Philippe, 2012 aura marqué le retour au calendrier de Lille-Hardelot. Quelle en est l’histoire ?
Lille-Hardelot a été inventée par de vrais cyclotouristes il y a une trentaine d’années et a marqué très fort les esprits durant les vingt années durant lesquelles l’événement a été organisé. L’épreuve est très ancrée dans la mémoire populaire de notre région, au même titre que la Braderie de Lille ou le Carnaval de Dunkerque. Ça dépasse le phénomène du vélo. Dans chaque famille de la région, un oncle, un père, un frère, a fait Lille-Hardelot ! C’est un défi pour tous, pratiquants ou non, à l’image des gens qui courent le Marathon de Paris. Ce n’est pas une cyclosportive mais une randonnée cyclotouriste où chacun roule à son allure et respecte le Code de la route. A l’arrivée il n’y a pas de classement. Nous indiquons seulement son temps à chaque participant, récompensé par un beau diplôme.
D’où est partie l’idée d’une telle renaissance ?
L’épreuve s’est arrêtée pour diverses raisons. Il y a eu une usure. J’avais l’intime conviction qu’il fallait faire renaître Lille-Hardelot. Nous nous sommes attelés à la tâche avec Didier Soenen. La mayonnaise a pris tout de suite avec 2500 participants dès le printemps dernier. Personnellement j’ai deux objectifs : trouver les fonds nécessaires pour que le coût de participation soit à la portée de tous, et demeurer le gardien du temple du mot « randonnée ». Ceux qui veulent jouer au coureur vont ailleurs. Des sportifs de bon niveau viennent participer mais, pour un jour, il faut accepter la règle du jeu.
Endormie pendant une décennie, Lille-Hardelot a tout de suite retrouvé son éclat avec 2512 participants dès son retour, c’est extraordinaire ?
Ça répondait à une attente, donc ce n’est pas difficile ! Il régnait une telle nostalgie que l’adhésion s’est tout de suite faite. En repartant de zéro, nous avons d’abord eu une approche régionale. Maintenant que nous savons mieux où nous allons, nous souhaitons élargir l’événement aux régions limitrophes, à la Belgique et à Paris. Lille-Hardelot se situe dans un périmètre qui rassemble 50 millions d’habitants à moins de deux heures, entre Londres, Bruxelles et Paris ! Ça fait un sacré nombre de participants potentiels !
Le parcours, le 26 mai prochain, ce sont 158 kilomètres entre la capitale de Flandres et le littoral de la mer du Nord…
Nous ne voulons pas dépasser 160 kilomètres pour conserver une distance à la portée du plus grand nombre. C’est presque la distance directe entre Lille et Hardelot. Ensuite, il s’agit d’une « ville à ville », ce qui est rare. Cela demande une organisation. Nous avons mis en place un système de navettes pour ceux qui viennent du littoral le matin et ceux qui souhaitent rentrer sur Lille au retour. L’organisateur doit pouvoir offrir ce service aux participants, c’est logique, mais les gens s’organisent aussi beaucoup par eux-mêmes.
Ça reste une épreuve sans esprit de compétition, qu’est-ce qui suscite selon vous l’attrait pour ce type d’événement non compétitif ?
Il y a un côté familial, une partie du public venant en famille à Lille-Hardelot. Chacun a sa motivation. Ensuite le parcours est attrayant. Lille est devenue une capitale très touristique. Et notre point de chute est balnéaire avec l’arrivée dans la superbe petite station de Hardelot. L’événement a tout pour s’inscrire dans le temps.
Le petit bémol relevé au printemps dernier, c’est l’absence de repas à l’arrivée en dépit d’un coût de participation d’une quinzaine d’euros. Avez-vous prévu d’y remédier pour 2013 ?
Il n’y aura pas de repas à l’arrivée mais un sandwich réclamé effectivement par quelques-uns ! A côté, l’ensemble de nos participants nous a qualifiés de ravitaillements excellents sur la route. La difficulté de prévoir un repas à l’arrivée, c’est que les participants arrivent dans une fourchette de cinq à six heures. Le caractère touristique et balnéaire du site d’arrivée invite aussi chacun à se disperser. Le coût d’inscription s’élève entre 14 et 19 euros par cyclotouriste, lesquels participent pour un tiers aux frais d’organisation, avec les partenaires institutionnels et les partenaires privés.
Jean-Marie Leblanc, l’ancien directeur du Tour de France, sera le parrain de l’édition 2013. Comment s’est effectué le rapprochement ?
Jean-Marie a participé à Lille-Hardelot en tant que randonneur. Il en connaît l’état d’esprit et, bien qu’archi sollicité, a bien adhéré à notre événement. Notre slogan en 2013 sera « Lille-Hardelot, le vélo comme on l’aime ». Ce type de randonnée, c’est vraiment le vélo comme l’aiment aussi les gens. Une partie du public envisage le vélo à travers ce type de pratique, comme on voit le vélo en ville se développer.
Il faut souligner en outre qu’un euro par inscription est reversé à une œuvre caritative. Quelle association sera soutenue en 2013 ?
Nous allons soutenir les petits frères des Pauvres en 2013, comme nous l’avons fait cette année avec une association à laquelle nous avons versé 2500 euros. A nouveau, un euro par participant sera reversé au profit des petits frères des Pauvres.
Propos recueillis le 19 décembre 2012.