Comment te sens-tu après sept étapes ? As-tu déjà participé à des courses comme celle-là ?
J’ai été un peu effrayée au départ puisque je n’ai pas fait ce genre de compétition depuis 10 ans. J’ai déjà eu l’occasion de participer à quelques raids aventures par le passé. La chose la plus importante que j’ai apprise à l’époque c’est que le corps s’adapte après quelques jours de courses, particulièrement si on en prend soin. Il faut surtout bien l’écouter. Je sais que je suis une athlète endurante, je me sens toujours mieux après quelques heures (et mêmes jours) de courses. Cela m’a donné de la confiance et de l’intérêt pour cette course.
C’était ma première course cycliste par étapes et j’ai vraiment apprécié.
Je préfère les courses en montagne qui ne demandent pas spécialement de compétences techniques parce que je descends très mal.
Comment as-tu préparé l’événement ? Quelles étaient les principales différences entre l’environnement où se déroule la course et le Brésil ?
J’ai un coach formidable qui est déjà venu sur la Haute Route Dolomites les années précédentes. Il a aussi déjà fait la Haute Routes Alpes et Pyrénées. Il sait donc très bien comment le parcours, le climat, le décalage horaire et d’autres conditions particulières pouvaient nous affecter nous les brésiliens. On s’est entraîné avec les ressources que l’on a à disposition au Brésil. À trois heures de chez nous, il y a de la moyenne montagne avec des cols entre 500 et 800 mètres d’altitude. Là-bas, on a fait des camps d’entraînement pendant l’hiver. Il a aussi insisté sur l’augmentation des charges de travail afin de tester nos capacités d’adaptations physiologiques. Ensuite, il nous a fait tester différents équipements techniques pour que chacun trouve le bon compromis. Hormis les camps d’entraînement, nous avons également eu quelques discussions de groupe pour parler de certains détails. Par exemple sur la logistique en course, les conditions météorologiques et les particularités de la Haute Route.
As-tu déjà participé à des courses cyclistes en Europe ? Connaisais-tu les Dolomites ?
C’était ma première course cycliste en Europe. Je n’ai pas de mots pour décrire à quel point cette expérience a été incroyable pour moi. J’ai adoré la culture, les gens que nous avons rencontrés, les endroits où nous avons séjourné pendant la course.
Je ne connaissais pas non plus les Dolomites. Je les imaginais seulement à travers les histoires que l’on m’a racontées. J’avais vraiment hâte de faire ce voyage, c’était très émouvant pour moi de faire du vélo autour de ces majestueuses montagnes. C’est vraiment une expérience de vie unique!
Quel vélo as-tu utilisé pour cette course et avec quels braquets et pourquoi ?
J’ai un BMC SLR01 altitude serie. C’est un vélo en carbone, avec une géométrie légèrement agressive, mais toujours très confortable pendant de longues heures de selle. Devant j’avais 52-34 et derrière 11-30 , le tout avec des manivelles de 170mm, car j’apprécie avoir une cadence de pédalage élevée. Pour les roues c’étaient des Zipp 303 Firecrest. Ce sont les seules roues de compétition que j’ai, mais si je pouvais, je choisirais probablement une roue avec un profil encore plus bas, peut-être des roues de 10-20mm de haut comme les Mavic R-SYS SLR.
Au départ, quelles ambitions venais-tu ? Es-tu satisfaite du résultat final ?
C’était ma première fois sur une course de montagne, en Europe ! Je rêvais d’une place sur le podium, mais je n’aurais pas été frustrée si j’avais échoué cette année ! En fait, je n’arrive pas toujours à y croire.
Peux-tu parler de la récente percée du cyclisme amateur au Brésil, spécialement chez les femmes ?
Je pense que le Brésil, en général, est un miroir des États-Unis. En tant que pays, nous avons tendance à suivre tous les mouvements qu’ils font. Le cyclisme a vraiment commencé à grandir avec Lance Armstrong et je pense que les grandes marques comme Trek, Rapha, l’équipe Sky, Specialized, ont réussi à amener développer ce sport.
C’est encore plus vrai au Brésil. Ensuite les plus grandes villes ont commencé à travailler sur la mobilité urbaine, en construisant plus de pistes cyclables. La circulation au Brésil est chaotique, à Sao Paulo, à Rio de Janeiro, à Curitiba et dans d’autres villes c’est l’enfer. La population cycliste a commencé à grandir au cours des 5 dernières années grâce à cette expansion des voies cyclables et les femmes découvrent également un nouveau sport où elles peuvent exprimer toute leur énergie.
Je dirige une école de cyclisme technique avec mon coach et deux autres partenaires au Brésil, spécialement pour les femmes. On enseigne aux femmes comment faire du vélo en sécurité. Quand elles sont prêtes, nous leur proposons un entraînement personnalisé, si elles le veulent. C’est un beau projet qui grossit chaque mois. Elles adorent ça et les filles ont créé leur propre groupe de soutien, elles invitent des amis et de la famille pour se joindre à elles.
As-tu des idoles dans le sport ?
J’aime beaucoup les Colombiens. Ils m’inspirent tous, Sergio et Sebastian Henao de l’équipe Sky, Nairo Quintana, « el grande » Rigoberto Uran et Esteban Chaves qui est très amusant à suivre. Il y a aussi une femme que j’admire vraiment : Camila Cortes. Elle est la reine du GFNY series, c’est un exemple en tant qu’athlète. C’est une travailleuse acharnée, forte, élégante et très sympathique.
Penses-tu que l’engouement en cyclisme est différent entre les hommes et les femmes ?
Je pense que c’est presque au même niveau. Nous partageons tous les mêmes valeurs que le cyclisme apporte. Nous prenons soin les uns des autres, on partage la même passion. Cependant, je pense que les hommes ont tendance à être légèrement plus compétitifs et agressifs, alors que les femmes aiment être capables de se détendre, réfléchir sur la selle et rencontrer de nouveaux amis.
Pour toi, qu’est-ce qu’une Haute Route Dolomites réussit ?
Déjà, pouvoir la finir ! Après, apprécier les étapes, les points de vue, rencontrer des personnes, être capable de repousser ses limites et recevoir la médaille et le T-shirt de finisher !
Quels sont tes prochains objectifs ?
Je veux vraiment revenir l’année prochaine, probablement sur une autre édition. Je ne sais pas encore, mais je devrais être fixée d’ici la fin de l’année. Je vais aussi essayer d’inclure plus de courses en Europe sur mon calendrier à partir de maintenant.