A quelques semaines de la présidentielle, on peut regretter qu’aucun candidat ne se soit encore exprimé de près ou de loin sur l’un des modes de déplacement de l’avenir des Français, le vélo ! Plus de la moitié des déplacements quotidiens en France sont inférieurs à 3 kilomètres or seulement 3 % de ces courts déplacements se font à vélo. Pourtant, les avantages des deux roues sont multiples en termes de santé, de réduction du bruit, de budget des ménages, de développement économique et de réduction des pollutions atmosphériques. La pratique du vélo permet de réduire fortement les émissions de CO2. Si chaque Européen pédalait 2,6 kilomètres par jour au lieu de prendre le volant, les émissions de CO2 dans les transports seraient alors réduites de 15 % !
Le développement de la pratique du vélo est donc devenu un véritable enjeu de société. Un groupe de travail regroupant le Club des Villes et Territoires Cyclables, qui rassemble 215 collectivités, et présidé par Philippe Goujon, a été constitué en juillet 2011 afin d’élaborer un Plan National Vélo. Ce thème a été évoqué au Ministre des Transports Thierry Mariani lors des Premières rencontres nationales du vélo à l’Assemblée Nationale devant 350 personnes provenant du monde associatif, des administrations, de la politique et des collectivités territoriales.
Les 10 propositions du Plan National Vélo :
Indemnités kilométriques pour les déplacements du domicile au travail. La proposition est simple ! Un salarié qui se rend au travail à vélo au lieu d’utiliser sa voiture, sa moto ou les transports en commun se verrait indemnisé 21 centimes d’euro au kilomètre. Un système qui existe déjà chez nos voisins belges. Hélas, cette proposition a été refusée par le Ministère des Transports. Pour un employé habitant à 3 kilomètres de son travail, c’était 0€ d’essence sur un mois et un bonus de 25,2 € par mois pour 120 kilomètres effectués. Cette proposition a été refusée afin d’être « évaluée ».
Exonérations fiscales pour les entreprises qui mettent à disposition des vélos aux salariés. Le but de cette mesure est de récompenser les entreprises proposant à leurs salariés des vélos, par le biais d’exonérations fiscales. Une deuxième proposition intéressante, mais qui a été également refusée par le Ministère du Travail.
Le « tourne à droite » pour faciliter la circulation. Mis en place dans de nombreuses villes françaises comme Nantes, Bordeaux et Strasbourg, le « tourne à droite » consiste à autoriser un cycliste qui, dans un carrefour, souhaite tourner à droite, alors qu’il est bloqué par un feu rouge. Cette proposition a été acceptée par l’ensemble du Ministère du Transport et est actuellement mise en place dans de nombreuses agglomérations françaises.
La relance de la démarche Code de la Rue. Initié en 2006, le Code de la Rue a pour but d’adopter le principe de prudence, de créer des zones de rencontres, de générer le double-sens cyclable et de rappeler que le piéton est prioritaire sur les voitures et vélos quand il s’approche d’un passage réservé aux piétons. Le gouvernement y est favorable.
Une communication sur le thème « le vélo quotidien, c’est bon pour la santé ». Le bénéfice pour la santé d’une pratique régulière du vélo est considérable. La pratique actuelle, qui est autour des 3 %, représente un gain de 5,6 milliards d’euros sur les dépenses de santé. En 2020, une telle pratique ramenée ente 12 et 15 % permettrait d’engranger une économie de 15,4 milliards d’euros. La proposition d’un programme de communication national pour faire connaître les bénéfices du vélo a été acceptée.
Mise en œuvre d’un plan de développement du stationnement. Le but est d’équiper les habitats collectifs de garages à vélos ou de box, et d’augmenter les équipements sur la voie publique afin de ranger son vélo ou au moins de l’attacher. Cela implique par exemple la réalisation de garages à vélos près d’une gare ou d’un point de rassemblement important en ville. Thierry Mariani a assuré que serait signé un arrêté fixant la surface obligatoire des locaux à vélos dans les immeubles neufs. Rien n’a été évoqué pour les bureaux.
Développement de l’inter-modalité. Le développement de l’inter-modalité entre vélo et transports collectifs a pour but de réduire l’usage de la voiture et des nuisances qu’elle génère au profit d’un usage combiné de différents modes de déplacement moins polluants. Ceci afin d’inciter les usagers à utiliser le vélo. On pense fortement à l’utilisation du mode vélo-train. Le gouvernement a répondu favorablement à cette demande.
Sécurité et lutte contre le vol de vélos. Afin de lutter contre le vol, chaque vélo devrait être marqué par le système Bicycode géré par la Fédération Française des Usagers de la Bicyclette (http://bicycode.org). Cette proposition a été acceptée par l’ensemble de l’assemblée.
L’apprentissage du vélo. Réaliser à l’échelle nationale des actions d’apprentissage au vélo à l’aide des associations et collectivités locales. Cela implique des financements pour consolider les vélo-écoles déjà en place afin de pérenniser et développer ces actions. Cette mesure a été reçue favorablement.
Déploiement d’un budget piste vélo. Le Plan Vélo prévoit un accroissement de 50 % de la contribution de l’Etat pour le développement du réseau des véloroutes et voies vertes. L’investissement actuel de 3 millions d’euros serait porté à 4,5 millions d’euros. La réponse à cette proposition a été favorable, elle permettrait en outre de développer le tourisme.
Une prochaine réunion aura lieu dans deux ans.