Van Rysel, c’est tout simplement la naissance d’une marque. Est-ce que vous pouvez vous présenter ?
– Alexandre Chenivesse, je suis dialogue leader chez Van Rysel.
© Victorien Floury
Depuis combien de temps réfléchissez-vous à ce projet ?
– Ça fait une grosse année que l’on travaille sur ce projet avec toute l’équipe, et une agence de communication pour nous accompagner sur le choix du nom de la marque.
Vous avez travaillé avec une nouvelle agence ou une agence avec laquelle vous avez l’habitude de travailler pour le groupe ?
– On a choisi une agence spécialisée dans le nom de marque pour ce projet.
La traduction de « Van Rysel », c’est « de Lille », parce que vous êtes de Lille.
– C’est quelque chose qui nous a paru naturel finalement : nos équipes de développement, nos ingénieurs, nos designers, toutes nos équipes sont basées à Lille depuis l’origine de la marque de Décathlon. Cela fait 40 ans que l’entreprise existe et qu’elle est basée à Lille. Nos usines de production et d’assemblage de vélos sont à Lille, nos zones de test, tout se fait là-bas donc ça nous a paru évident que l’on ait cette consonance, et même mieux : cette consonance flandrienne, pour notre marque.
© Victorien Floury
Pourquoi pas « De Lille » alors, puisque vous êtes d’essence française ?
– On est une marque internationale, à partir de là tous les noms étaient possibles, mais finalement « Van Rysel », ici à Lille tout le monde sait ce que cela veut dire. L’accueil du public est très bon par rapport à ça.
Mais sorti de Lille, les gens ne savent pas que « Rysel » ça veut dire « Lille » …
– Oui, mais tout le monde ne connaît pas chaque signification de nom de marque. Par exemple, Origine, qui est une marque du Nord, personne ne sait que c’est une marque du Nord.
On voit que vous n’avez pas de logo associé à Van Rysel, c’est volontaire ?
– Il y a un petit logo qui existe quand même, qui est un petit lion des Flandres, qui est présent sur certains vélos ou produits, spécialement dessiné par notre designer Marco.
On est ici en Belgique, en zone flamande, on sait le particularisme politique qui existe ici : vous n’avez pas peur d’être associé politiquement avec le lion des Flandres ?
– Non, pas du tout, on ne s’est pas posé cette question-là. Pour nos clients et tous les gens qui sont là depuis deux jours, les retours sont plutôt très positifs. Ce n’est pas quelque chose qui est ostentatoire, d’ailleurs le lion des Flandres apparaissait déjà lorsque ça s’appelait B’Twin.
On parlait tout à l’heure de la genèse et du calendrier, quelles ont été les grandes étapes du développement de cette marque ?
– Dans ce travail de développement, on a d’abord fait un benchmark avec une agence, on a travaillé avec un petit comité et il y a eu beaucoup d’idées, de noms, et puis on a fonctionné par entonnoir pour choisir, et ensuite il y a l’étape de validation juridique puisqu’il ne fallait pas qu’il y ait déjà une entreprise qui ait ce nom. Quand on a eu le nom, nos équipes ont pu travailler toute l’année 2018 à la préparation de ce lancement : les nouvelles tenues, les nouvelles chaussures, les nouveaux casques, les nouveaux vélos…
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Cela veut dire que dans l’univers Décathlon, Van Rysel va remplacer B’Twin ?
– B’Twin a toujours existé chez Décathlon et va plutôt être associée aux enfants, au vélo « débutant », à l’étape où l’on a juste un vélo avant de se spécialiser dans un sport et de choisir un VTT ou un vélo de route par exemple.
Cela veut dire que dans l’univers des marques que vous avez, vous gardez Triban pour la partie « cyclotourisme », Rockrider pour la partie VTT, vous allez avoir B’Twin pour la partie enfants, et cette marque, Van Rysel, va être dédiée plutôt au « haut de gamme », c’est ça ?
– Plutôt aux cyclosportifs. Triban c’est la marque qui va accompagner le pratiquant cyclotourisme, et le cyclosport, que ce soit au niveau des débutants ou des confirmés ou compétiteurs, ça sera Van Rysel.
Van Rysel, il y aura donc des vélos de route évidemment, et qu’est-ce qu’il y aura d’autre ? Des chaussures, des casques, et quoi d’autre ?
– On aura tout l’équipement, de la tête aux pieds, été comme hiver, sur pratique route, mais également dans le futur on aura aussi le cyclocross, le contre-la-montre : tout l’univers de vélo de route.
Il y aura déjà une gamme de textile pour le printemps prochain ?
– Dès l’implantation dans nos magasins au mois de mars, tout le textile sera en Van Rysel. Il est déjà présent sur le stand et on est déjà prêt à livrer les magasins.
On parlait tout à l’heure de l’international, vous êtes présents dans le monde entier, est-ce qu’il y aura des déclinaisons, des coloris, au niveau du textile, selon les pays, ou bien ce sera uniforme ?
