Marc Rollini, dans nos passages de témoins du cyclosport, D. Bisetti a mentionné ton nom, ça te surprend ? c’est une mafia Suisse ou quoi ?
Mafia ? Connais pas. C’est quoi la « mafia » ??… Non, sans déc@*#er, ça ne m’étonne pas vraiment car Damien et moi nous nous sommes connus à travers notre passion commune, le vélo ! …ça aide. De là est née une belle amitié et un grand respect mutuel facilité par ce point de départ commun, mais aussi parce que nous sommes de la même génération, avons tous les deux un peu de « bouteille » (d’expérience, pas de Bière…) et surtout on s’amuse tout les deux un peu de la même manière sur nos vélos : comme des gamins et toujours avec du plaisir !
Quel est ton profil de sportif et de cycliste ?
Je suis un sportif passionné. J’aime ça, depuis toujours ! Le sport m’amène beaucoup de plaisir et de bien-être et je crois que cela a toujours été ma motivation principale. Cela ne m’empêche pas d’être très compétitif et de savoir tirer le mieux de moi-même face à l’adversité. Mais aucune défaite ne m’a jamais fait mal… déçu parfois oui, grandi aussi, mais mal jamais !
Le cyclosport, tu es tombé dedans quand et comment ?
Lorsqu’on me demande « quand as-tu commencé le vélo ? », je me rends compte que je n’ai pas de date précise en tête ! J’ai toujours aimé ça et le vélo a été mon premier « sport », mais sans club, sans compétitions, officielles tout du moins ! En effet, je me souviens d’un mélange de jeu, d’amusement, de sport et de belles balades dès que j’ai su rouler sur un vélo ! J’étais souvent le plus rapide sur le circuit qui faisait le tour du parking d’où j’habitais lorsque je devais avoir neuf ou dix ans. Pas le plus fort…mais le plus rapide car j’adorais ça ! Me lever sur les pédales, pousser fort sur les pédales, prendre de belles trajectoires ! Déjà là, avant 10 ans, mes copains s’épuisaient généralement bien avant moi ! Je me rends compte que je portais déjà une certaine attention à la technique (chose que les autres enfants de mon âge et de mon quartier ne faisaient pas). Et aussi les dimanches avec mon père et mon frère ou nous allions parfois faire les 7km qui partageaient notre domicile de celui de notre tante ! Une belle balade… une cyclo pour un enfant ! J’étais déjà attentif à me placer, m’économiser pour le final et LA « côte » dans le final ! L’équivalent du Mur de Huy pour moi et mes 10-12 ans ! Merci aussi à mon frère, valeureux adversaire ! Nous étions un peu Valverde et Sagan, Michele Bartoli et Paolo Bettini (dans mes rêves ????) ! Plus tard, vers 15 ans, toujours avec le même compagnon de route, mon frère, nous avons partagé plusieurs étés un Mountain Bike pour deux ! A sillonner tous les chemins forestiers ! Comment rouler à deux sur un seul vélo me direz-vous ? …A chaque sortie nous échangions ! L’un prenait le VTT, l’autre le vélo de dame de notre mère… datant de l’après-guerre (la 2ème tout de même) ! A toute vitesse (et quand je dis à toute c’est à toute !) dans la rocaille, la boue et les racines ! Du haut de nos 14-15 ans nous avons aussi appris la bricole et même repeint entièrement ce vélo pour le rendre dignement à notre mère après cette utilisation plutôt intensive ! Oui, j’adorais et j’adore toujours autant ça, bricoler moi-même mes vélos ! Outils permettant, je saurais entièrement monter, réparer et régler mes vélos ! Passionné.1er vélo | © Marc Rollini
En fait, les premières courses en cyclosport, je les ai faites avec des potes, vers les 20 ans je pense. Je me rappelle notamment une « Mont Ventoux » (mon pote s’en rappelle encore), ou j’avais fini les derniers 500m au sprint pour le passer sur la ligne (pas d’arrivée) juste pour le jeu ! Comme dirait Sagan « Why be so serious ? »
Comment l’as-tu vu évoluer ?
Aujourd’hui, je vois le cyclosport évoluer dans une sorte de professionnalisation qui me déplait en partie. D’abord toujours plus d’anciens coureurs pro ou élite participent aux cyclosportives avec un sérieux qui n’est pas mon monde. Il y a aussi toujours plus d’amateurs qui (tant mieux pour eux) consacrent tout ou presque tout leur temps à leur pratique cycliste. Bien entendu cela peu devenir parfois un peu frustrant car être en compétition avec ces cyclistes pour le même classement n’a plus grand-chose d’enthousiasment lorsque dès la première bosse on les voit « mettre des watts » similaires aux pros… Heureusement ma frustration ne dure jamais longtemps, car il y a toujours un Damien à rattraper après son habituelle attaque au pied de la bosse ! Finalement c’est contre qui que l’on se bat ? Personne ! (Why be so serious ?)
En tant que médecin, je ne peux pas m’empêcher aussi de dire un mot sur le dopage en tout genre… Navrant dans un monde comme le cyclosport où l’on a, au final, rien à y gagner d’autre que prendre du plaisir et partager notre passion ! Mais cela reflète malheureusement bien notre société et l’envie de l’être humain, aussi à travers le simple cyclosport, de se rassurer en surpassant la réalité…
Quand on est cyclo en Suisse, s’échapper côté Français c’est une obligation ?
En Suisse, il y a beaucoup de cyclistes, mais de moins en moins de clubs et peu de courses. Les contraintes organisatives sont compliquées et dissuadent même les organisateurs les plus motivés. Néanmoins, même si on peut regretter que les organisateurs des clubs locaux ne puissent plus assumer la mise en place de compétitions sur route, on voit l’arrivée des colosses du cyclosport (ASO & co) aussi en Suisse avec par exemple la Marmotte Tour des Stations cette année ! Sinon, il est vrai que la France offre beaucoup d’opportunités avec des courses et une organisation souvent bien rodée. En Italie, la passion des courses est encore plus palpable, avec des possibilités pour le moment encore infinies sur tous les fronts, tous les week-end ! Quelle association sportive n’organise pas sa course une ou plusieurs fois par année en Italie !? …pour l’instant ! …car là-bas aussi, comme en France les exigences limitent toujours plus cela.
On a le sentiment que les cyclos en Suisses sont 1/ plus chères qu’en France ? et 2/ mieux organisées, tu confirmes ?
A nouveau, côté cyclosportives de tout niveau, ma préférence va à l’Italie avec des courses, même les plus petites, souvent organisées par des connaisseurs, habitués à cela et pour des prix dérisoires et des pâtes « al dente » pour toutes et tous !
En Suisse, on trouve de tout ! Des courses à la hauteur de la réputation suisse… chères mais très bien organisées et sur des parcours magnifiques ! Mais aussi du n’importe quoi, comme des « courses » sans chrono, sans ravito et pour 100 balles ! Autant regarder les KOM sur Strava !Sortie | © Marc Rollini
Retrouvez la seconde partie dès demain…