Vision, créée en 1995 aux Etats-Unis, et rachetée par FSA en 2003, entend devenir un acteur majeur du monde du vélo, tout comme FSA l’est de plus en plus dans le monde des accessoiristes, avec sans doute prochainement la sortie d’un groupe complet FSA pour la route… Il ne manque pas grand-chose. C’est dans cette optique que les dirigeants italiens et américains du groupe ont présenté aux Baléares leur nouvelle philosophie en la matière (l’alu et le carbone) et leur nouvelle gamme, avec en point d’orgue, la Métron 81, « la plus légère et la plus rapide du marché »… Essais en tunnel de soufflerie à l’appui.
Un peu comme pour les cadres, faire réaliser et marquer des roues (surtout carbone) à son label et les commercialiser est relativement accessible et courant. En revanche, développer, comparer, améliorer les process, bref maîtriser son domaine, est déjà plus difficile. C’est dans cette logique de développement autonome que Vision a entamé un vrai travail de recherche et développement dès 2007, avec une volonté de travailler avec les équipes pros en route, triathlon, voire VTT dans les années à venir. Qu’on se le dise, Vision fabrique ses roues et ne sous-traite rien !
Aujourd’hui, Vision s’affirme comme un véritable acteur du marché de la roue, carbone et alu, pour le contre-la-montre, sous le contrôle pointilleux de l’UCI, comme sur les épreuves en ligne. Vision et FSA étant une vraie option pour les équipes, dans un jeu où le « tout ou rien » s’installe de plus en plus, en gros, c’est tout ! Groupe, roues, accessoires, mais pas simplement un pan de cet univers. Les Italiens sont ainsi présents auprès de quatre équipes WorldTour et sept Continentales Pro, sans compter le triathlon ou le VTT. Une vraie réalité de ce choix d’entreprise est la sortie récente du système BB 386 Evo, pédalier révolutionnaire puisqu’il s’adapte à tous les standards existants de boîtier de pédalier, donc de cadres. Une démarche à contre-courant face à des politiques commerciales où les marques souhaitent imposer leurs standards.
Pour innover, c’est bien connu, rien de tel que la production. Et Vision produit aujourd’hui environ 15 000 jantes par an, avec une capacité de production de 72 jantes par jour sur deux usines, une à Taïwan, l’autre à Milan, où quinze personnes s’investissent dans la maîtrise du carbone. Pour accélérer cette maîtrise de la roue, Vision a aussi investi dans la production de moyeux, optimisant les dimensions des axes et les possibilités de réglages. Sa capacité de production est désormais de 2000 moyeux par mois. Ce qui fait qu’aujourd’hui, la gamme roues de Vision est entièrement maîtrisée, excepté les rayons dont le fournisseur reste la référence en la matière : Sapim.
La résultante de tous ces investissements est la sortie, prévue pour 2013, de la Metron 81, testée dans le tunnel à vent de San Diego, présentée aux Baléares mercredi dernier et dont quelques exemplaires sont déjà visibles et surtout que les pros vont pouvoir utiliser à partir de mi-mars. Les veinards !
Un nouvel acteur dans l’univers de la roue, après les accessoires essentiels tels que pédalier, potences, tiges de selle, cintre, avec beaucoup de références leaders dans les chronos, c’est toujours une bonne chose, et ces dernières années, Claudio Manna l’a reconnu, la non-maîtrise de l’ensemble du process de production a amené des productions inégales.
Le Press Camp Vision 2012 avec les médias italiens, américains, espagnols, allemands, anglais, français, entre autres, au-delà de la première vision de la Metron 81, a permis à la société d’afficher l’ensemble de sa gamme roues, de la C 24 à la roue pleine de contre-la-montre homologuée UCI avec une face bombée et une face plane côté cassette. En fait, c’est une Metron 81 pour les chronos : la Metron Disc.
Maîtriser le carbone, c’est en assumer les points forts bien sûr, mais aussi les faiblesses reconnues assez largement, en particulier pour le freinage. Là encore les pros ont été un excellent laboratoire, en particulier le Team Katusha. Sur la bande de freinage, le carbone est de densité K1 comme là où sont implantés les rayons, autre point faible logiquement. Il s’agit de résister à la chaleur et aux tensions des rayons. A noter aussi que Vision a fait subir des tests en tunnel de soufflerie LSWT (Low Speed Wind Tunnel) à ces nouvelles roues, toujours dans l’optique d’optimiser la pénétration dans l’air et la trainée. Quand on connaît le coût de ces essais, on perçoit le sérieux et la volonté de Vision de commercialiser un produit optimisé…
Place maintenant au terrain, la convivialité italienne a eu raison des frimas des Baléares et mercredi 15 février une grande partie de la journée a été consacrée au terrain, avec quatre types de roues, rien que ça ! Nous avons essayé les C24 et les C50 équipées de boyaux Vittoria Corsa CX en 23 mm, tout neufs… On a été gâté ! Et d’autres journalistes ont pu tester les Metron 81 et quelques roues en alu-carbone. A noter que Vision ne commercialise des jantes carbone qu’à boyaux, expliquant que réaliser des jantes carbone pour pneus représente certaines complications et dangers à l’utilisation. Compte tenu du renouveau des boyaux et des orientations des marchés actuels, on se dit que c’est un pari osé mais justifié !
