Pierre, comment est née l’aventure d’une cyclosportive à votre nom ?
C’est né de la rencontre avec Daniel Bercot, l’organisateur du critérium de Callac, qui avait lieu le premier mardi après le Tour de France, à 50 kilomètres de chez moi, et auquel je participais systématiquement. Daniel avait un enfant atteint par la mucoviscidose. En 1990, nous sommes rentrés ensemble de vacances communes à la neige. Dans la voiture, j’ai évoqué avec lui l’idée d’arrêter ma carrière, lui m’a parlé de la grave maladie dont souffrait son enfant. Au détour de la conversation, il m’a demandé si je comptais faire un jubilé pour marquer la fin de ma carrière. J’y pensais, bien que ma priorité c’était ma reconversion. J’ai donc accepté l’idée.
Et l’événement a été lancé en 1992…
Des chercheurs venaient de découvrir le gène de la mucoviscidose et avaient besoin d’argent pour activer la recherche. Yannick Cornanguer souhaitait lancer une épreuve du genre la Bernard Hinault pour collecter de l’argent et faire avancer la recherche sur la mucoviscidose. J’ai donné mon consentement et l’épreuve a démarré comme ça, un an après mes adieux au vélo. Pour la première édition nous avons eu 1200 participants.
Les cyclos ont répondu présents dès le départ, comment ont réagi les collectivités, les partenaires par rapport à la cause défendue ?
Les partenaires ont été touchés et admiratifs par rapport à nos opérations. Car nous avons deux opérations liées à l’association Pierre Le Bigaut Mucoviscidose. D’abord la Rando Muco, qui a lieu le dernier dimanche d’avril à Belle-Isle-en-Terre, près de Guingamp. C’est une journée familiale et multisports : trail, VTT, kayak, cheval, marche… Ensuite la PLB Muco, qui se déroulera le samedi 30 juin.
Quel rôle occupez-vous dans l’organisation de la cyclo ?
Je suis vice-président de la Pierre Le Bigaut Mucoviscidose. Je m’occupe de ce que je sais faire. Je fais marcher les contacts que j’ai pour les optimiser à différents niveaux. Les parcours sont tracés par Daniel Bercot avec le concours des personnes de l’association.
Comment a évolué l’épreuve en vingt ans ?
Les parcours changent tous les ans. Les changements sont liés à plusieurs paramètres : le kilométrage maximal, les endroits inédits qui deviennent de plus en plus restreints après vingt ans, et les communes où des familles sont touchées par la maladie. A côté, nous avons toujours beaucoup communiqué autour de cet événement. Nous mettons aussi beaucoup de rigueur dans notre organisation, en particulier sur la sécurité et sur la finance. Nous sommes tout à fait transparents sur les dons reversés à l’association.
A combien s’élèvent ces dons ?
Depuis la création de la Pierre Le Bigaut il y a vingt ans, nous avons reversé 6,5 millions d’euros pour aider les chercheurs à lutter contre la mucoviscidose. Chaque année, nous reversons environ 450 000 euros à l’association Vaincre La Mucoviscidose. Nos événements représentent 25 % du chiffre annuel de l’association nationale pour la lutte et la recherche sur la muco.
Quels seront les attraits de la PLB Muco 2012 ?
C’est le vingtième anniversaire. Nous allons passer par chez moi dans le Morbihan, à Guémené-sur-Scorff. Un an après l’arrivée du Tour de France à Mûr-de-Bretagne, nous y passerons à notre tour. C’est un endroit mythique du cyclisme dans l’Ouest. Pour les cyclos, ça aura un côté valorisant de passer à cet endroit qu’ils ont vu à la télé lors du Tour de France 2011.
En vingt ans d’organisation, quelle image vous reste de la Pierre Le Bigaut Mucoviscidose ?
J’en ai une multitude, mais c’est surtout le climat particulier qui règne vis-à-vis de notre action humanitaire. Ça va bien au-delà de la cyclosportive et des circuits cyclotouristes. On ressent une émotion, un don de soi et de son porte-monnaie de la part de chacun des participants pour aider des malades, des enfants qui n’ont pas la chance de pouvoir effectuer des épreuves sportives comme celle-là. Chaque cyclosportif a sa sensibilité par rapport à la maladie mais cette émotion spéciale est palpable toute la journée.
En deux mots, quel a été votre parcours cycliste ?
J’ai couru sept ans chez les professionnels. J’ai disputé quatre Tours de France et j’ai gagné deux étapes du Tour à Fontaine-au-Piré et Issoire en 1983. J’ai également participé à deux Championnats du Monde professionnels en étant sélectionné parmi les douze qui représentaient la France aux Mondiaux. C’était l’époque où je travaillais essentiellement pour Bernard Hinault et Laurent Fignon.
A quoi se résume aujourd’hui votre activité cycliste ?
Elle se résume à des conseils que je donne à des coureurs, à chaque fois qu’ils me sollicitent, et à l’organisation de la Pierre Le Bigaut. Je ne roule plus beaucoup. J’étais surtout un amoureux du sport et de la compétition. Sans dossard, j’éprouve moins d’intérêt à monter sur un vélo !
Vous ne serez donc pas sur le vélo le 30 juin ?
Non, je parcours la Pierre Le Bigaut en voiture ! Je n’en suis pas fier. En revanche ça me permet de remercier tous les bourgs, les endroits qui créent de l’animation et favorisent la sécurité tout le long du parcours. Nous avons 3500 bénévoles. L’association est portée par eux toute l’année sur diverses manifestations. Sur la cyclo, étant donné la sécurité maximale que nous désirons mettre en place sur tous nos circuits, il faut compter sur leur concours. L’association et moi-même nous attachons à remercier tout ce monde de bénévolat qui œuvre pour la course.
Propos recueillis le 19 avril 2012.