Un bilan global positif pour cette 1ère édition avec près de 1200 coureurs répartis en 280 équipes, au départ sur le circuit Bugatti en août dernier. Sans oublier les 550 personnes qui auront profité de la Matinale Décathlon pour découvrir pendant une heure en famille ce tracé habituellement réservé aux engins à moteur. J’ai encore en tête les images de tout jeunes enfants avec leurs parents, un rendez-vous très convivial organisé juste avant le départ et à renouveler.
Le pari d’organiser une épreuve de 24 Heures sur le circuit du Mans était osé…
Oui, et il l’était pour trois raisons. D’abord, il s’agit d’une épreuve d’endurance avec une approche d’équipe qui va à l’encontre des habitudes des coureurs, habitués à se battre seuls contre le chronomètre. Pari gagné sur ce point à en croire les témoignages des concurrents présents en 2009 et la belle ambiance qui a régné dans le paddock, et ce en dépit des différences de niveau et d’objectif. Cyclotouristes, coursiers ou tri athlètes, coureurs en solo et en équipe, chacun aura trouvé sa place en respectant les recommandations formulées lors de notre briefing. J’en profite pour saluer le comportement quasi irréprochable des participants à tout point de vue : sécurité sur la piste et dans les stands, respect du site, propreté de la piste et du camping… Bravo car une belle épreuve passe aussi par des coureurs responsables selon moi.
Quel est le deuxième point ?
Un site comme le circuit Bugatti est destiné aux sports mécaniques et nécessite certains aménagements pour accueillir les coureurs dans de bonnes conditions, à commencer par le paddock et la zone de relais qui auront fait l’objet de longues réunions et de simulations sur le terrain. Là encore, je pense que nous sommes dans la bonne direction.
Et la troisième raison ?
Un tarif d’engagement supérieur à la moyenne dû à l’exploitation sur 24 Heures d’un site privé comme le circuit du Mans (location, sécurisation, aménagement, éclairage, nettoyage…) qui aura sûrement demandé des sacrifices de la part de nos participants. Beaucoup ont d’ailleurs fait preuve de pugnacité pour trouver des sponsors pour venir au Mans. Quoiqu’il en soit, il semble que la course des 24 Heures Vélo ait trouvé son public et nous travaillons d’ores et déjà pour faire de 2010 un moment encore plus sympathique. Sur un plan purement financier, les inscriptions n’auront pas permis de couvrir les dépenses engagées car l’investissement en temps et en matériel est lourd. Néanmoins, nous sommes confiants pour l’avenir et travaillons pour faire de cette première le début d’une belle histoire sportive et humaine !
Sur quels points pensez-vous être perfectibles ?
En dépit d’un bilan positif, nous avons évidemment identifié des axes de progrès et autres détails à améliorer. Nous travaillons à des aménagements pour améliorer les visibilités de la course pour le spectateur. Il s’agit encore d’une réflexion, mais nous souhaitons permettre aux accompagnants ou visiteurs d’accéder sur la piste dans une zone aménagée. Notre objectif est de favoriser la convivialité et le spectacle en offrant une plus grande proximité avec les coureurs en piste. Imaginez la fameuse côte du Dunlop pleine de supporters ! Ensuite, si la procédure de départ restera un grand souvenir avec les hymnes de chaque pays, le départ type Le Mans, ce n’est pas le cas de celle d’arrivée, qui a connu quelques accrocs. Il est possible que la remise des prix ait lieu directement sur la piste l’an prochain, pour profiter de la foule présente à l’arrivée. En 2009, elle a eu lieu dans le Village car nous voulions libérer au plus vite la piste et attaquer le nettoyage. Les dirigeants du circuit Bugatti ont été très clairs sur ce point : la piste devait être impeccable pour le lendemain à 8h00 ! Par ailleurs, et puisque la plupart des participants sont venus de très loin, nous souhaitons leur permettre de profiter au maximum de leur déplacement en proposant davantage d’animations dans le Village mais aussi sur la piste et ce dès le vendredi. L’ouverture du camping sera également avancée à 10h00 au lieu de 14h00. Chacun pourra ainsi s’installer tranquillement, retrouver les copains, découvrir le site… avant la journée chargée du samedi.
Quelles seront les nouveautés pour 2010 ?
