pozzovivo (ITA, Colnago-CSF Bardiani) 53 pt
4. Andrey Amador (CRC, Team Movistar) 52 pt
5. Ryder Hesjedal (CAN, Garmin-Barracuda) 50 pt
6. Alexander Kristoff (NOR, Team Katusha) 49 pt
7. Martijn Keizer (PBS, Vacansoleil-DCM) 48 pt
8. Paolo Tiralongo (ITA, Astana) 43 pt
9. Miguel-Angel Rubiano (COL, Androni Giocattoli) 36 pt
10. Manuel Belleti (ITA, Ag2r La Mondiale) 33 pt
Classement de la montagne :
1. Michal Golas (POL, Omega Pharma-Quick Step) 34 pt
2. Jan Barta (TCH, Team NetApp) 24 pt
-. Miguel-Angel Rubiano (COL, Androni Giocattoli) 24 pt
4. Andrey Amador (CRC, Team Movistar) 22 pt
5. Alessandro De Marchi (ITA, Androni Giocatolli) 15 pt
6. Paolo Tiralongo (ITA, Astana) 11 pt
7. Domenico Pozzovivo (ITA, Colnago-CSF Bardiani) 9 pt
-. Jan Bakelants (BEL, RadioShack-Nissan) 9 pt
9. Olivier Kaisen (BEL, Lotto-Belisol) 7 pt
-. Cesare Benedetti (ITA, Team NetApp) 7 pt
Classement des jeunes :
1. Rigoberto Uran (COL, Team Sky) en 59h56’47 »
2. Sergio-Luis Henao (COL, Team Sky) à 20 sec.
3. Damiano Caruso (ITA, Liquigas-Cannondale) à 1’37 »
4. Peter Stetina (USA, Garmin-Barracuda) à 1’47 »
5. Gianluca Brambilla (ITA, Colnago-CSF Bardiani) à 2’18 »
6. Tom-Jelte Slagter (PBS, Rabobank) à 2’27″ »
7. Diego Ulissi (ITA, Lampre-ISD) à 4’31 »
8. Tanel Kangert (EST, Astana) à 13’41 »
9. Stefano Pirazzi (ITA, Colnago-CSF Bardiani) à 28’01 »
10. Fabio Felline (ITA, Androni Giocattoli) à 32’33 »
Classement par équipes :
1. Team Movistar (ESP) en 178h32’01 »
2. Astana (KAZ) à 5’19 »
3. Liquigas-Cannondale (ITA) à 5’55 »
4. Lampre-ISD (ITA) à 6’54 »
5. Vacansoleil-DCM (PBS) à 7’41 »
6. Garmin-Barracuda (USA) à 7’59 »
7. Androni Giocattoli (ITA) à 8’05 »
8. BMC Racing Team (USA) à 9’05 »
9. Euskaltel-Euskadi (ESP) à 14’19 »
10. RadioShack-Nissan (USA) à 17’56 »