C’est une formidable fête que Tahiti s’apprête à donner au vélo à la fin du mois avec, pour point d’orgue, la 3ème édition de la Ronde Tahitienne le dimanche 1er juin. Imaginée par Benoît Rivals et organisée par le Vélo Club de Tahiti et des îles, la cyclosportive polynésienne passe le grand braquet cette année avec son introduction au calendrier national FFC. L’épreuve met en avant l’accessibilité du sport pour tous avec trois circuits proposés (110, 55 et 15 kilomètres), l’écocitoyenneté et son label Eco Cyclo, la promotion touristique avec la participation d’une dizaine de cyclistes venant de France, Nouvelle-Calédonie, Nouvelle-Zélande et Australie, l’esprit de citoyenneté et sa journée consacrée à la commémoration de la Première Guerre mondiale. Parrain de la première heure, Henri Sannier sera sur le vélo pour arpenter les routes de la côte sauvage le 1er juin.
Henri, dans quel contexte vous êtes-vous retrouvé parrain de la Ronde Tahitienne dès 2011 ?
J’ai d’abord été le parrain du Tour de l’Amitié, sur une proposition de son organisateur Benoît Rivals, qui m’a contacté après avoir lu mon livre sur « Les histoires secrètes du Tour de France » (Editions du Rocher). C’est quelqu’un qui adore le vélo et l’aborde à la fois par le côté humain, émotionnel et par la compétition. Il est devenu un ami. Quand il m’a proposé d’être parrain de la Ronde Tahitienne en 2011, j’ai accepté volontiers.
Connaissiez-vous alors Tahiti ?
Pas du tout. Je connaissais seulement Tahiti par le biais d’une personne de ma famille qui y avait été médecin militaire. Il nous parlait toujours avec passion de son passage dans les îles. J’en avais aussi longuement entendu parler par un de mes amis, qui est l’un de mes adjoints à Eaucourt-sur-Somme, la commune dont je suis maire, et qui a fait son service militaire là-bas. Pour moi, ce n’était alors que du domaine du rêve. Ce rêve est devenu réalité en rejoignant et en participant à la Ronde Tahitienne.
Quelle premier ressenti gardez-vous de votre découverte de l’atmosphère tahitienne ?
La convivialité et l’amitié. Quand on arrive là-bas, on est couvert de fleurs, les gens sont honorés de nous voir, on danse, c’est quelque chose d’extraordinaire. Surtout, ce n’est pas que du spectacle, c’est un véritable élan du cœur. Les gens sont d’une générosité et d’une gentillesse extraordinaires. On est très sollicités et on se fait des amis partout. Ce n’est que du bonheur.
En quoi consiste votre rôle de parrain de la Ronde ?
J’ai un rôle d’ambassadeur à la fois de l’événement dans l’Hexagone et du vélo auprès des Polynésiens. J’en parle beaucoup en France, auprès des radios, des télés, de la presse écrite, et j’espère que certaines personnes vont pouvoir venir. A Tahiti, je vante les mérites du vélo et je parle du cyclisme avec passion. J’ai emmené avec moi des personnalités comme Bernard Thévenet et Jimmy Casper. On essaie de faire rêver les Tahitiens, qui aiment le vélo et ont de superbes équipes. J’ai eu l’occasion de le découvrir au Tour de l’Amitié. Je suis même intervenu pour que l’un d’entre eux intègre une équipe en France.
Vous faites référence à Taruia Krainer, que vous suivez de près…
C’est ça. J’ai repéré Taruia au cours du Tour de l’Amitié. Je l’ai vu faire des performances extraordinaires, notamment dans les étapes de montagne, car Tahiti n’est pas une île toute plate bordée de cocotiers mais c’est très pentu. J’en ai parlé à Jean-René Bernaudeau, qui l’a intégré au Vendée U en 2012, l’année où il gagne Paris-Tours Espoirs. J’étais très heureux. J’ai eu l’occasion de le retrouver en février dernier au moment de la présentation des équipes Vendée U et Europcar à La Roche-sur-Yon. Ça m’a fait vraiment très plaisir.