Profiter davantage du vendredi au travers d’essais de matériel en conditions de course sur la piste : quelle plus belle occasion de découvrir des nouveautés, de se dégourdir les jambes ou de découvrir la piste en avant-première pour les nouveaux. Il reste à présent à trouver les partenaires qui nous permettront de vous proposer un tel rendez-vous. Pour plus de convivialité, nous ne devrions plus utiliser le restaurant du circuit, trop éloigné du paddock, mais proposer des solutions de restauration dans le Village, au cœur de la course. Nous ne sommes qu’en novembre et d’autres viendront certainement s’ajouter.
Selon vous, quel est le format d’équipe idéal, après cette première édition ?
Les catégories ont été pensées pour répondre aux multiples attentes et profils des coureurs, comme je l’évoquais. Sur un plan purement sportif, nous ne nous étions par trompés avec Roger Legeay et avions pronostiqué la victoire de quatre bons rouleurs. Stéphane Sarrazin a bien failli nous faire mentir, car son équipe a fait la course en tête jusqu’au dimanche matin. Quoi qu’il en soit, la bataille au classement général et par catégorie a été belle, sauf peut-être chez les solos, où Sébastien Bertholet a dominé, malgré la présence de pointures comme Julian Sanz et Christopher Strasser, avec plus de 900 kilomètres parcouru à seulement 40 kilomètres des vainqueurs (une équipe sarthoise au passage), bravo l’artiste !
Vous visez les 1000 équipes, ça signifie 1000 coureurs sur le circuit, n’y-a-t-il pas une limite dans la taille des pelotons, notamment la nuit ?
Absolument pas, nous avons fixé l’an dernier un maximum de 500 équipes (moyenne de quatre personnes par équipes) pour des raisons de sécurité sur la piste et par manque de recul. Le dispositif de sécurité était également à la hauteur : moto, vidéo surveillance du circuit, postes de commissaires fixes et médecins près à intervenir n’importe où très rapidement. Nous avons à présent cette expérience et pour information près de 600 personnes ont participé à la Matinale des 24 Heures sans le moindre problème. Il s’agit d’une balade d’une heure ouverte à tous et organisée en lever de rideau de la course. Vous savez, la piste est tellement large (12 à 15 mètres) en comparaison de nos routes ! Pour vous donner une idée, pas plus d’une vingtaine d’interventions a été réalisée sur la piste. Mises à part une ou deux belles chutes sans gravité, beaucoup ont souffert de déshydratation à cause de la chaleur et du manque de sel, les solos notamment. Le briefing d’avant-course a certainement été bénéfique !
Tout le monde a souligné l’ambiance fabuleuse et l’atmosphère particulièrement sympa de cette première, comment allez-vous creuser le sillon ?
Si ce n’est de fournir le terrain de jeu adapté en terme d’aménagements et de staff ainsi qu’un bon timing, l’organisateur n’y est pas pour beaucoup de cette belle ambiance et ces beaux échanges que nous avons connus. Je pense sincèrement que la magie des 24 Heures du Mans a opéré grâce aux participants et à l’état d’esprit général. Venez faire un tour dans le paddock en plein milieu de la nuit et vous comprendrez !
Le coût d’inscription pouvait paraître élevé à certains, allez-vous le modifier ?
Non, car comme je l’évoquais plus tôt, le coût d’inscription est fonction des investissements et aménagements nécessaires à la réalisation d’un tel événement. L’organisation est un métier que nous exerçons depuis 1995 et nous connaissons bien le circuit. Rogner sur les dépenses pour perdre en qualité n’est pas une bonne recette à long terme.
Vous êtes nouveaux venus dans le monde du cyclosport, comment jugez-vous ce milieu et comment pensez-vous qu’il puisse évoluer ?
Effectivement, la famille Gasnal, bien qu’amateur de cyclisme, s’est davantage illustrée sous les paniers de basket. En découvrant ce milieu lors de mes différents déplacements, j’ai tout d’abord été surpris par le nombre de courses proposées. Finalement, autant de rendez-vous montre le dynamisme du milieu cyclosportif en France et la passion qui anime organisateurs et coureurs, c’est une bonne chose. L’inverse serait plus préoccupant.
Croyez-vous à un développement du public sur l’étranger ou plutôt sur les cyclos français ?
Les deux… Les 24 Heures Vélo ont été plutôt bien relayés en France cette année, mais beaucoup de Français nous attendaient au tournant, laissant les autres ‘essuyer les plâtres’. Notre travail a porté ses fruits selon moi et les participants présents en 2009 ont bien compris ce que veut dire ‘Faire Le Mans’. En revanche, un gros travail de promotion reste à faire à l’étranger (66 coureurs venus de 8 pays en 2009). La fête n’en sera que plus belle, mais nous procédons par étapes !
Propos recueillis le 25 novembre 2009.