Une semaine tout juste après l’arrivée du Giro et le dernier contre-la-montre de Vérone, qui fût l’occasion d’assister à un magnifique spectacle dans les arènes, aussi bien lors des départs des coureurs que pour la cérémonie de remise des récompenses, c’est au même emplacement emblématique qu’était donné le départ de cette épreuve. Ici aussi, autour de la fameuse Piazza Bra que se trouvait le village exposants et qu’avait lieu non pas la pasta party mais la riso party.
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Bien sûr nous n’avions pas droit, comme les pros, à un départ de l’intérieur des arènes mais juste au pied. La ville qui a servi de cadre à Shakespeare pour « Roméo et Juliette » est aussi belle en réalité qu’à la
télé, en particulier le centre historique et ses remparts. Cette cyclo rend hommage au « Cannibale » et généralement Eddy Merckx fait le déplacement, mais pas cette année, à la suite de problèmes de santé, cependant Mario Cipollini était bien présent sur la première ligne pour donner le départ, sur le vélo bien sûr, avec à ses côtés un autre ancien pro Pietro Caucchioli.
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Alé cycling la marque Italienne de vêtements, organisatrice de l’évènement, fait partie du groupe Zecchetto qui est composé de 3 marques : Alé, DMT (chaussures) et Cipollini (vélos), ce qui explique la présence de « super Mario » chaque année et c’est d’ailleurs un de ses vélos qui nous a été prêté pour effectuer la granfondo, un modèle MCM disc, nous en reparlerons plus tard.
Alé offrait cette année avec l’inscription, un très beau maillot manches courtes, original car coupe-vent et hydrofuge (technologie Windtex), une paire de chaussettes, le package comprenait également un gel de chez Enervit et une mini bombe de WD40.
© Alé La Merckx
Nous reviendrons dans quelques temps sur la marque Alé dans un article qui lui sera consacré, car nous avons eu l’occasion pendant ce week-end, de visiter l’usine et d’assister au show de présentation de la collection printemps-été 2020.
Pour sa 13ème édition, même si elle a changé de nom et de lieu entre temps, cette épreuve propose, comme il est de rigueur maintenant, 2 parcours, le Granfondo, 129 Km / 2600m de D+ et le Mediofondo, 82 Km / 1450 de D+. Tous deux proposent une boucle en direction du Nord de la province de Vérone et de ses collines verdoyantes.
Une 3ème option est proposée pour ceux qui souhaitent rouler plus tranquillement et être accompagnés, la « Griglia Scaligera », une randonnée sans classement sur le parcours de la Mediofondo, encadrée par Mario Cipollini et quelques autres VIP dont des membres de l’équipe féminine pro Alé-Cipollini.
Cette année ce sont 2780 coureurs de 20 pays différents qui se sont inscrits, soit près de 500 de plus que l’année dernière, ce qui montre que cette épreuve se place désormais parmi les plus importantes Granfondo Italiennes.
Il est 7H45, les sas de départ se remplissent et la musique électro résonne dans la ville, quelques mots des VIP, quelques photos de la première ligne puis le décompte des dernières secondes est lancé. Le départ est donné à 8h sous un grand ciel bleu et nous nous élançons dans les rues de la cité, ça part vite, très vite ! Il faut dire que le plateau est très relevé, les meilleurs Européens ont fait le déplacement à la conquête de ce premier titre tant convoité. Pas le temps de lever les yeux pour admirer Vérone, c’est à bloc, le nez dans le guidon, que nous nous retrouvons déjà à traverser les premiers villages, le compteur ne descend pas sous les 45 Km/h.
Nous traversons les vignobles produisant quelques-uns des meilleurs vins Italiens, comme le Valpolicella, doté d’une appellation d’origine contrôlée.
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Après 20 Km, à la sortie de Gargagnago, se présente la première difficulté, une cote de 3 Km, l’écrémage a déjà eu lieu sur le plat tellement la course est partie vite et c’est un peloton scindé en nombreux groupes qui arrive au pied de la bosse, le nôtre est composé d’une quinzaine de coureurs. Et c’est ici même, que Vincenzo Pisani (ASD Team Euronics) et Davide Busuito (Team De Rosa Santini) attaquent et commencent une longue échappée en duo, jusqu’à l’arrivée, ils ne seront jamais repris par les poursuivants.
