La Résistance est une épreuve non chronométrée qui se déroule près des lieux historiques de la résistance lors de la seconde guerre mondiale. Entre janvier et mars 1944, c’est sur ce fameux plateau des Glières que plusieurs centaines de maquisards se sont battus contre les forces de Vichy puis contre une division de la Wehrmacht. Mais par la suite ce fût le lieu où près de 3000 hommes ont accueilli les parachutistes qui ont par la suite libéré la Savoie. Stéphane Cognet est militaire et ambassadeur de l’épreuve, et c’est lui qui va vous accompagner pour ce récit d’une première, vécue de l’intérieur. Au programme : 130 kilomètres, avec 3200m de dénivelé positif, ou 90 kilomètres et 2400 mètres de dénivelé positif.
La météo était vraiment de la partie avec une journée encore très estivale pour cette fin septembre : grand soleil et chaleur annoncés ! Je suis sur la plage de Talloires de bonne heure pour déguster un bon café et finir de préparer mon Grade 9 en titane sur-mesure et spécialement conçu pour la pratique du Gravel. Vérifications de mes roues carbone , mes pneus Gravelink , pression basse 4 bars à l’avant et 4,4 pour l’arrière. Pour ne pas exploser la roue, rebondir ou pire éclater le pneu sur les portions de gravel, il faut être en basse pression tout en veillant à ne pas être sous-gonflé.
8h30, je suis dans la première vague de coureurs avec les invités, et mes camarades blessés de guerre. Nous partons sur un petit rythme pour nous mettre en jambes, d’autant plus que la température est fraîche à cette heure-ci. Au bout de 8,2 kilomètres, nous entrons sur la première portion de gravel, juste de quoi s’échauffer (2,7 kilomètres), et déjà certains ont un peu du mal à manier leur vélo. D’autres sont très adroits, un concurrent est même en fixie ! De mon côté tout se passe bien, j’ai du plaisir à chercher où placer mes roues, gérer mon équilibre et ma motricité. C’est véritablement un pilotage différent de celui que nous connaissons en route, cela se rapproche plus du cyclo-cross voir VTT XC. J’arrive au pied du col de l’Arpettaz (14,4 kilomètres à 8% de moy) qui est le plus long de la journée. Je suis sur un gros tempo, malgré que cette épreuve ne soit pas chronométrée, je grimpe au seuil.
Je suis tout seul toute la montée en réalisant en très beau temps de 51’50’’. A peine le temps de pointer ma carte de passage au refuge que je me lance sur la route de la soif. C’est LA portion gravel du jour. 14,7 kilomètres qui relie les cols de l’Arpettaz et celui des Aravis sur une route absolument magnifique mais un peu trop haute-montagne et pas assez gravel… C’est le point négatif à mon sens de la journée et cela va se préciser dans les minutes qui suivent. Au bout de 500m je crève de la roue avant ! Pas de panique, je place ma bombe anti-crevaison et repars… mais 200m plus loin, je crève de nouveau, la chambre à air éclate, la mousse s’échappe entre le pneu et la jante…Mais la moto Mavic n’est pas loin, et me dépanne rapidement.
Je repars juste derrière le second concurrent qui vient de franchir à son tour le sommet. Je suis prudent, je fais attention à ne pas taper la roue, à ne pas rouler sur des cailloux trop pointus ou coupants mais après un kilomètre sur cette route (décidément maudite pour moi), nouvelle crevaison ! Cette fois je n’ai plus rien pour me dépanner, je rage, je pense à abandonner ! Je charge mon Grade 9 sur l’épaule tel un cyclocrossman, et remonte au sommet. Après plusieurs tentatives de réparations, rien n’y fait. Nous décidons d’aller jusqu’à la sortie de cette portion gravel pour prendre une roue au camion Mavic. C’est donc sur la moto, avec le vélo sur l’épaule, que je franchis cette portion, un peu honteux vis-àvis de ceux que nous doublons.
Il est déjà presque 11h30 et la chaleur commence à se faire sentir, je repars vite dans la descente. Je traverse la station de La Clusaz et laisse sur ma gauche « La Petite » qui est rejoint le Col de le Croix Fry avant de replonger sur Talloires. A Entremont je tourne pour aller chercher le bas du col des Glières (6,8 kilomètres à 10% de moyenne) Celui-ci est court mais très raide, je reprends mon rythme élevé, je redouble de nombreux concurrents. Au sommet, nouveau pointage et nouvelle portion gravel pour relier l’autre partie du plateau. Les paysages sont à couper le souffle. Une petite pause pour admirer le monument Gilioli des Glières puis je plonge dans la longue descente. Celle-ci est technique, avec un freinage hydraulique je me permets de freiner tardivement et flirte avec les 80km/h…
Sur une portion de faux plat je rattrape un concurrent qui me dit être le second. Celui-ci est un représentant de Vélosophe et ancien champion du monde des professions de la médecine. Nous nous entendons bien et roulons de concert jusqu’à l’arrivée, que nous franchirons ensemble. Au total j’ai mis 4h55 (sans compter les pauses) pour ces 130 kilomètres. Cela signifie une moyenne basse mais avec les portions gravel il n’est pas possible de tenir une grosse moyenne. Le parcours est absolument magnifique, j’en ai pris plein les yeux. Si je devais noter un petit bémol, ce serait le fléchage, j’ai parfois dû chercher ma route ou revenir sur mes pas.
Une fois la douche prise, je me ravitaille en vitesse et patiente sur cette magnifique plage de Talloires jusqu’à la tartiflette géante. Les premières parts sont servies sur les coups de 18 heures… Cependant des portions généreuses sont servies. Le rosé, Burger, bagels et tartines sont proposés également, mais non compris dans le repas. Le reste de la soirée sera dansante avec un « flashback » dans les années d’après-guerre à l’occasion d’une Guinguette. Une démonstration de danse d’époque est dispensée mais suivie par tous ceux qui ont encore la force de danser, après tant d’efforts.
Pour conclure, c’est une très belle épreuve qui a le mérite d’oser le Gravel en France. Étant leur première organisation, certains points sont à améliorer mais c’est avec des critiques constructives que chaque année les évènements se remettent en question et s’améliorent ! Alors vivement 2017, testez le Gravel et découvrez de nouveaux horizons !