Toon, vous êtes à la tête de l’organisation de la Ventouriste/Cannibale, qui en est à sa 9ème édition cette année, mais d’où est venue l’idée ?
Sporta a toujours aimé le vélo. Le fondateur de Sporta en 1937, le père Antoon Van Clé, était un moine qui se déplaçait à vélo et rencontrait régulièrement des coureurs sur sa route. Il faut savoir qu’à cette époque les coureurs en Belgique avaient beaucoup de problèmes et qu’ils étaient vraiment exploités. Le cyclisme était surtout un sport des basses classes. Le moine s’est enquis de leur sort et, le faisant, il a découvert les valeurs extra-sportives du sport. Il a établi le premier syndicat sportif et la première association pour encourager le sport chez les jeunes en Belgique : ce fut Sporta, en fait l’abréviation de Sport Apostolat. Aujourd’hui il est logique que Sporta reste fidèle au vélo. La Ventouriste/Cannibale est surtout, mais pas seulement, une campagne de promotion pour le mouvement physique des hommes.
Ce concept, amener des gens sédentaires à faire du sport et du vélo, avec un objectif énorme, celui de monter le Ventoux, est-il spécifique à un pays comme la Belgique ?
Je pense que la popularité du Mont Ventoux est vraiment unique en Belgique. Bien sûr, on a les histoires héroïques du Tour de France qui forment sans doute la base de la légende, mais c’est aussi la campagne de Sporta qui a fait qu’aujourd’hui tous ceux qui aiment le vélo chez nous veulent grimper le Mont Ventoux au moins une fois dans leur vie, aussi bien les jeunes que les cyclistes plus âgés. Je ne pense pas qu’on puisse imaginer en France la popularité du Mont Ventoux en Flandre. Notre projet a démontré qu’on pouvait motiver beaucoup de gens sédentaires à quitter définitivement leur fauteuil en leur offrant un challenge bien cadré.
Le fait que vous soyez chirurgien est-il lié au développement de ce projet ?
Pas directement, mais c’est sûr qu’en raison de ma profession j’ai l’occasion de rencontrer beaucoup de personnes intéressantes que j’ai pu enthousiasmer pour notre projet. En plus, je suis spécialisé en chirurgie des sportifs de haut niveau, et on a beaucoup de cyclistes. Alors je suis très impliqué dans le cyclisme. Mais j’essaie de marquer une frontière entre ma profession, mon engagement pour Sporta, et ma passion du vélo.
Combien de participants attendez-vous cette année ?
Comme l’année dernière, on attend beaucoup de monde autour du Mont Ventoux le 22 juin. Plus de 2500 cyclistes veulent faire le déplacement pour le week-end et prendre le départ, ce qui est extraordinaire.
Depuis 2012, vous avez rajouté au programme la Cannibale et la Cannibalette, quel en est le but ?
Les premières éditions de notre projet étaient surtout destinées aux débutants. Mais comme Sporta encourage activement nos participants à persévérer dans une vie sportive, beaucoup de gens se sont développés jusqu’à un niveau vraiment élevé et ils demandent d’autres challenges. Avec la Cannibale/Cannibalette, on leur offre ce challenge particulier. Je pense que c’est tout autant le challenge sportif que la beauté exceptionnelle du parcours qui attire les gens. A côté, on voit que la Cannibale attire de plus en plus un public alternatif pour Sporta, un public plus sportif et plus expérimenté comme les lecteurs de Vélo 101, et ça nous plaît. Néanmoins, nous restons fidèles à notre philosophie de ne pas trop encourager la compétition, et surtout nous voulons mettre l’accent sur le plaisir du sport et son aspect socialisateur.
Eddy Merckx sera-t-il encore là cette année ?
Bien sûr ! Eddy a vraiment apprécié l’événement l’an dernier et nous accompagnera aussi pendant cette édition. Depuis son opération, il se porte bien et a repris le vélo avec ses amis. Néanmoins, son médecin lui a interdit de faire de gros efforts, alors la montée du Mont Ventoux en vélo comme l’an dernier ne sera plus une option. Mais la région est tellement belle qu’il ne va pas s’ennuyer ! Son vélo restera son meilleur ami, et il l’apportera bien sûr. Rendez-vous à Bedoin le 22 juin à 6h30 !
L’an dernier Eddy Merckx avait déploré le peu de Wallons sur le week-end, pensez-vous en accueillir plus pour 2013 ou pour 2014 ?
Nous avons vraiment l’idée d’ouvrir notre projet Ventoux au plus grand nombre, et bien entendu aux Wallons, mais nous voulons le faire bien organisé comme il faut. Cette année à Sporta nous étions très occupés et nous trouvions qu’il valait mieux attendre un an de plus pour que tout puisse être parfaitement organisé, comme nous en avons l’habitude. Je peux vous révéler que ce sera une des nouveautés pour la 10ème édition. La collaboration avec Vélo 101 est le premier démarreur !
Le concept est largement partagé par les politiques et les VIP flamands, seront-ils encore sur le vélo cette année ?
La Ventouriste/Cannibale reste l’une des épreuves de vélo dont on parle le plus chez nous, et tous les participants qui en ont profité continuent à nourrir le mythe. Le week-end du Mont Ventoux reste peut-être le plus beau week-end de vélo de l’année. Alors beaucoup de gens importants nous accompagneront. Le Ministre du Sport Philippe Muyters sera là avec tout son cabinet (!), comme notre Ministre Président Kris Peeters, qui est très sportif, et beaucoup d’hommes et de femmes connus chez nous. Eddy Merckx apportera quelques-uns de ses anciens coéquipiers, parmi lesquels Jos Spruyt, Jos De Schoenmaecker et Willy Vekemans. Et peut-être pourra-t-on déjà accueillir cette année quelques cyclosportifs français…
Propos recueillis le 3 mai 2013.