La chaleur se fait déjà bien sentir, et contraint certains à déjà utiliser leur bidon pour s’arroser, au sommet, un replat nous emmène jusqu’au village de Mazzurega avant de plonger dans une descente sinueuse, en sous-bois, de 5 Km, la prudence est de mise car les routes de campagne de la région ne sont pas dans un état irréprochable. Nous avons la chance que le vélo Cipollini qui nous a été prêté, est équipé de freins à disques, très appréciables dans cette descente.
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Une nouveauté était proposée sur ce parcours 2019, la longue ascension d’une colline de 18 Km menant jusqu’à Santa Anna d’Alfaedo, à 940 m d’altitude, apparemment une des ascensions préférées des cyclistes de la région, pour son calme et sa vue imprenable sur la partie Sud de la vallée du Pô, qui permet par temps clair d’apercevoir au loin les Apennins ou le lac de Garde, plus proche.
Nous avons pu le vérifier, en montant a travers les champs, en traversant des petits villages, on a pu apercevoir la neige, en face sur les sommets. La pente est discontinue, souvent de 6-7%, elle présente des replats sous les 3%, et même quelques très courtes descentes, mais une portion de 2 Km juste après le village de San Rocco, monte entre 9 et 13%.
C’est une partie de cette ascension qui a été choisie cette année comme lieu pour placer la « Cannibale », une course dans la course, un CLM en montée, qui donne lieu à un classement spécifique, de tradition sur cette épreuve, pour rendre hommage à Eddy Merckx.
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Un petit point concernant la sécurité, l’organisation est bien rodée de ce côté-là, des signaleurs sont positionnés à tous les carrefours pour stopper les voitures et nous indiquer les directions, il y a même des ambulances qui suivent la course, prêtes à intervenir si besoin. Nous avons vu également plusieurs motos d’assistance technique, équipées de valises contenant sans doute des outils et de quoi réparer les crevaisons.
Après 61 km, les parcours se séparent, les coureurs optant pour le Medio continuent tout droit pour descendre la vallée et rentrer à Vérone, tandis que nous tournons à gauche en direction d’Erbezzo pour effectuer une boucle supplémentaire.
Dès la bifurcation, la dernière ascension débute, notre groupe s’est considérablement réduit, plus de la moitié a choisi le petit parcours.
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Il fait de plus en plus chaud, au-dessus de 25°, les ravitaillements sont pris d’assaut, pour nous aussi un arrêt s’impose, les 2 bidons sont presque vides, nous en profitons pour prendre le temps de faire quelques photos et vidéos, et voir ce qui est proposé pour se ravitailler, notre but n’étant pas de faire un chrono mais de vous retranscrire au mieux cette épreuve. Côté liquide en plus de l’eau, des verres de soda sont disponibles, côté solide pas de barres ou de gels mais des bananes, fruits secs, noix, abricots biscuits et gâteaux, en quantité suffisante pour tout le monde.
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La route monte régulièrement jusqu’au village d’Erbezzo situé à 1118 m d’altitude, il faut compter 12,5 km depuis la bifurcation, avec des pentes d’environ 6-7%. A la sortie du village nous prenons la direction du Passo del Pidocchio, qui culmine quand même à 1 568 m d’altitude, une ascension régulière de 8,5 Km dans un paysage magnifique à travers les vastes prairies de la Lessinia qui servent de pâturages à des milliers de bovins.
Les premiers Km de descente nécessitent vraiment de l’attention car ils s’effectuent sur une route très étroite, de la largeur d’une seule voie et sur un revêtement en mauvais état, ça secoue, on n’est pas loin du gravel !
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Au pied de la descente, nous arrivons à la bifurcation et passons tout droit cette fois ci, pour redescendre la vallée jusqu’à Vérone. Cette partie-là, sur une large route et de longues lignes droite est la moins
intéressante du parcours, mais il faut bien traverser l’agglomération pour rentrer en ville.