Au premier coup d’œil, ces roues sont sobres de par la couleur des fibres carbone. La C24 étant une jante basse, elle dispose de peu de surface « publicitaire » et on distingue mal le logo Vision. Elles sont donc discrètes et seul le moyeu blanc offre du contraste. Pour les C50, jantes hautes, on distingue les deux qualités de fibres de carbone (K1 et K3). Le moyeu blanc offre un peu de clarté et de contraste avec la jante sombre. Là, le logo Vision est bien visible mais la jante n’est pas pour autant surchargée, esthétiquement c’est réussi… Il faudra juger sur la durée la qualité des autocollants et leur possible décollement. On notera aussi la présence d’un rayon Sapim rouge à proximité de la valve pour faciliter sa localisation. Un petit aménagement technique, simple mais réfléchi, qui souligne encore le souci de finition. Cette envie de détails…
Sur le terrain, nous avons effectué le même parcours, à savoir un aller-retour de 30 kilomètres avec les deux paires C24 et C50 afin d’avoir un comparatif réel dans des conditions similaires. Et en plus il y avait le vent de bord de mer, de belles routes et du soleil, what else ?
La C24 s’oriente plus vers un usage montagne ou parcours de classique typé puncheur. On apprécie sa très grande rigidité latérale que nous n’avons pas pris en faiblesse durant les essais même sur des relances très appuyées. On note aussi sa faible inertie, agréable dans les forts pourcentages et un peu handicapante dans des montées roulantes où les C50 se sont montrées plus à leur avantage. Ces roues étant à profil bas, elles offrent peu de prise au vent bien entendu. Au niveau du freinage, en prenant en considération que les jantes et patins étaient neufs, nous avons tout de même apprécié la qualité de freinage. On se sent en sécurité, sans à-coups, sans relâchement… Il faudrait voir avec un usage plus intensif et régulier (descente de col) mais a priori l’importance du freinage a bien été prise en compte par les ingénieurs. C’est un bon point !
Concernant les C50 elles s’orientent plus vers des parcours roulants ou parsemés de relances, genre circuit urbain… mais on a été agréablement surpris par leur qualité de roulage et leur inertie dans les ascensions roulantes. Même un cycliste de petit gabarit parvient à les emmener sans une grande débauche d’énergie. Elles conservent bien la vitesse et ne nécessitent pas des relances intempestives pour aller vite.
Côté freinage, on retrouve les mêmes choses que sur la C24 avec du matériel neuf qui devrait se bonifier au fil des kilomètres d’utilisation. Petit point faible ressenti sur notre paire de roue, c’est un léger flottement de la roue arrière sur des relances appuyées où la jante vient lécher les patins… A priori nous avons été les seuls à percevoir ces frottements lors des essais. Le chef-produit en a pris note et vérifiera cela avec les pros… le sérieux, toujours le sérieux !
Nous n’avons pas pu essayer les Métron 81 par faute de temps et de disponibilité mais nul doute que cette roue sera la proue de la marque Vision et sera observée attentivement lors de ses premiers tours de roues en mars prochain. Pour conclure, le groupe FSA souhaite diversifier et surtout optimiser ses produits et son offre auprès des professionnels mais aussi des amateurs et clients du monde entier. Tous les investissements réalisés dans le programme des roues ont pour but d’offrir à court terme un ensemble complet aux équipes WorldTour : roues, équipements, groupe, car l’enjeu est là actuellement. Et les dirigeants de FSA ont bien conscience des enjeux et de cette nécessité de s’adapter aux règles du marché.
On soulignera le sérieux et la passion qui animent l’équipe de FSA-Vision avec cette volonté de fabriquer à 100 % et commercialiser des produits de qualité sans pour autant imposer de nouveaux standards qui compliquent le choix des utilisateurs et le travail des magasins qui bien souvent se perdent dans tous les choix. Si nous devions prendre un pari, on proposerait qu’en 2013 le prochain test-camp de FSA-Vision présentera un groupe complet qui viendra enrichir toute la gamme de cette prestigieuse marque… Passionnant !