Sur les routes des Alpes-Maritimes, les dernières grappes de mimosa annoncent la fin de l’hiver et le début du printemps, ce que tout bon cycliste qui se respecte associera à la reprise des choses sérieuses. Aux beaux jours répondent les beaux événements. Et il en est un qui fleurit bien dans l’arrière-pays niçois. En deux éditions seulement, Paris-Nice Challenge s’est installé comme le rendez-vous vélo du début d’année. Huit jours tout juste avant la Corima Drôme Provençale, porte d’entrée des grandes cyclosportives.
Les cyclos en quête de sensations ne s’y sont pas trompés. Un millier d’entre eux ont pris la direction de la Côte d’Azur ce samedi, et la préférence accordée au grand parcours par la majorité des participants (735 classés sur le 110 km contre 321 sur le 80 km) témoigne du désir éprouvé d’augmenter progressivement les distances en vue des premiers objectifs de la saison. Il n’était pourtant pas – ou peu – question de chrono sur les parcours qui visitaient l’arrière-pays, mais le grand parcours avait pour lui l’avantage d’emprunter quasiment trait pour trait les routes de l’étape finale de Paris-Nice (sans la boucle par le col d’Eze toutefois).
Un parcours à l’attention des cyclos étant déjà bien préparés et souhaitant s’engager dans les ascensions chronométrées, puisque c’est là que résidait le principal challenge de la journée. Deux cols faisaient l’objet d’un chronométrage : la côte de Châteauneuf (5,6 km à 4,3 %) et la côte de Peille (8,5 km à 5,5 %). Les temps, pris par le biais d’un tapis de détection, auront été indiqués à chacun sans pour autant faire l’objet d’un quelconque classement. Partis par groupes de trente pour éviter l’effet de masse (conséquence de l’attentat du 14 juillet dernier), escortés par des motards, avec obligation de respecter le code de la route, les coureurs se seront regroupés dans la vallée du Var, soit 25 bornes d’échauffement jusqu’à Saint-Martin avant d’attaquer la première bosse : la côte de Levens.
Les groupes de niveau n’auront dès lors pas tardé à se former naturellement avant que le chrono ne se déclenche une première fois après 40 kilomètres dans la montée en lacets de la côte de Châteauneuf, en haut de laquelle un premier ravitaillement aura permis de se restaurer et de refaire ce premier match en attendant les copains. Même dispositif bien pensé après la seconde portion chronométrée, bien plus longue, dans la montée de Peille. Tout le monde se sera arrêté au sommet pour profiter du ravito et repartir tranquillement par groupes d’affinité pour accomplir la petite quinzaine de kilomètres jusqu’à Nice, essentiellement en descente, via la Turbie, la commune d’Eze et l’une des corniches en 4 voies.
Une formule conviviale qui aura permis de profiter des splendides paysages, sur des routes présentant de beaux virages sinueux, notamment la descente vers Contes, dans laquelle quelques coureurs ont malheureusement trouvé le moyen de chuter. Après la ligne d’arrivée, un dernier ravitaillement attendait les coureurs avec bananes, barres, Coca… Largement de quoi se substituer à une pasta-party. Pour ensuite profiter du village partenaires, qui rassemblait des marques prestigieuses comme Trek, Mavic ou Merida parmi une vingtaine d’exposants sur la place Masséna. L’occasion d’y croiser des ambassadeurs comme Frank Schleck, frais retraité et toujours affûté, Geoffroy Lequatre ou Christophe Le Mével, qui ont roulé parmi les autres cyclos.
Pas de classement officiel, donc, même si l’on soulignera que le plus prompt à avaler les bosses aura été le local Cédrick Dubois en 32’15 » (11’10 » pour la côte de Châteauneuf, 21’05 » pour celle de Peille). Reste qu’il aura fallu attendre mardi soir pour avoir connaissance de sa performance, ce qu’on peut regretter, surtout de la part d’une prestation de chronométrage par puces électroniques. Rien à voir avec une cyclo dont on obtient son résultat dès la ligne d’arrivée, voire même son diplôme dans certains cas, même si l’enjeu était ailleurs sur ce rendez-vous à l’ambiance conviviale qui sied à toute cyclo.
Seule ombre au tableau en ce samedi ensoleillé : un service d’ordre forcément pesant, en particulier pour l’entrée au village partenaires pour lequel il fallait montrer patte blanche, ce qui a sûrement découragé du monde. Les départs échelonnés par mesure de sécurité renforcée (de 9h00 à 9h40 pour le grand parcours, après 10h00 pour le petit) ont également nui à la convivialité. Et empêché les participants de croiser les pros de Paris-Nice (à moins de rester pour la nuit) qui s’élançaient du même endroit à 12h15 pour se diriger ensuite vers la Couillole. Espérons qu’en 2018 cet aspect aura été revu car c’est précisément la masse, comme en marathon, qui fait la convivialité d’une cyclo.