Roland, quelles sont les principales nouveautés présentées actuellement par Time sur les salons ?
Nous avons deux activités entre les pédales, le métier d’origine de l’entreprise Time, et les cadres en fibre de carbone. S’agissant des pédales, nous proposons une gamme Xpresso extrêmement récente, que nous avons complétée par un modèle supplémentaire cette année, doté d’un système révolutionnaire qui permet un chaussage très fluide grâce à un mécanisme de préouverture. Le Xpresso 10 est un modèle extrêmement léger, avec un axe creux plutôt qu’en titane, ce qui permet de gagner encore du poids. C’est l’un des produits les plus légers du marché.
Et en matière de cadres ?
Nous avions commencé à commercialiser le NXS aux Etats-Unis. Il combine une géométrie racing avec un wishbone qui améliore le confort du produit. Un bon mixe entre confort et performance. Par ailleurs nous intégrons l’électrique de façon très propre, aussi bien avec Campagnolo que Shimano, avec les batteries intégrées à l’intérieur des tubes de selle.
Aujourd’hui, comment se porte la société Time ?
Time a fait un exercice relativement comparable à celui de l’année précédente, sans que ce soit une grande année. Mais tout le monde a été affecté dans l’industrie du cycle, à la fois par le printemps pourri que nous avons vécu et par la conjoncture économique déprimée en Europe. Nous avons compensé avec le marché asiatique, notamment avec le Japon, qui est notre premier marché à l’export. Nous sommes légèrement en retrait mais très peu par rapport à l’année dernière. En revanche nous avons noué un partenariat prometteur avec Mavic.
En quoi consiste-t-il ?
Cet accord porte sur les pédales automatiques et devrait nous aider à asseoir notre technologie dans le monde entier, Mavic ayant une puissance de feu plus puissante que la nôtre. C’est une reconnaissance et nous en attendons des résultats très positifs. Nous avons noué un partenariat pour le développement de plusieurs cadres en fibres de carbone avec une entreprise issue du domaine du luxe. Elle a été très sensible à notre technologie, au fait qu’un produit Time soit aussi beau à l’intérieur qu’à l’extérieur.
Les difficultés sont-elles dorénavant derrière vous en ce qui concerne la situation économique de Time ?
Ces partenariats doivent nous permettre de progresser fortement. Les perspectives sont meilleures. En outre, nous avons renforcé notre bureau d’études en y ajoutant des compétences nouvelles. Des choses extrêmement intéressantes sur le plan technique arriveront dans les mois qui viennent.
Time a fait des tentatives de diversification par le passé mais semble aujourd’hui se recentrer sur ses deux corps de métier…
Absolument. Nous avions sûrement commis une erreur en dispersant nos ressources dans le passé. Ce qui a été consacré à un produit comme la roue n’a pas été consacré à nos deux activités-piliers.
Votre société a fait le choix de produire en Europe et principalement en France. Le coût de production en Chine étant en train de s’élever, comment réagissez-vous au milieu de cette dichotomie ?
L’essentiel de la fabrication est réalisée en France, mais nous avons également une usine en Slovaquie pour les pièces primaires. C’est un véritable challenge. Il est clair que nous avons des coûts de production beaucoup plus élevés qu’en Asie. Cela avantage beaucoup les autres marques qui, grâce à ces écarts de coût, peuvent consacrer davantage d’argent au marketing en s’achetant les meilleures équipes professionnelles, en valorisant leur image et en vendant à des prix élevés. La seule issue pour nous est de faire de l’innovation, d’apporter quelque chose que n’ont pas les autres, de jouer sur la qualité et d’essayer d’agrandir notre niche.
Qu’en est-il de vos projets de sponsoring ?
Nous n’avons pas abandonné l’ambition de nous trouver à très haut niveau dans le domaine de la compétition, qui fait partie de l’ADN de Time. J’ai toujours souhaité être impliqué au plus haut niveau. Time a gagné les courses les plus prestigieuses avec ses gammes et ses pédales. Je réfléchis, à moyen terme, à la façon de revenir à la compétition.
En matière de communication, vous demeurez plus que jamais partenaire de la Time Megève Mont Blanc, qui a fêté cette année sa 10ème édition ?
Oui ! Nous sommes très fiers et heureux d’être partie prenante dans cette magnifique épreuve et nous avons bien l’intention de continuer.
A ce jour, combien de points de vente représente Time ?
C’est une centaine de points de vente pour ce qui est des cadres et des vélos, puisqu’on a resserré le champ des détaillants en essayant de traiter avec ceux qui mettraient le plus en valeur notre technologie et nos produits. Pour ce qui concerne les pédales, ça va de 400 à 500 détaillants.
La vente en ligne s’installe. Comment appréhendez-vous ce challenge ?
Pour ce qui concerne les cadres, nous sommes d’une grande rigidité. Nous interdisons que nos produits soient bradés via Internet, ce qui abîme l’image de marque et démotive les détaillants qui se verraient mettre ainsi en concurrence. Nous ne nous interdisons pas de vendre des cadres aux sites de vente en ligne mais nous les sélectionnons dans le respect de notre politique de vente. S’agissant des pédales, c’est plus difficile à contrôler. Nous avons des accords avec les détaillants et essayons de faire en sorte qu’il n’y ait pas d’écarts de prix trop importants.
Comment voyez-vous la société Time dans dix ans ?
Time, c’est une belle marque, comme chacun sait. J’espère bien qu’elle sera en pleine forme et toujours très présente dans dix ans. Nous avons ce qu’il faut en matière d’innovations et de belles choses à apporter tant sur les cadres que les pédales.
Propos recueillis à Friedrichshafen le 29 août 2013.