Alors Eric, tu gagnes cette Risoul-Vauban, raconte nous comment s’est passée ta course depuis ce matin ?
En fait, on s’est rapidement retrouvé une quinzaine dans la montée de Saint Veran J’ai accéléré un petit peu pour faire un peu le tri. Voilà, aujourd’hui, j’avais décidé de prendre un peu les choses à mon compte, donc j’ai fait la même chose dans l’Izoard et dans l’Izoard je me suis aperçu que Nicolas Ougier allait être l’adversaire du jour parce qu’on s’est bien relayé et il était vraiment très fort. Dans la descente deux gars sont rentrés sur nous. On s’est donc retrouvé à quatre dans la montée de Risoul. J’ai attaqué à sept bornes de l’arrivée. J’ai compté que douze secondes d’avance au maximum et Ougier est rentré à deux kilomètres de l’arrivée. Et là c’était une arrivée un peu au sprint. Et ce matin j’avais décidé de repérer un peu l’arrivée parce que je me doutais que, en général les arrivées dans les stations c’est toujours un peu tortueux puisque pour des raisons x ou y ils veulent que ça arrive à côté de l’office de tourisme. Donc voilà, j’ai vu qu’il lançait le sprint un peu tôt. D’abord il m’a posé la question « tu sais où est l’arrivée ? », je ne lui ai pas répondu parce que c’est la course. La course c’est les jambes, mais c’est aussi la tête. Voilà j’ai eu un peu la tête là aussi.
En fait, par rapport au chrono en côte de samedi l’arrivée est un peu plus loin c’est ça ?
Elle était 300 mètres plus loin voilà. Arrivé au sommet, il a tâtonné, il n’a pas su, il a regardé à gauche, à droite et là j’ai giclé. Et voilà je gagne.
Première participation, première victoire, plutôt sympa non ?
Oui très content parce que c’est ma deuxième victoire dans les Hautes-Alpes. J’ai gagné à Serre Chevalier il y a trois semaines. Je suis en vacances à Bourg d’Oisans en plus, donc il y a un petit air de vacances. Donc c’est parfait !
En plus tu gagnes un séjour de ski pour l’hiver prochain, donc tu reviendras à Risoul !
Ah oui, je pense que je reviendrai. Déjà parce que l’organisation est parfaite, très belle épreuve. En plus j’affectionne la montagne, donc forcément je cours un peu après ces épreuves en jonglant avec la famille et les obligations professionnelles.
Du côté du parcours, c’est un tracé de rêve avec cette météo ! Le col de l’Izoard, est-ce que tu l’appréciais quand tu étais professionnel ou tu l’aimes encore plus maintenant que tu fais des cyclos ?
L’Izoard ne m’a pas semblé trop difficile aujourd’hui. C’est peut être le fait que l’on se soit présenté avec seulement 60 kilomètres au pied. Elle m’a paru un peu moins compliquée. Mais c’est sûr que le paysage est superbe. Et quand on arrive à la Casse Déserte on est obligé de regarder à gauche et de voir la stèle de Coppi, la gerbe de fleurs… Je suis un passionné de vélo, c’est ma 24ème licence donc la Casse Déserte ça représente quand même quelque chose. Il y a encore la gerbe de la société du Tour. Quand on passe dans ces lieux là et que l’on gagne une épreuve comme celle-ci, on légitime les heures d’entraînements l’hiver quand il fait moins 3 degrés.
Comment vas-tu enchaîner les cyclos ? Quelle est la suite de ton programme désormais ?
Alors deux semaines encore de vacances à Bourg d’Oisans avec deux montées de l’Alpe d’Huez. Et puis une course à pied parce que je fais aussi un peu de course à pied. Et au niveau cyclosportives encore deux épreuves: les 24 heures du Mans et les Ballons Vosgiens. Et puis après je vais enchaîner avec de la course à pied et je vais préparer mon cinquième marathon, le marathon de La Rochelle où je vais essayer de battre mon record de 2h43. Et l’année prochaine en tout cas je reviendrai ici et je ferai la Haute-Route.
D’ailleurs tu possédes avec Laurent Brochard l’un des meilleurs temps d’anciens cyclistes sur le marathon non ?
Oui, c’est le meilleur ! Il y a un petit classement interne. Bon c’est un classement officieux donc on a un peu de mal à savoir les temps de tout le monde. Mais je crois que le deuxième c’est moi et le troisième c’est Laurent Dufaux.
Le Tour de France vient de se terminer. L’as-tu suivi ? Si oui, avec quel regard ?
Avec un regard de passionné. Mais aussi de concerné, puisque mon rôle de consultant sur Sport + m’oblige un petit peu à me tenir informé de l’actualité. J’ai trouvé que c’était un Tour très intéressant, très humain. J’ai vu des personnes souffrir dans les montées, j’ai vu des moyennes comme dans Modane-Alpe d’Huez à 34 km/h avec des coureurs grimacer, une montée de l’Alpe en 41 minutes. Voilà, je pense que tout est dit !
Tu y as cru pour la victoire de Voeckler à Paris ou jamais ?
Non jamais. Après même pour le podium ça paraissait compliqué parce qu’ils se tenaient tous dans un mouchoir de poche. Et dans la montée de l’Alpe, je ne pense pas que Voeckler aurait pu faire le poids. Voilà, ce qu’il a fait c’est tout à fait exceptionnel et ça me rappelle un peu ce qu’avait fait Simon (François Simon en 2001, ndlr). Il avait dû faire 5ème du Tour (6ème en réalité, ndlr). Dans l’équipe Bonjour, il avait fait partie de l’échappée du coup de Pontarlier et avait fait 5 du Tour. Thomas Voeckler est ,je crois, le seul coureur au monde à être présent du Tour du Quatar au Tour de Lombardie. C’est tout à fait exceptionnel.
Toi qui a côtoyé Cadel Evans, quelle image avais-tu de ce coureur ?
J’aime beaucoup ce coureur là. Justement il est peut être un peu à la marge des grands champions parce que c’est quelqu’un d’un petit peu réservé, un peu moins dans le star-system que certains, très proche de sa famille. Je trouve que c’est important. J’aime bien Thomas Voeckler qui rappelle toujours ses enfants, sa femme. Cadel Evans fait pareil. Je trouve que ça donne un côté humain à la performance sportive et ça réconcilie tout le monde avec le cyclisme. J’espère que les prochains mois ne vont pas nous réserver de mauvaises surprises parce qu’on est habitué à ça chaque année. Donc maintenant on va scruter les infos !
Propos recueillis à Risoul le 31 juillet dernier.