Les organisateurs ont souhaité intégrer une dernière difficulté, la ligne d’arrivée est placée, non pas en centre-ville mais au sommet de la côte de Torricelle et ses 2,5 Km de montée par ce côté. Souvenez-vous la dernière étape du Giro, il y a quelques jours, le CLM de Vérone passait par Torricelle, c’est cette bosse qui a contribué aux quelques derniers changements de position au classement général, elle est connue également pour avoir accueilli le circuit des championnats du monde UCI 1999 et 2004, tous deux remportés par Oscar Freire.
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Cette dernière difficulté permet à Vincenzo Pisani de décrocher Davide Busuito et remporter l’épreuve en 3h37′, le podium est complété par Andrea Castelletti, arrivé avec plus de 7’ de retard. Les trois premiers
repartent satisfaits puisqu’étant dans des catégories différentes, ils décrochent chacun un titre de champion d’Europe. C’est également Vincenzo Pisani qui réalise le meilleur temps dans la portion chronométrée « La Cannibale ».
Chez les féminines, la victoire revient à Chiara Ciuffini (Team Isolmant Specialized) en 4h04’ qui remporte par la même occasion, le titre de sa catégorie, elle devance Erika Jesenko (Somec-MG.K) et Simona Parente (Team Isolmant Specialized) qui remporte elle aussi le titre dans sa catégorie. Elles étaient 230 à prendre le départ sur les 2 parcours.
Sur le mediofondo, c’est Davide Spiazzi (ASD Total Speed) qui l’emporte en 2h13’ et Deborah Rosa (Team De Rosa Santini) en 2h29’ chez les féminines.
A noter que des titres de champion d’Europe ont été attribués aux premiers hommes et premières femmes de chaque catégorie, mais uniquement sur le parcours Granfondo.
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Une fois la ligne d’arrivée franchie, dans une ambiance festive, nous pouvons profiter d’un dernier ravitaillement en attendant de redescendre dans le centre de Vérone, pour la riso party installée dans le cadre prestigieux du palais Gran Guardia, à proximité des arènes. Encore une fois, tout est bien organisé, les 6 Km de trajet pour redescendre, sont fléchés à tous les carrefours avec des gros panneaux, bien visibles.
Le plateau repas est bien garni, au menu un très bon risotto à la viande de veau, un petit panini mortadelle, une assiette de melon et jambon cru, et une petite part de tarte locale, le tout accompagné d’une bière et d’un café pour ceux qui le souhaitent, donc rien à redire mais plutôt des félicitations pour ce bon repas Italien.
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Côté chiffres, comme sur la plupart des cyclosportives, il y a une différence relativement importante entre le nombre d’inscrits et le nombre de classés à l’arrivée, pas seulement dûe aux abandons mais surtout à ceux qui ont eu un empêchement de dernière minute et aux filous qui s’inscrivent juste pour avoir le maillot quand celui-ci est beau ou collector et chargent un collègue de le récupérer. Sur le classement officiel de cette Granfondo Alé La Merckx 2019, nous trouvons ainsi, 850 coureurs sur le grand parcours et 1222 sur le petit, et si l’on rajoute les 70 coureurs ayant participé à la « Griglia Scaligera », on arrive à un total de 2142 coureurs ayant franchi la ligne d’arrivée, soit un beau chiffre que beaucoup de cyclos Françaises aimeraient pouvoir atteindre.
Côté chiffre encore, les organisateurs nous en ont donné quelques autres : 2700 risottos, 500 melons, 18 jambons, 1500 sandwichs, 25 voitures de courses, 310 bénévoles sur le parcours, 5 ambulances,…
Tout est dit, une très belle épreuve, très bien organisée, un beau maillot en cadeau et un bon risotto pour conclure la journée et s’il fallait trouver un point négatif, nous dirions l’état des routes qui à certains endroits laissait à désirer, mais ce n’est pas spécifique à l’Italie et c’était compensé par la beauté des paysages !
Sylvain FURNON