En effet, les 400 coureurs sont montés, vaille que vaille, à 3687 mètres au dessus du niveau de la mer, soit l’équivalent de 2 fois le Ventoux. Un autre monde en sorte.

De Avon à Snowmass village, des mondiaux de ski, vtt aux manches du championnat vtt US, la Norba, 164 km étaient au programme, 2700 mètres de D+, 3 cols, Battle Mountain à 2792 mètres, Tennessee pass à 3177, et Independence pass, 27,4 kilomètres, 896 mètres de dénivellation, soit 3.4% de moyenne. Rien d’astronomique, mais à ces altitudes, ça décoiffe, et pas seulement à cause du vent, tour à tour favorable ou totalement l’inverse.

Avant ça, on a vite quitté Avon à 6h30 du matin, tout le monde un peu stressé devant l’ampleur de la journée à venir. Neutralisation, un peu trop lente, sur 10 km, chrono, on attaque Battle Mountain, 10.3 km, soft, pas vraiment le genre de col à déclencher la bagarre. On descend très peu, au milieu d’une cascade de verdure, un horizon enneigé à 4000 et quelques, des forêts, des ranchs avec soit des chevaux ou des bêtes à corne. Une ambiance, les coureurs qui murmuraient à l’oreille des chevaux, doublée de Et au milieu coule une rivière. La neige est partie il y a peu, les prairies sont bien vertes, et côté rivières, elles sont limpides ; Vous me mettrez une truite, Monsieur Findus ne peut pas lutter.

On enchaîne vite avec le Tennessee pass, là-aussi, rien de difficile, si ce n’ est qu’on passe la barre des 3000, 3177 exactement, pour la 2ème fois. Là-aussi plutôt un long faux plat montant qu’il faut gérer sans s’affoler. Si possible à l’ abri d’un groupe. Entre les sections chronométrées 2 et 3, du gravel, on traverse Leadville, située à 10200 pieds, largement plus de 3000 mètres d’altitude, une ambiance bûcheron ou chercheurs d’or, selon. Un endroit aux vues imprenables, où l’hiver, sous des mètres de neige, il faut s’aimer fort !

La ville accueille chaque année, les Leadville 100, 100 miles en trail ou en vtt, un certain Lance s’y est imposé, avec un pneu crevé pour terminer.

Leadville est située au km 60, le sommet d’Independence pass est au km 115, la transition est juste superbe, des cow boys, des cow girls, des ranchs, la nature dans toute sa splendeur, les montagnes enneigées et des lacs majeurs, mineurs, de toute beauté, une nature préservée, les américains ont un court passé, mais question paysages. Avant d’attaquer la section de gravel, vraiment agréable, ceux qui ont dessiné le parcours ont eu le bon goût de nous faire visiter Twin lakes, une splendeur. Mais le meilleur est à venir.

Km 90, on a un ravito à droite, puis c’est le chrono qui se déclenche pour le col de l’indépendance. 27 km de montée, régulière au début, sur une route en parfait état, large où il faut prendre son rythme, ne pas se mettre dans le rouge, à suivre ceux, celles qui se sont arrêtés un peu plus longtemps au ravito, et encourager ceux qu’on double, pour ça rien de tel que le prénom et le drapeau du pays sur chaque dossard, simple et efficace.

Toute cette procession se fait au milieu des forêts de sapins puis d’un mélange de peupliers et de ce qui ressemble à des bouleaux, tronc blanc, localement Aspen trees, on y arrive. De l’autre côté de la route, alternance de falaises à pic, de ranchs, et toujours au milieu des ruisseaux, des rivières, voire des cascades.

On sent bien sûr les effets de l’altitude et il nous revient en mémoire la sentence de pas mal de coureurs pros qui sont bloqués au dessus de 2000 mètres, à l’inverse, on comprend pourquoi les américains gagnaient le Tour du Colorado, face à des Européens fraîchement débarqués.

Expérience intéressante en tout cas, courir avec sa tête, ne pas lâcher, pas s’emballer, d’autant plus que les 5 derniers kilomètres sont tracés à la militaire, des longs bouts, virage et remettez-nous ça, le tout avec le vent. Il fait très beau, on est monté en court, aux cascades de falaises ont succédé les murs de neige, effet rafraîchissant garanti.

Le sommet est un délice, même si la musique est absente, beaucoup d’émotions, une première comme ça, on la fête. Descente sur Aspen, la station ultra chic du Colorado. Belle descente, propre, des boulevards, du Colorado, forcément, et du vent de face pendant 25 km, mais après ce qu’on vient d’expérimenter, une paille.

Les cols européens ont une histoire liée aux événements vélo, les cols américains ont une diversité de paysages extraordinaire, on souhaite à tous les cyclistes, amoureux des grands espaces de succomber, et puis le Mont Evans est à 4300 !

Ce jeudi, grosse étape encore, 170 km, 3000 m de D+, on arrive à Crested butte, un des villages pionniers du vtt, la station aussi de la fat tire beer. A la vôtre.