Vous n’aviez pas pu rejoindre la Ronde Tahitienne en 2013 mais aviez néanmoins donné le départ à distance…
Effectivement, j’ai utilisé Skype pour donner le départ à distance depuis mon ordinateur ! Je voyais ce qu’il se passait là-bas, j’ai même pu faire un petit discours pour tout le monde depuis la France. C’était à la fois très marrant et très émouvant.
En quoi va consister cette fois votre intervention à Tahiti ?
Je serai sur le vélo pour faire une partie de la course, bien que je ne ferai peut-être pas le grand parcours de 110 kilomètres, n’étant pas assez entraîné cette année. Je rentre d’une semaine à la montagne durant laquelle il ne m’a pas été possible d’aller rouler, puisqu’il a neigé toute la semaine… Il me reste maintenant trois semaines pour rouler, à raison d’une centaine de bornes par semaine. Mais je fais ça pour le fun, et puis pour discuter avec les gens. Rouler là-bas, c’est extraordinaire.
Les circuits de la Ronde Tahitienne parcourent la côte est de Tahiti et longent l’océan, à quoi faut-il vraiment s’attendre quand on prend le départ ?
Dans l’ensemble c’est très roulant mais il y a tout de même de la bosse, surtout au départ avec l’ascension de la colline du Tahara’a, qui est très compliquée. Ça monte, ça monte, ça monte… Il n’y a pas beaucoup de virages, seulement un gros lacet au milieu. Après, c’est pratiquement plat le long de la côte sauvage. On passe près du Trou du Souffleur, qui est extraordinaire, avec le bruit de l’eau à travers les roches. Et ce qui est marrant là-bas, c’est qu’arrivé à un certain kilométrage on fait demi-tour pour revenir par la même route. Du coup sur la fin il faut se retaper la bosse de Tahara’a. Mais c’est tellement beau et si sympathique. Les gens discutent dans le peloton, on parle de vélo, de la forme du moment, du gueuleton qu’on va faire après !
On vous sait cycliste chevronné, en quoi consiste votre pratique du vélo ?
Je fais une sortie de 100 bornes à peu près le week-end, en Baie de Somme. Ça me tonifie. Et deux ou trois cyclosportives par an, la plupart du temps avec des copains. Nous sommes un groupe d’une vingtaine mais je suis surtout dans les roues. Je prends peu de relais, à vélo je suis un cossard ! Disons que j’ai appris à m’abriter avec des gens comme Cyrille Guimard, Jean-René Bernaudeau ou d’autres pros. Ils m’ont enseigné à ne jamais prendre le vent. Je n’ai pas les cannes pour ça ! Je roule donc en peloton et je m’amuse, c’est très sympa.
La Ronde Tahitienne comporte plusieurs axes prioritaires comme l’accesibilité du sport pour tous et le message écocitoyen. Ce sont des thèmes qui vous sont chers également ?
Ce sont évidemment des thèmes auxquels j’accroche. Les recommandations écocitoyennes se généralisent : on ne jette rien, on sait qu’il y a des poubelles à tel ou tel endroit, c’est très important. Au rang de l’accesibilité du sport pour tous je pense aussi au handisport. Sur les épreuves auxquelles je participe, il y a souvent des tandems avec des non-voyants. J’aime beaucoup cette cohabitation. Ces gens-là ont un tonus extraordinaire. Ils parlent de braquet, du profil, ils ont de l’humour, et je suis toujours très présent auprès d’eux.
La Ronde Tahitienne, c’est dans moins de quatre semaines maintenant, quel message peut-on faire passer auprès de ceux qui hésiteraient encore à rejoindre l’aventure ?
C’est un beau rassemblement au bout du monde. Il y a à la fois du rêve et de l’émotion. Quand on va d’île en île, de ville en ville, on rencontre des gens qui sont très flattés de vous accueillir, réellement heureux qu’on vienne les voir d’aussi loin, et nous ne sommes pas habitués à ça. Et puis rouler dans ce coin de paradis, au milieu des cocotiers, le long des lagons, devant des plages de sable blanc, voir la mer à l’infini avec ses grandes vagues qui font le régal des surfeurs, c’est du rêve ! Et tout ça sur le vélo !
Propos recueillis le 5 mai 2014.