La 27ème édition de l’Etape du tour a tout d’abord été marquée par l’arrivée la plus haute de son histoire et les 2360 mètres de l’Izoard. Le Tourmalet en 2010 et le Ventoux en 2009 avaient déjà été le théâtre de grands exploits cyclosportifs en altitude, mais jamais la cyclo la plus fameuse n’avait tracé sa ligne finale si proche du ciel. Et pour embellir tout cela, la course s’est déroulée sous une météo magnifique. ASO, bénie des dieux sur ce coup, a pu admirer les premiers et les derniers terminer leur journée sous un grand soleil, mais dans une chaleur étouffante. En particulier sur les sévères pentes de l’Izoard. Tôt ce matin, 12162 participants s’étaient réunis à Briançon, répartis en quinze sas de départ, un s’ouvrant toutes les 7 min dès 7 heures du matin.
L’occasion de noter le seul petit bémol sur l’organisation. Les neuf premiers sas rentraient d’un côté, les six autres d’un autre, mais là où les routes se rejoignaient, sur un rond-point, un gros embouteillage digne d’un retour de vacances se dressait devant les concurrents. Ce qui n’a pas empêché les hommes forts du jour de prendre un départ ultra-rapide sur la nationale 94, route très large permettant à chacun de trouver aisément sa place. Le seul point dangereux venait du fait que des coureurs venant prendre le départ croisaient les premiers du peloton, et avec quelques-uns doublant un coup à droite et un coup à gauche, les risques de tomber avant d’apercevoir le nez d’un col augmentaient.
Il faisait frais à 7h, mais les manchettes sont vite tombées en voyant le soleil poindre sur les hauteurs et réchauffer les cuisses des participants. Les organisateurs avaient eu la bonne idée de proposer une bifurcation en direction de Réotier, pour un clin d’oeil au triathlon d’Embrun, ce qui obligeait le peloton à passer sur une voie de chemin de fer. Le train de 7h45 était maintenu, et l’on espère que tout le monde est passé sans dommage. La courte montée de Réotier, petite bosse déjà munie de banderoles « Allez Bardet », allait écrémer les paquets et pour éviter de rentrer dans des villes comme Savines-le-Lac avec de trop gros pelotons. Même si les sept minutes d’écart et la rapidité des différents paquets donnaient également à la côte des Demoiselles Coiffées de dissoudre un peu plus les groupes.
Parmi les noms connus de cette édition, notons les présences de Jean-Christophe Péraud en première ligne, Frank Schleck, venu en loisir et ambassadeur de Mavic, des coureurs comme Geoffroy Lequatre, le champion olympique de descente Antoine Deneriaz, ambassadeur de Mécénat Chirurgie Cardiaque, sans oublier Edwige Pitel et Magdalena de Saint-Jean côté féminin. Un professionnel s’était même glissé dans la liste des participants, Julien Bernard. Venu pour préparer la Vuelta ou pour éclairer Alberto Contador d’ici jeudi nous n’en savons rien, mais la 46ème place du Dijonnais montre qu’il est venu pour un entraînement.
La première difficulté, la côte des Demoiselles Coiffées, s’est montée sur la plaque pour les cadors, plus en souplesse pour les autres sur un revêtement parfait. Merci au Tour de France qui a permis de refaire toutes les routes empruntées aujourd’hui, et de laisser des voies de qualité aux locaux après sa visite. Venait ensuite la descente vers Barcelonette, qui nous laissait craindre le passage dans le tunnel du Ponti, déjà traversée lors de notre reconnaissance. Mais finalement tout était éclairé à la perfection et la sécurité, une fois de plus, bien présente.
Puis est venue la longue route en faux plat montant vers Barcelonette, ses paysages magnifiques et les bâtisses splendides réalisées par ses habitants partis s’enrichir au Mexique. Contournement par le périphérique où se trouvait le signal du 101ème kilomètre, placé au milieu d’un long faux-plat. Ces efforts à répétition, emmenés grand plateau pour beaucoup, ont fait monter le dénivelé du jour à 1500 mètres avant le pied du col de Vars. Autant dire que les départs trop rapides allaient être payés immédiatement.
