C’est depuis le parc olympique, l’avenue des Jeux, vingt ans après, que les 8/10000 coureurs qui ont déjà déclaré leur flamme à l’Etape du Tour Acte 1 vont s’élancer dimanche 8 juillet pour rejoindre La Toussuire, où il conviendra, tant bien que mal, d’arriver tout sourire. Pas simple quand même au bout de près de 160 kilomètres.
Devant la vasque qui était le réceptacle de la flamme olympique, les coureurs partiront en ayant une pensée pour cette formidable quinzaine, et en particulier la cérémonie d’ouverture et la superbe chorégraphie de Philippe Découflé, où ses figurants dansaient dans le ciel alpin. Vingt ans après, ce sont des vélos décorés aux maillots distinctifs du Tour de France qui sont accrochés à la vasque olympique, identiques à ceux qu’on trouve sur les haies de l’avenue olympique et même sur tous les villages traversés dans cette belle Savoie et vallée de la Maurienne.
Nous avons reconnu cette étape samedi, avec les cyclistes du club de Saint-Jean-de-Maurienne, des coureurs de La Toussuire, et même un des assistants de l’équipe Ag2r La Mondiale, et avons pu mesurer ce qui nous attend tous dans vingt-sept jours maintenant. Du costaud, du redoutable, bref un vrai parcours d’Etape du Tour, et pour nous qui aimons ça, une étape qui devrait marquer les esprits chez les pros, le 12 juillet.
Sur les 25 premiers kilomètres légèrement montants du départ, le seul vrai danger viendra des ronds-points et surtout des dos d’âne. Ils sont abrupts et seront fatals à un maximum de bidons qui gicleront, c’est certain, des porte-bidons mal ajustés. Le premier ravito est au sommet de la Madeleine, c’est loin si on s’est allégé de ses bidons au départ ! 25 kilomètres pour se mettre en jambes, la départementale 66 et puis on prend à droite, au marquage « col de la Madeleine 26 kilomètres ». Dès le pied, c’est bien raide et attention à ceux qui se seront mis dans le rouge pour remonter les vagues. On est dans la partie forestière, c’est beau et bucolique, et si on jette un œil en contrebas, on voit l’ampleur de la dénivellation déjà prise après les 3 premiers kilomètres.
« Le col de la Madeleine, c’est pas du gâteau », comme le souligne notre compère des assurances. On ajoutera, et pour cause, on est en Savoie ! Malgré tout, ce col offre la possibilité de se refaire deux fois après des phases abruptes et avant le final qui est une splendeur. Ceux qui s’arrêteront pourront profiter de la vue imprenable sur le Mont Blanc et autres, à condition que ce soit dégagé. Chance que nous avons eue samedi, mais qui suppose quand même d’être couverts pour la descente car elle est relativement longue et on va vite, très vite. D’ailleurs, il est à prévoir que certains casse-cous vont se mettre sur le toit dans cette partie rendue très rapide par la pente, et surtout compliquée par des secteurs ombragés, humides voire un peu maculés par les passages des troupeaux.
C’est à la Chambre que se situe le petit rajout d’environ 10 kilomètres, tout plat, avec du vent de face sur une moitié, ce qui permettra à la vallée d’être bloquée toute la journée. C’est le dernier passage de plat sur cette Etape du Tour, profitez-en pour bien ravitailler car le plus dur reste à venir. Montée du Glandon et fin de la Croix de Fer à 2067 mètres. On grimpe par Saint-Colomban-des-Villards (Saint-Col en parler local) et ses passages forestiers en faux-plat montant avant le village. On remet le gros plateau pour la dernière fois avant les passages dans les alpages, qui sont les plus raides, surtout que lorsqu’on abordera le sommet, il sera 10h00 pour les premiers et la procession durera quatre heures. La descente sur Saint-Sorlin d’Arves est rapide, la route secoue pas mal, attention aux gendarmes couchés dans Saint-Sorlin, pour vos bidons mais surtout parce que ça va très vite et que l’attention doit être au maximum.
La difficulté de cette seconde partie de l’acte 1, c’est l’enchaînement montée-descente qu’il faudra gérer musculairement. Sur Saint-Jean d’Arves, c’est à droite sur le pont et direction le Molard par Albiez-Montrond. C’est sûrement la chaleur qui sera la principale ennemie ce jour-là, car la montée en elle-même n’est pas très longue et pas vraiment difficile. La descente, avec beaucoup d’épingles, en partie en forêt, sera à prendre avec grande attention. On est à plus de 120 kilomètres et la fatigue sera forcément très présente dans les organismes et dans les réflexes.
Retour sur Saint-Jean-de-Maurienne et son célèbre Opinel qui est né du besoin de passer le temps en hiver et qui amenait les paysans à forger. C’est bien connu, c’est en forgeant que naît la lame et il faudra l’avoir bien trempée, l’âme, pour escalader les 20 derniers kilomètres, la montée de La Toussuire. La station est célèbre pour son champion olympique Jean-Pierre Vidal mais tout aussi célèbre en vélo pour la défaillance de Floyd Landis en 2006. Les premiers kilomètres sont raides et font mal, surtout exposés en plein midi. On traverse de petits villages typiques des Sybelles, mais la dernière bosse sérieuse sera dans la traversée du Corbier, à 5 kilomètres de l’arrivée, dernier passage tout à gauche avant, pour les plus frais, de mettre tout à droite ou presque et finir sur le grand plateau.
Pour ceux qui finiront au sprint et qui dépasseront la ligne d’arrivée de quelques dizaines de mètres ou ceux qui logent aux Soldanelles, où on est reçus « comme des pros », la barre des 5000 mètres de dénivellation sera battue : 4950 pour nous ce samedi. Rien à dire, l’acte 1 va être à la hauteur des attentes des amoureux du Tour et de l’Etape du Tour. Il faudra gérer, ne pas présumer de ses forces pour être tout sourire à La Toussuire qui se prépare tranquillement à accueillir le flot des passionnés de vélo, après avoir reçu les handballeurs de l’équipe de France puis les coureurs d’Ag2r La Mondiale. Histoire de préparer les 8 et 12 juillet prochains.
Début de l’Acte 1 dans à peine un mois, le temps de faire des bosses, enchaîner les difficultés, accumuler la dénivellation positive, histoire d’être aux premières loges le 8 juillet, et quatre jours plus tard, au moment où les Alpes vont livrer leur verdict. En scène. A retrouver cette semaine en vidéo sur Vélo 101.