– On a huit versions proposées sur nos panoplies textiles, donc un large choix, et chaque pays va choisir des coloris sur ce catalogue qu’on leur propose en fonction des appétences du pays, des souhaits des consommateurs, etc. Afin de permettre au plus grand nombre de bénéficier des meilleurs prix, il est important pour nous de ne pas multiplier les coloramas à outrance, sinon on se retrouve avec un coût trop élevé.
On parlait tout à l’heure de Nans Peters et de Jean-Christophe Péraud, ils ont participé activement à l’élaboration d’une bonne partie de la gamme : est-ce qu’on peut dire que ça va du vélo au casque en passant par les chaussures, ou c’est plutôt spécifique sur les accessoires ?
– Ce sont, l’un, un ancien coureur professionnel, et l’autre, Nans qui est coureur professionnel chez AG2R La Mondiale, donc de par leurs contrats et engagements professionnels, ils n’ont pu travailler avec nous que sur les chaussures. Pour le reste des équipements, on travaille avec la structure junior qu’on accompagne depuis 10 ans, la B’Twin AG2R La Mondiale, qui prend le nom de « Van Rysel AG2R La Mondiale », avec qui par contre on va travailler l’intégralité de la panoplie, et tester les casques, chaussures, les vélos, le textile.
© Vélo 101
Donc dès les premières courses, les premiers stages cette année, l’équipe 2019 va s’appeler Van Rysel AG2R La Mondiale, et ils vont rouler sur ce vélo qu’on a ici, en avant-première ?
– Exactement. Eux, ils ont eu l’avantage de monter sur leur vélo début janvier en secret en Ardèche, et faire les premiers tours de roue, et depuis ce week-end, ils sont tous sur leur beau vélo Van Rysel et parcourent les routes de France. On les verra toute la saison avec l’ensemble de l’équipement et des panoplies en compétition.
Une des particularités, c’est que ces cadres sont faits au Vietnam, donc dans une culture d’essence un peu française malgré tout, et tout le reste est assemblé sur Lille, comme le nom de la marque l’indique en flamand. Il y aura une petite quinzaine de personnes qui suivront le montage de chaque vélo : qu’est-ce qu’on peut dire justement au niveau de cette traçabilité ?
– Cela a été une grosse volonté depuis deux ans, de rapatrier et d’assembler nos vélos ici à Lille : dans un premier temps sur des chaînes de montage comme à peu près partout dans le monde, et depuis le mois de juin, on a décidé de positionner nos vélos haut de gamme, donc toute la gamme carbone, sur un montage au pied avec une équipe dédiée de quinze personnes. C’est donc une seule personne qui monte un vélo de A à Z, et on a une traçabilité très précise : nos vélos, dans un futur proche, auront tous sous le cadre le nom et la signature de la personne qui a monté le vélo. Ce n’est pas pour faire du marketing, mais c’est que l’on a un souhait de haute qualité sur le montage du vélo. Il est normal qu’un client qui achète un vélo cher ait un travail artisanal et précis. Un beau vélo, c’est quelque chose qui est bien monté, et la chaîne de montage ne répondait pas à nos exigences de qualité.
Dans l’inspiration du vélo qu’on a sous les yeux, le haut de gamme sera sur quelle base de prix ?
– On reste sur ce que nous avions en 2018, avec le 940 CF qui était à 3800€, avec un groupe Dura-Ace de chez Shimano. On offrira la même possibilité à nos clients avec deux coloris : soit un noir-gris mat, soit un bleu brillant, avec cette fois-ci deux groupes au choix : soit un groupe Dura-Ace mécanique, soit un groupe Ultegra Di2, avec le retour de l’électrique dans le haut de gamme, et tous les deux avec une paire de Cosmic Carbon à pneus.
© Victorien Floury
Est-ce qu’il y aura des versions à disques ?
– Sur le châssis Ultra que nous avons actuellement, il ne peut pas être modifié pour passer à disque, donc il restera à freins traditionnels. Le futur nous amènera à proposer à nos clients deux versions : une version traditionnelle et une version à disque, et le futur ce sera pour 2020.
Début 2020 ?
– Oui, fin 2019, début 2020.
Les juniors 2019, vous attachez toujours une importance particulière à leur recrutement à partir des compétences techniques, des capacités à faire des retours techniques sur la gamme ?
– Le recrutement se fait sur des valeurs humaines en premier lieu, et dans les exigences ils sont là pour Décathlon. A partir de là, on va retrouver des jeunes qui avec simplicité, franchise et très directement, nous feront des retours. Ensuite, chaque chef de produit va vouloir, par affinité, travailler un peu plus loin sur certains produits, avec certains juniors. C’est comme ça que Nans Peters à l’origine était cadet, puis junior, puis a continué en espoir, puis maintenant chez les pros avec Éric, alors que lorsqu’il était junior il avait commencé à faire des retours à Éric sur les chaussures : c’est comme ça que le lien se crée. On a chez les Espoirs d’autres coureurs qui continuent alors qu’ils étaient surtout juniors : Paul Lapeira, Valentin Retailleau, Antoine Raugel (champion de France en 2017), qui continuent à travailler avec Éric sur les chaussures par exemple.