L’Ariégeoise est l’une des cyclosportives qui rythment l’année des passionnés. La bien nommée traverse le département de l’Ariège, au coeur des Pyrénées. Les locaux vous diront sans doute qu’il s’agit de la plus belle part du massif. Mais sans créer de débat, il est facile d’affirmer que les paysages y sont on ne peut plus sauvages. En s’échappant d’Andorre, les coureurs du Tour de France traverseront en partie ce décor magnifique et verdoyant sans pour autant en affronter les difficultés. Car si la région ressemble à un paradis naturel pour les amoureux de la montagne, les cols ariégeois peuvent avoir des allures infernales pour les amateurs de la Petite Reine. Des pentes irrégulières, des routes étroites comme des chemins, et parfois une chaleur étouffante, de quoi en décourager plus d’un. Et pourtant, pour cette 21ème édition, ils étaient encore près de 5000 au départ de Tarascon-sur-Ariège.
L’organisation a, cette année encore, présenté un condensé de ce qui fait le charme et la difficulté des lieux. Col de la Chioula, col de Pailhères et Plateau de Beille, ou tant d’ascensions que la Grande Boucle a déjà sublimées. Rappelez vous ce jour de 2004 où Thomas Voeckler, vêtu du maillot jaune, se battait avec son vélo pour résister à Lance Armstrong sur les pentes menant à la station du Plateau de Beille ; plus récemment, en 2013, dans la descente du col de Palhières, où Thibaut Pinot perdait les pédales, rongé par la pression et le stress transmis par tous les espoirs des Français. Toutes ces histoires ont construit la légende de ces cols et l’Ariégeoise propose de les revisiter.
Alors, pour encourager ceux qui ont envie d’écrire leur propre histoire, de fabriquer leurs propres souvenirs, les bénévoles de l’Ariégeoise délivraient leur plus beau sourire au départ de Tarascon-sur-Ariège. Dans une organisation huilée, chacun récupérait son dossard avant de s’élancer à l’assaut de ces mythes pyrénéens. Dans le sas, l’ambiance est détendue et l’heure est à la plaisanterie comme pour oublier l’ampleur de la tâche et à quel point il faut se montrer humble face au gigantisme de la montagne.
Les plus entraînés sont allés affronter les 169 kilomètres du parcours de l’Ariégeoise XXL et ses 4378 mètres de dénivelé positif. Et il faut croire qu’ils étaient en plus pressés. Accompagnés des concurrents du parcours de l’Ariégeoise (153 kilomètres), les participants ont avalé le col de la Croix des Morts et les 80 premiers kilomètres rapidement avant d’attaquer le col de Pailhères. Ses pentes irrégulières en font l’une des difficultés les moins abordables de la journée. La sélection s’opère alors sous l’impulsion des frères Couffignal. Ce n’est qu’une dizaine de rescapés qui bascule en tête dans la vertigineuse descente. Dans l’ombre des 2001 mètres de hauteur de Pailhères se cache l’ascension de la Chioula. Lorsque certains, exténués au sommet, voient déjà l’arrivée se profiler, d’autres savent qu’il leur reste un morceau, et pas des moindres : le Plateau de Beille.
Parce que ces amateurs n’en ont que le nom, la météo a voulu les transformer en véritables Forçats de la Route en faisant apparaître la pluie, le brouillard et le froid. La montée est si dure que certains la comparent à celle du Lautaret. Les courageux sont accueillis en haut par un dernier ravitaillement bien sucré et une ligne d’arrivée bien méritée. Il est alors l’heure de redescendre de ce col, fermé à la circulation pour l’occasion. La météo contraint l’organisation à s’adapter en mobilisant des motos suiveuses pour accompagner, par sécurité, des groupes de coureurs. Les conditions ont voulu leur enlever mais les participants retrouvent vite le sourire de l’aventure achevée. L’épreuve terminée, un maillot « Ariégeoise 2016 » et un bon repas est offert. Et s’il devait y avoir une revendication, on aimerait un col plus dur que celui de la Croix des Morts dans les 80 premiers kilomètres ! Les cyclosportifs sont vraisemblablement tombés amoureux de la région, ils en redemandent…
Jean Goubert, Bodo Vosshenrich et Robin Christophe sont respectivement les lauréats des éditions 2016 des parcours 169, 153 et 127 kilomètres. Chez les Dames, Martina Sans Saglot s’impose sur le plus long parcours pendant que Sandrine Bouiller et Florence le Gallic l’imitent sur les deux autres tracés.
Classement 169 km :
1. Jean Goubert en 5h48’47″
2. Sébastien Pillon en 5h49’12″
3. Pierre Tartie en 5h50’13″
4. Vincent Couffignal en 5h52’32″
5. Mathieu Couffignal en 5h52’32″
6. Oriol Colome Roca en 5h53’36″
7. Julien Briez en 5h54’11″
8. Thomas Peyroton Dartet en 6h04’00″
9. Jean-Luc Chavanon en 6h04’37″
10. Benoit Lagorce en 6h05’16″
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112 et 1ère Dame. Martina Sans Salgot en 7h02’14″
Classement 153 km :
1. Bodo Vosshenrich en 4h51’44″
2. Thibault Marc en 5h09’20″
3. Dominique Balitrand en 5h10’16″
4. Dominique Savelief en 5h11’33″
5. Guillaume Laffont en 5h14’42″
6. Jean-Pierre Boyrie (Team Scott-Vélo 101-Risoul) en 5h15’11″
7. David Loze en 5h15’14″
8. Victor Del Corrla Morales en 5h17’22″
9. Gilles Martin en 5h18’55″
10. Esteban, Mendez Cuadreado en 5h20’37″
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70 et 1ère Dame. Sandrine Bouiller en 5h47’15″
Classement 127 km :
1. Robin Christophe en 4h17’04″
2. Damien Echeverria en 4h18’09″
3. Colin Thomas en 4h21’31″
4. Clément Cambier en 4h21’31″
5. Maxime Garcia en 4h22’43″
6. Vincent Colombiès en 4h23’29″
7. Jordan Perrin en 4h24’06″
8. Nicolas Garach en 4h24’45″
9. Pierre-Alain Raimondo en 4h25’59″
10. Johann Laffont en 4h26’35″
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28 et 1ère Dame. Florence Le Gallic en 4h38’46″