Serge Garnier, peux-tu te présenter ?
Serge Garnier, 44 ans, je fais du vélo depuis ma première licence en 1983, des débuts laborieux. Et puis voilà petit à petit j’ai grimpé les échelons jusqu’à première catégorie amateur. Mais je n’avais pas le niveau pour aller plus loin, j’ai exploité le maximum de mon potentiel. Puis maintenant je suis sur la pente descendante bien sûr, je me fais plaisir sur des courses FFC, des courses de côte et puis des cyclosportives. J’aime bien me confronter aux plus forts que moi pour voir où je peux arriver encore.
Pour quelqu’un qui est sur la pente descendante, tu avances plutôt vite en montée quand même !
C’est ma spécialité quand même. Je suis dans mon pays. Aujourd’hui vous me voyez dans un grand jour (ndlr : Serge Garnier venait de terminer troisième de la Risoul Vauban), mais ce n’est pas tous les jours comme ça. Bon et puis il y a la motivation. C’est vrai que je m’entraîne bien, même l’hiver où je ne marche pas je m’entraîne pour essayer de briller un peu l’été, mais c’est de plus en plus dur.
Et d’où es-tu exactement ?
En fait je suis originaire de Théus un petit village qui se trouve au milieu d’un des cols les plus durs de France, le mont Colombis.
Donc ton terrain d’entraînement ce n’est quasiment que des cols ?
Disons que mes parents habitent à Théus et moi à Gap, et pour retourner à mon village natal, j’ai des portions de 6 km avec des passages à 16%.
Pour aller chercher le pain ce doit être laborieux donc !
Pour aller chercher le pain ou L’Equipe, il faut que je fasse dix bornes !
Bon sinon qu’as-tu pensé de ce week-end où tu as bien carburé ?
En fait je n’arrivais pas très en confiant. Pour l’instant en course de côte je n’ai jamais gagné, j’ai fait trois fois deuxième. Bon c’est vrai que j’étais tombé sur des élites, Rudy Molard, Yann Durand ou sur des mecs qui marchaient bien, mais je n’étais pas très confiant en vélo. Je fais aussi un peu de course à pied, et sur des courses de côte j’ai vu que physiquement j’étais bien. Hier, je suis venu ici en sortant du boulot. Bon il y avait un beau petit plateau régional, j’ai réussi à avoir ma première victoire de l’année. Après, pour aujourd’hui je n’avais pas trop d’ambition. Je pouvais finir 20ème, 10ème…Mais il y avait les gars de l’Equipe de France, et comme j’ai couru avec leur sélectionneur avant et qu’on était bien ami, ça m’a motivé pour essayer de m’accrocher à eux.
Est-ce qu’ils t’ont impressionné ?
Oui celui qui a gagné (ndlr : Emilien Viennet) m’a impressionné. Il était vraiment costaud. Bon, je suis beaucoup les résultats de vélo et je savais que c’était une moto, mais bon comme ils sont jeunes je pensais qu’ils allaient peut être craquer à la fin. Mais bon je me suis vite aperçu que pour Emilien ce n’était pas le cas.
Tu as parlé de course à pied. Tu fais quoi exactement ? Des trails ?
Non je ne fais pas de trails. Je fais juste une spécialité, des 1000 mètres verticales. C’est vraiment ce qui se fait de mieux dans les grimpées de course en montagne.
Alors comme tous les spécialistes des courses de côte, est-ce que tu es en recherche permanente de légèreté ?
Avant tout il faut être affuté. Je n’ai jamais gagné une course de côte, même avec un faible plateau, quand j’avais deux kilos en plus par rapport à mon poids de forme. Mais par contre je ne fais pas trop attention au matériel, j’ai un vélo conventionnel, la priorité c’est ma condition physique.
Retiens-tu particulièrement un adversaire qui t’a le plus impressionné en montée sèche, course de côté ?
Oh, en 25 ans, il y en a ! Parce que j’en ai connu pas mal qui sont devenus professionnels par la suite. Chez les amateurs j’avais vu un mec comme Halgand qui avait une giclette énorme, même si dans les montées sèches il ne s’amusait pas. J’ai connu aussi des gars comme Vinokourov qui lui aussi ne s’amusait pas dans les courses de côte bien sûr. Mais parmi les gars qui n’ont pas fait une carrière pro je pense à Julien Boulanger, un moniteur de ski très fort. J’en ai vu beaucoup qui m’ont impressionné.
Quels vont être tes prochains rendez-vous maintenant ?
Alors peut être le tour de la Drôme en catégorie 2/3 FFC avec le GMC Grenoble. Ou sinon, il y a une course de côte samedi vers Gap, c’est une de mes préférées, donc si je peux me faire excuser au tour de la Drôme…Et il y a aussi un duathlon en bosse à Vallouise. Et peut être après demain je ferai un kilomètre vertical à Pelvoux.
Ca veut dire que sur une cyclo qui est relativement plate, tu ne t’éclates pas du tout ?
Ah si j’aime bien, je fais tout, même les courses en circuit. Mais je ne cours pas pour la gagne. Je cours dans l’anonymat le plus total, mais vraiment total. C’est-à-dire qu’il y a des gars de 60 ans qui au scratch sont devant moi.
Propos recueillis le dimanche 1 août à Risoul.