Les Flamands sont partis et les cigales sont arrivées sur Bedoin, Sault et Malaucène, qui se sont partagés les honneurs et les pelotons de Flammands. Venus du plat pays défier la bosse qui défie les regards à des kilomètres à la ronde, ils ont pu voir tout autant le Mont Blanc que la Méditerranée en ce samedi 17 juin. Flamands roses ou plutôt rosis par le soleil, sûrement plus que par les crevettes. Eux et elles n’en sont pas, plutôt des géants de cette région où le vélo est une religion et pas seulement au moment de la semaine sainte, mais toute l’année, toute la vie. La diététique, ils l’ont respectée avant et pendant mais après, ça a été soirée bien arrosée jusque tard dans la matinée. Il faut bien se réhydrater, à la bière de préférence et c’est bien connu, l’alcool ça donne soif, alors ? Remettez-nous ça patron. Les athlètes du team Café Lux Herenthout, atablés de six heures à bien plus de minuit au même poste à bière, ne sont sûrement pas des recordmen de montées du Ventoux et encore moins des chasseurs de records sur strava, mais ils l’ont fait et visiblement le mot Lux est un peu usurpé quand arrive le temps de passer le premier gramme d’alcool….
Tôt, bien plus tôt dans la journée, disons 6h30 pour le départ des deux parcours Cannibale 173 kms, 4564 mètres de D+, et la Cannibalette 132 kms et 3560 mètres de D+, à rajouter les 22 kms pour rentrer au bercial, ce sont 150 et 200 kms à peu près que vont s’infuser ces guerriers et guerrières. Partis à la fraîche, ils seront bien vite rattrapés par la chaleur, maillots noirs zébrés de sel garantis, si ce n’est le vent sur le plateau de Sault en direction de Ferrassières. Ca part à son rythme, de plus en plus tranquille au fur et à mesure des passages sur le tapis de la place des écoles à Bedoin. Les meilleurs vont mettre 1h18, ça parle surtout quand on sait le chantier à effacer après la descente neutralisée sur Sault où la lavande a mis sa robe bleue. Rien à dire si les 4 kilomètres autour du Mont Serein sont bien les plus durs du Ventoux, la descente sur Sault vaut tous les efforts pour accéder à tout le moins au Chalêt Reynard et ensuite se faire plaisir sur la belle descente de la capitale de la lavande, et du petit épautre, entre autres.
Les autres, ceux qui ne veulent pas s’arrêter à un chrono, même sans classement, vont monter le Ventoux jusqu’à plus soif. Car le défi Ventourist que propose Sporta, c’est ça, se mettre au sport avec un programme et des rendez-vous réguliers, mieux se porter, moins cotiser et se fixer comme défi ultime LE défi pour tout Belge, normalement constitué, qui aime le vélo. Monter le Ventoux ! Là où un seul Belge a gagné, mais quel coureur, le roi Eddy, en 1970 et qui avait eu l’élégance d’ôter sa casquette en passant devant la stèle de Tom Simpson. Il n’est pas monté hier mais ce matin il était frais et dispo pour aller faire une virée au son des cigales. Pour tous ceux qui veulent savoir où ils en sont de leur progression, des tapis de sol sont posés au pied et au sommet. Chacun est ainsi comptablisé, et peut se mesurer à ses amis ou les membres de son club, de son association. Le Ventoux, un motif d’espoir pour tous ceux, toutes celles qui sont momentanément out pour le sport, les associations de transplantés sont particulièrement nombreuses et relèvent le défi, à leur rythme, mais elles pourront dire qu’elles l’ont fait, c’est le principal.
Côté courses, si on ose, on vous invite à regarder les deux parcours Cannibale et Cannibalette. Dans la grande série, il n’y a pas que le Ventoux en Vaucluse. Après Ferrassières, direction le col de l’homme mort, au milieu des champs de lavande et des panneaux solaires, à peine refroidis par le vent contraire. Deuxième difficulté, un faux plat montant disons, qui mène les coureurs à 1213 mètres, ensuite Séderon, col St Jean 1158m, col du Perty 1302 m, col d’Aulan puis de nouveau Sault. Le parcours 132 kms schinte St Jean et Perty pour rejoindre Aulan qui se descend au fil de l’eau, il faut bien ça pour essayer de se rafraîchir mais ça ne suffit pas, surtout par 35 degrés voire un peu plus. Goudron fondu à la montée, et aussi à la descente garanti. Alors ?
L’occasion pour nous de souligner l’excellence et le professionnalisme de l’organisation. En chiffres d’abord : 146 volontaires dans l’équipe, 33 000 barres énergétiques, gels, gauffres Méli excellentes, pains d’épices, barres muesli, 5300 bananes, 3675 oranges, 15 000 litres d’eau, 6600 litres de boisson énergétique 3A ; bref du lourd, des chiffres dignes des grosses courses et surtout un contrôle de tous, ceux qui doivent porter le bracelet, pique-assiettes mal vus ! Au delà des chiffres, c’est une des organisations les plus professionnelles qu’il nous ait été donné de voir avec le Marathon des Dolomites. Deux points surtout d’un côté, des bénévoles qui passent dès le départ donné sur la place du départ pour récupérer les gels et autres barres laissés par ceux qui ne veulent pas partir le ventre vide mais sans s’alourdir. Autre point, les toilettes, en nombre suffisant aux départs, sommets de cols et auprès des ravitos. Le plus? Des toilettes de couleur, bleu pour les hommes, roses pour les femmes, un détail, oui, mais de la plus haute importance si le vélo et les cyclosportives veulent attirer les femmes, bien vu en tout cas.
Au milieu de cet océan de points positifs qui captive l’économie locale, et pas seulement les caveaux mais aussi les bars, les restaurants, les loueurs de gîtes, un seul élément négatif si on peut dire. On est en France et la langue de Molière est trop souvent oubliée, bien que langue officielle de l’UCI. Cette priorité donnée à une seule communauté n’est pas le reflet de ce qu’est le sport, le vélo et sa convivialité. Les Belges, tous les Belges et tous les autres sont les bienvenus dans le Ventoux, on ne leur demande pas de parler le Provençal, mais que du Flamand c’est gavant, les élus locaux n’étant là que pour quelques mots en Français et puis on remet ça comme avant, en flamand. A part ça, c’est emballant, la Sporta, le Ventoux, et ses géants, géantes, rendez-vous en 2018, cette fois, rien à voir avec le week-end de l’appel, mais facile à retenir ça sera le dernier de juin.
Pour ceux qui aiment tellement le Ventoux qu’on leur a préparé les trois côtés aux petits oignons, rendez-vous dès le week-end prochain avec la GFNY Ventoux à Vaison-la-Romaine, c’est complet, puis fin septembre avec la GFNY Provence sur 3 jours : http://www.gfnymontventoux.com/pages/view/gfny-provence et si vous en voulez encore: http://www.hauteroute.org/events/overview/ventoux-2017.