L’organisation elle-même l’admet : la 1ère édition de la Haute Route Dolomites & Alpes Suisses aura sans aucun doute été la plus difficile de toutes les Hautes Routes organisées depuis 2011 (pour les Alpes) et 2013 (pour les Pyrénées). Alors, quand le peloton regroupé pour boucler les 25 derniers kilomètres en défilé rejoint les berges du Lac Léman, où il paradera sous le fameux jet d’eau au terme d’une longue dernière journée de 181 kilomètres, le sentiment d’être allé au bout d’un défi extrême, d’avoir réalisé quelque chose de grand l’envahit. De grand et de haut, très haut : 20350 mètres de dénivelé positif depuis le départ de Venise sept jours plus tôt. L’émotion prend alors le pas sur la fatigue accumulée pendant une semaine et qui impose le respect envers ceux qui sont allés au bout du bout, quel que soit le chrono final.
Mais avant de parader au bord du lac, il restait donc une longue procession à effectuer au départ toujours très matinal (6h30 pour la première vague, de vingt en vingt minutes pour les suivantes) de Crans-Montana à 1850 mètres d’altitude. Il faut être bien couvert pour se coltiner les 20 premiers kilomètres de descente et atteindre après 70 kilomètres le pied du Pas de Morgins, où l’on déclenchera le chronomètre. Pas uniquement pour l’ascension cette fois mais pour 115 kilomètres jusqu’à Yvoire, puisque cette dernière journée transite par le troisième pays visité par cette Haute Route : la France et sa Haute-Savoie.
Bien qu’on redescende sur Genève et le Lac Léman, les organisateurs auront donc tenu jusqu’au bout à faire de la Haute Route l’événement cyclosportif le plus montagneux du monde, imposant encore 3000 mètres de dénivelé positif aux participants pour… 2700 mètres de dénivelé négatif seulement. Une descente sur Genève plus ascendante qu’il n’y paraissait. Et tout ça en deux cols. Le Pas de Morgins, versant valaisan, est long (11 kilomètres) mais reste un col de moyenne altitude (1369 mètres) aux pentes raisonnables. Dès le chrono enclenché, les plus forts se démarquent. La bagarre est lancée entre Roman Locher, Matteo Podesta, Stéphane Kamerzin et Stefan Kirchmair, qu’accompagne Mathéo Jacquemoud jusqu’à un souci matériel avec sa chaîne.
Au sommet, on bascule en France, où l’on restera jusqu’à Yvoire, où s’arrête définitivement le chronomètre, après la toute dernière difficulté, le col du Corbier, long de 6 kilomètres et bien connu des cyclos de la Morzine Haut Chablais. L’arrivée se fera en descente dans le charmant village d’Yvoire, dont on ne verra finalement pas grand-chose, la ligne d’arrivée, sous-dimensionnée à l’événement, étant excentrée. Rien à voir avec la grande place qui accueille à Vence les héros de la Haute Route Alpes, ce qui aura laissé un sentiment de frustration à ceux qui sont habitués à Vence. La médaille « finisher » autour du cou, ne reste alors plus qu’à attendre tout le monde pour parcourir le dernier tronçon en convoi neutralisé jusqu’à Genève, où le témoin sera passé à ceux qui, dès aujourd’hui, se lanceront à l’assaut de la 4ème Haute Route Alpes jusqu’à Nice.
Cette 1ère édition de la Haute Route Dolomites & Alpes Suisses aura eu le charme des premières Hautes Routes, mais le défi demeure extrême. Courir à cheval entre deux pays, sur une distance aussi longue entre Venise et Genève, nous invite à nous interroger. Pourquoi ne pas simplement imaginer une Haute Route uniquement dans les Dolomites, qui méritent à elles seules un événement de cette dimension ? D’autant que qui dit longues distances dit logistique compliquée avec de longs transferts, du temps de récupération perdu pour des coureurs qui ne sont pas des pros, ce qui aura pesé lourd au bout d’une semaine.
En attendant, place maintenant à la Haute Route Alpes. 450 participants s’élanceront aujourd’hui de Genève. Direction Nice et la Promenade des Anglais par-delà vingt cols et 21400 mètres de dénivelé positif. Bon courage à tous !
Classement 7ème étape :
1. Roman Locher en 2h42’05 »
2. Matteo Podesta à 1 sec.
3. Stéphane Kamerzin à 3 sec.
4. Stefan Kirchmair m.t.
5. Leonardo Aguiar à 6’35 »
6. Stéphane Cheylan à 6’36 »
7. Thomas Stewart m.t.
8. Rafael Wyss m.t.
9. Nicolas Raybaud à 6’38 »
10. Mathéo Jacquemoud à 9’35 »
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27 et 1ère Dame. Emma Pooley à 16’25 »
Classement général final :
1. Stefan Kirchmair en 19h38’00 »
2. Matteo Podesta à 27’27 »
3. Mathéo Jacquemoud à 50’05 »
4. Paul Hamblett à 58’59 »
5. Stéphane Kamerzin à 1h00’14 »
6. Heiko Hefner à 1h04’03 »
7. Rafael Wyss à 1h10’21 »
8. Leonardo Aguiar à 1h10’47 »
9. Stéphane Cheylan à 1h14’49 »
10. Roman Locher à 1h15’05 »