La route continuait avec la traversée de Jausiers, toujours en faux-plat montant. Il fallait faire attention à ne pas être isolé, rouler en paquet permettait de préserver ses forces. Le vent n’avait pas encore joué de mauvais tours, et le début de Vars se présenta. Pas une énorme difficulté mais mes pourcentages avoisinant les 10 % à mi-col devenaient exigeant après voir mis la plaque depuis le départ. De la très belle route, du jamais vu à ce niveau de qualité, ce qui nous permet de donner les bons et mauvais points de la journée.
La palme du mauvais goût à un coureur anglais, qui portait un maillot marqué « enc… de cycliste » !! Signé Made in UK, humour anglais que les automobilistes pourraient bien prendre à la lettre et qui ne pas arranger la cohabitation cyclistes-automobilistes. Les bons points sont heureusement plus nombreux, et le premier va pour un jeune qui se trouvait à un kilomètre du sommet du col de Vars. Vêtu d’un t-shirt Scott, il encourageait tous les coureurs munis d’un vélo Scott. Les valeurs n’attendent pas le nombre des années. Deuxième bon point, dans la montée de l’Izoard, par deux fois nous avons remarqué des gens sur le bord de la route, qui ramassaient les emballages laissés par les coureurs visiblement trop pressés pour avoir une pensée écologique. Merci à eux de penser à la santé des montagnes. Et enfin le troisième, c’est la présence en nombre, près d’une semaine avant la course des professionnels, de nombreux camping-cars, drapeaux accrochés, prêts à arroser les coureurs s’ils le souhaitaient, pour les aider à arriver au sommet dans une fraîcheur relative. D’un bout à l’autre du parcours était présente une ambiance festive, musical entre cor et guitare, de quoi mettre de bonne humeur toute la journée. Noublions pas non plus, les Allez Vélo 101 qui oublient Scott et Risoul, mais font tout le temps plaisir.
Au niveau de la course, la décision s’est forcément faite dans les cols, la descente de Vars puis la remontée de la vallée menant à la difficulté finale. Heureusement, le vent avait choisi de pousser tout le monde dans le dos et donnait un peu d’aide avant d’arriver dans l’Izoard, à la fois plat de résistance et dessert du jour. Et beaucoup marchaient loin du sommet, sur les cales, plus que jamais à la peine. Dans les derniers kilomètres, l’expression s’arracher n’a jamais été aussi juste, c’était chacun qui se battait contre sa machine et la pente. Une arrivée digne de l’Etape du Tour. Puis, après un ravitaillement bienvenu, la redescente neutralisée vers Briançon, très bien sécurisée en route fermée, menait au village ouvert. Remise des prix, et du bidon finisher, qui fait pauvre à la place du traditionnel maillot finisher. Un cadeau coureur se trouvait dans une musette d’équipe professionnelle, mais pas une barre énergétique n’était à se mettre sous la dent.
Au niveau des classements, Edwige Pitel l’emporte chez les filles, pour le 2ème année de suite, au grand dam de Magdalena De St-Jean. Chez les Hommes, c’est le Norvégien Abrahamsen Jonas qui s’est imposé, devant le tenant du titre Tao Quemere. Une édition d’un très haut niveau, qui s’est donc achevée au sommet de l’Izoard. Les bénévoles étaient très nombreux et les gendarmes présents où il fallait. Illustration d’une organisation de qualité pour cette étape du Tour.
Classements Hommes :
- Abrahamsen Jonas en 5h15’26″
- Tao Quemere en 5h17’43″
- Jonas Ellingsen en 5h17’51″
- Cédrick Dubois en 5h18’06″
- David De Vecchi en 5h19’01″
- Robin Christophe en 5h19’35″
- Frédéric Glorieux en 5h20’01″
- Loic Herbreteau en 5h20’10″
- Brunello Jeremy en 5h20’27″
- Antoine Berlin en 5h21’30″
Classement Femmes :
- Edwige Pitel en 5h42’14″
- Magdalena De Saint Jean en 6h08’58″
- Charlotte Morel en 6h09’34″
- Marion Sicot en 6h14’49″
- Marion Blondeau en 6h38’14″