Un magasin de 450 m² sur deux étages à Paris, rue des Acacias, dans le 17e. Pas loin du Bois de Boulogne, même si l’environnement est très, très urbain. Une boutique proposant de la route et du VTT avant tout. Soit une double dose d’optimisme à coup sûr, surtout par les temps qui courent, faits de morosité, de « concurrence Internet qui tue les magasins », de Grandes Surfaces Spécialisées et de marques qui suppriment les intermédiaires.
Quand on sait que Guillaume de la Hosseraye, le fondateur du Kilomètre 0, a convaincu quarante décideurs pour lever 600 000 euros, on se dit que l’homme a le bras long, un bon pouvoir de conviction, une bonne expérience tirée de divers univers, et qu’il connaît suffisamment bien le vélo pour avoir choisi tout simplement la formule avant, pendant et après. Ouvert en juin, le « camp de base du cycliste à Paris » nous a reçus pour une visite en cinq épisodes jusqu’à vendredi. Histoire de finir l’année sur une note ultra optimiste.
Un bel emplacement, du volume, un logo bleu-blanc-rouge qui pète bien, des racks présentés devant le magasin, un bon éclairage, tout ici donne envie de rentrer. Kilomètre 0, c’est un vrai camp de base pour cycliste. Pas de doute, ses responsables ont tout compris. Et franchement il n’y a pas grand-chose à rajouter à la recette d’un succès programmé.
Premier élément de la recette gagnante, un atelier réparation minute ! Les coursiers, cyclistes de passage, motards, poussettes, fauteuils roulants pour handicapés, rollers, valises à roulette, tout le monde peut avoir un souci bénin qui vous met l’outil hors d’usage momentanément. Le temps d’aller boire un café, de taper la discute, de feuilleter un magazine, d’aller sur Vélo 101, et hop, la réparation est faite. En 10 minutes maxi, bien souvent par Ludivine Dubois (avec qui vous avez rendez-vous jeudi). Bien évidemment, ça n’empêche pas de venir aussi pour les services plus pointus avec immobilisation du vélo, quelle que soit la provenance de votre vélo ou de vos pièces. Ici tout le monde est le bienvenu, les tarifs sont affichés, y a plus qu’à…
La recette à succès du Kilomètre 0 s’appuie sur la diversité de l’offre. On est en milieu urbain, les coursiers, les fixies, les communautés cyclistes sont nombreux. Rien que sur le textile, le magasin dispose d’un très beau rayon femmes (Assos, Café du Cycliste, Pedaled, Poc, etc.) et hommes (les mêmes avec Sugoï, Giro, Louison Bobet, etc.). On en a pour tous les goûts, et le tout choisi avec goût, forcément. Côté vélos, VTT, VAE, VTC, les valeurs sûres sont là : Look, Bianchi, Colnago, Cannondale. La tradition européenne et la modernité anglo-saxonne. A rajouter GT en VTT, Gitane et Peugeot en VAE et VTC, plus quelques autres. Tout le monde y trouve son bonheur, le public route étant aujourd’hui plus présent que celui du VTT, question de localisation, mais Guillaume de la Hosseraye a quelques idées. Il nous les exposera vendredi.
Le vélo, c’est la convivialité avant d’être la rivalité. En tant que camp de base du cycliste, le Kilomètre 0 se veut un lieu de vie ou l’on se retrouve pour partager sa passion autour d’un bon café avec les revues du mois. La boutique dispose également d’un bel espace culture où sont proposés des livres sur et autour du vélo, le tout renforcé par des expos photos à thème (le keirin actuellement), des séances de dédicaces, des conférences à thème sur la diététique, la performance… Bref, la tête et les jambes, ça n’a jamais fait de mal, et au Kilomètre 0 ça ne dépareille pas dans le paysage. Côté accessoires cyclistes et composants vélo, tout semble en place. Les acteurs du pendant et de l’après sont là, reste à soigner la recette côté avant. Et c’est au premier que ça se passe !
En haut de l’escalier, une vaste table. Bon signe, ici on ne se pose pas dans son coin, tout seul, en tête à tête avec soi-même. Kilomètre 0 propose un service de snack, des salades avec quinoa, pâtes, sucres lents, des fromages blancs au crumble, des salades de fruits… Que du sportif, du bien vivre, du bien être, histoire de récupérer bien comme il faut après une bonne séance. Si on considère que cet espace restauration est aussi un des ingrédients du succès au long cours de Kilomètre 0, tout ce qui suit montre que le magasin a été pensé par des cyclistes, pour des cyclistes.
Passons sur le clin d’œil vestiaires-douches où les cintres sont des cintres… de vélo pour poser vos vêtements, et où le gel douche se trouve dans un bidon KM 0 fixé au mur… sur un porte-bidon !
Après la partie restauration/réconfort (qu’il va falloir mériter), on entre dans le vif du sujet de cet étage. Un espace avec six appareils Wattbike et Tacx Neo Smart, plus le Sticker de Whaooh. A terme, ce sont dix appareils qui seront à disposition des stagiaires et de leurs deux coachs (dont vous retrouverez les interventions demain). Le Kilomètre 0 part du postulat que l’avant est primordial. Il propose des programmes d’entraînement personnalisés, où comment améliorer sa technique de pédalage, la développer, optimiser sa puissance, décupler son endurance, etc. C’est la méthode Bonk, de l’anglais « exploser », pour apprendre justement à s’améliorer pour ne pas exploser. Tous les profils sont les bienvenus, du débutant à celui qui reprend le vélo après une coupure en passant par les triathlètes ou ceux, celles qui viennent rouler dans un environnement sain, quand dehors il fait pollution à tous les étages. La clientèle, cycliste ou issue du monde de l’entreprise, peut venir se challenger sur des défis où les chiffres parlent d’eux-mêmes : puissance max 1600 watts, cadence de pédalage 200 tours/minute, distance sur 10′ à une base de 49 km/h, ou autant de records à battre. Bref, avec un système de carnets d’abonnement, Kilomètre 0 propose tous les niveaux de tests, de mesures appropriées, et les programmes qui vont avec.
Pour une recette complète, Kilomètre 0 propose des études posturales. A première vue, ça a l’air plutôt complet, quatre heures passées à dialoguer, à mesurer, à écouter les sensations par Daniel Casado (à retrouver mercredi en interview), qui a œuvré chez Specialized et travaille avec des coureurs pros. Quatre heures auxquelles s’en ajoutent deux pour valider les impressions mesurables, sur le vélo à Longchamp, mettre en relief les chiffres qui sont posés, et optimiser l’étude posturale du client qui, en cas d’achat d’un vélo, se verra rembourser son étude.
Au moment d’attaquer le premier kilomètre de la conclusion, on se dit, comme souvent chez nous, que le vélo a de beaux jours devant lui. A condition d’innover, de bouger, d’arrêter de se plaindre à coups de « c’était mieux avant ». Il reste beaucoup de choses à faire, qui plus est en France, un pays qui fait rêver le monde entier avec le Tour. Aux magasins d’apporter le vélo, les services et l’accueil qui vont avec. Cinq, quatre, trois, deux, un, Kilomètre 0, c’est parti !