Vingt ans après sa création, les organisateurs de l’Etape du Tour, revenue à un seul rendez-vous, ont concocté le parcours le plus simple qui soit en termes de logistique : départ et arrivée presque au même endroit, facilité d’accès, taille de la ville d’accueil et ses alentours, etc. On ajoutera même facilité de bâcher et de rentrer sur Annecy, si les jambes ne sont pas là, le 7 juillet.
C’est un peu moins de deux mois avant la date fatidique que nous avons reconnu ce parcours de 130 kilomètres entre les rives du lac d’Annecy et le sommet du Semnoz. Cette montagne qui domine Annecy du haut de ses 1655 mètres se démarque aussi par ses rafales de foehn qui ramèneront vite les coureurs vers le lac où l’accueil d’arrivée sera organisé. C’est avec une équipe royale que nous avons pu effectuer ce parcours : la voiture jaune de Mavic en assistance, une équipe Mavic de choc, cela va de soi, quelques coureurs locaux, des Vélo 101 et Nicolas Roux, en personne. Le vainqueur de Pau-Bagnières-de-Luchon l’an dernier sera extrêmement motivé pour assurer un doublé, chez lui et avec un partenaire aux voitures jaunes, lui aussi !
Le départ est on ne peut plus bucolique. On longe les berges du lac sur quelques kilomètres, pour quitter la ville sur des routes plates, avec pas mal de rond-points, mais sans dos d’âne. Il faudra être vigilant, d’autant plus que ça va partir très vite, sur une douzaine de kilomètres, avant de bifurquer à droite vers, Saint-Jorioz, Saint-Eustache et la côte du Puget, prise à froid ou presque. Il faudra être bien placé et suffisamment chaud pour l’absorber car elle fait un peu plus de 5 kilomètres à plus de 5% de moyenne. Direction, le premier col du jour, le col de Leschaux qui paraît presque facile et qui culmine à 944 mètres. On entre dans le massif des Bauges et on aurait tendance à raccourcir la description en assurant que c’est Bauges, et même très beau, surtout par temps clair comme lors de notre reco. Mais ce n’est jamais gagné dans ce massif à la verdeur campagnarde bien marquée. Cette première montée est superbe pour ceux qui voudront bien jeter un oeil à droite sur les berges du lac et à gauche sur le massif et les monts qui nous attendent pour les heures suivantes.
Le prochain col est le col des Près au kilomètre 56. Mais avant ça, il y a déjà de quoi bien s’user, vers Bellecome-en-Bauges et le Châtelard. Des creux, des bosses, on est toujours en prise, et l’événement aidant, chacun va tout donner, et laisser pas mal d’énergie. La descente du col des Prés est rapide et sinueuse. Les routes sont bonnes, et il nous est apparu que certaines parties sont en réfection dans la perspective de juillet : merci le Tour ! C’est après Aillon-le-vieux, qui précède le jeune, que commence vraiment le col des Près. Une station-service à droite, un virage à gauche et c’est parti ! On continue d’aller crescendo dans l’altimétrie, 1142 mètres au sommet, mais rien de trop difficile quand même, on attend la suite !
Sur le sommet, on est très exposés. Le vent va faire mal, surtout qu’il est de face. Isolé s’abstenir, rouler groupé c’est prévenir ! Place à la belle descente vers Thoiry, descente rapide, sinueuse, sans trop de dangers si ce n’est l’ivresse de la vitesse et les saignées dans les routes. Attention, et maîtrise du vélo en toutes circonstances requises !
On replonge à l’altitude du lac d’Annecy, à 400 mètres, pour mieux remonter vers La Féclaz, le col de Plaimpalais et surtout le Mont Revard et ses 1463 mètres. Une montée d’une bonne dizaine de kilomètres au milieu des sapins, sur une route large, avec des pourcentages jamais trop élevés, mais où le macadam est assez défoncé. Pas de soucis, on est en montée, mais c’est de la tôle ondulée à certains moments. Pas besoin de secouer le bidon ! On est en revanche au paradis du ski de fond, et ça se voit, ça se sent. Des forêts de sapins de chaque côté, et comme une envie de chausser les skis.
Chaque chose en son temps, c’est parti pour une longue descente vers Saint Offenge. On retrouve des routes larges, où ça va rouler fort, mais avec toujours de quoi user un peu plus les batteries. La descente vers le Pont-de-l’Abîme est sublime, mais rapide. De toute façon, on ne pourra pas trop s’attarder, car ça remonte aussitôt. On fonce vers Cusy, histoire de se délester toujours des forces pour la suite, et on arrive aux deux Quintal. Au second, c’est là que ça commence et là que véritablement va s’effectuer la décision entre les meilleurs. On n’imagine pas forcément un gars qui serait parti seul lors des 120 premiers kilomètres, et qui achèverait le travail au Semnoz. Non, c’est plutôt sur les premières rampes, juste à droite après Quintal, que les attaques vont fuser et que les jambes vont parler.
Que ce soit pour les pros (où on n’imagine pas que les favoris ne la reconnaissent pas) que pour les cyclos, cette course de côte va être intense. 11 kilomètres à plus de 8% de moyenne, des passages à plus de 10% ça va cogner et pas seulement côté thermomètre où on espère que Revard ne rime pas avec brouillard, ce jour-là. On arrive vite dans la forêt qui est tout simplement un écrin. L’ombre sera la bienvenue, car les rampes vont faire mal. C’est tout à gauche et c’est là qu’il faudra en avoir gardé et que certains vont regretter d’avoir trop donné dans les parties plus faciles, mais bien usantes puisqu’on arrive à plus de 3300 mètres de dénivellation au total.
À un peu plus de 4 kilomètres du sommet, on prend à droite, et si on jette un oeil à gauche c’est Annecy, et ses rives bienveillantes. Particularité de ce parcours 2013, que ce soit à Quintal, voire même bien avant, on peut schinter et les bus de ramassage ne devraient pas être trop sollicités. Après ce croisement, c’est toujours aussi costaud, mais il y aura les encouragements de ceux qui en ont fini, et qui redescendront vers Annecy où seront organisées les opérations d’arrivée : podiums, repas, etc.
Cette édition 2013 de l’Etape du Tour a fait débat. Trop courte, pas de cols assez connus, pas assez difficile, bref pas assez mythique ! Oui, mais comme on le sait, « ça c’était avant » avant de l’avoir finie, et d’avoir tout donné pour vaincre le Semnoz où les pros pourront apercevoir l’Arc de Triomphe et les Champs-Élysées. Les cyclos seront dans leur fauteuil ou sur le bord de la route, le 20 juillet, mais ça va être une belle Etape, et il serait sympa que le moins connu de tous les cols Savoyards fasse la décision du Tour 2013.
On l’a dit, il faudra savoir gérer ces deux parties bien distinctes d’Etape 2013. En tous cas, on retient un parcours sympa, un environnement agricole, forestier, vert au possible, et très facile à appréhender sur le plan de la logistique. Un parcours que la plupart des coureurs vont découvrir, apprécier c’est certain et fêter, on l’espère pour tous, pas nécessaire de plonger dans le lac ! Mais nous avons fondu pour cette belle matinée savoyarde.
Demain vous pourrez retrouver sur Vélo 101 cette reco en vidéo !