Nicolas, tu as décidé ce mois-ci de prendre la roue de Jacques Anquetil en réalisant Bordeaux-Paris. En quoi va constituer ce défi ?
C’est avant tout une forme d’hommage à un coureur d’exception et à une course disparue et atypique. Je voulais célébrer les 50 ans du fabuleux exploit de Maître Jacques quand il réalisa en 1965 le doublé Critérium du Dauphiné-Bordeaux-Paris. Pour moi, le but sera de retracer la victoire d’Anquetil sur le parcours de Bordeaux-Paris avec la prise de derny pour terminer en vallée de Chevreuse. Au total, cela représentera 630 kilomètres, environs 300 kilomètres derrière derny, et pas loin de 2000 mètres de dénivelé. Mais l’itinéraire peut être modifié selon les routes empruntées.
Qu’est-ce qui te pousse à réaliser un tel défi ?
Je pense que la passion du vélo et de son histoire, de par les exploits des forçats de la route, sont à l’origine de cette aventure. Ensuite, c’est vrai que Jacques Anquetil a toujours été un coureur que j’ai adoré dès mon plus jeune âge.
Qu’est-ce qui s’apparente et au contraire se différencie d’un défi comme celui du Tour du Mont Blanc l’an passé ?
Ce qui s’apparente aux deux, c’est l’esprit avec lequel j’y vais, la découverte de nouvelles choses, l’amour du vélo. Pour le reste, rien n’est pareil. Il n’y a pas de record en jeu, pas de montagne, et un derny pour finir sur les traces de grands champions.
A défaut de montagnes, quel braquet penses-tu utiliser ?
Je pense utiliser des plateaux Rotor QXL avec un 54 devant et un 11 derrière monté sur mon Canyon Aeroad CF SLX avec des roues Mavic Cosmic CRX 80. C’est un montage qui me permettra d’avoir une très grande inertie derrière le derny.
Quelles seront les différences de vitesse et de puissance entre le début où tu auras la fraîcheur mais pas l’abri et le final derrière le burdin ?
Je pense que la première partie va se faire à 35-40 km/h avec des puissances de 250 watts. Après la prise de derny, on va passer à 60-70 km/h avec 350 watts de puissance. Je vais faire des séances derrière derny au préalable, même si j’ai déjà l’habitude de travailler avec pour préparer les contre-la-montre.
En quoi consistera ton équipe d’assistance ?
C’est un défi que je réalise avec Mavic, mon partenaire de toujours. Je vais bénéficier de toute leur expérience et de leur logistique. J’aurai donc une voiture Mavic derrière moi pour les ravitaillements, les vêtements de rechange et les changements de roue en cas de crevaison, ainsi qu’un deuxième vélo, une voiture avec caméraman et photographe, et normalement deux burdins et deux chauffeurs. Ma famille va aussi me rejoindre au cours de l’épreuve, elle me sera d’un grand support !
Joël Gallopin, le papa de Tony, sera sur le burdin. Comment s’est fait le rapprochement ?
En fait, mon père courait en région parisienne avec les frères Gallopin. J’ai donc appelé Joël pour savoir s’il était d’accord de me tirer pour ce défi et il a répondu oui tout de suite. C’est pour moi une chance et un véritable plaisir de pouvoir profiter de l’expérience de Joël, qui a participé à Bordeaux-Paris.
Sur quel horaire vas-tu partir ?
Je pense partir vers 2h00 du matin, pour pouvoir prendre le derny en début d’après-midi.
On sait que la météo et l’alimentation t’avaient pénalisé sur le Mont Blanc, quels enseignements en as-tu tiré et quelles sont tes orientations ?
Au niveau de la météo, je pense que sur un parcours plat il y aura moins de différence, mais je vais prendre mes précautions. Pour la nourriture, je prévois de nombreuses collations variées et faciles à manger sur le vélo. J’alternerai les produits énergétiques, les sandwiches, les gâteaux, le thé, etc. J’ai appris sur le tour du Mont Blanc que l’alimentation sur une aussi longue distance est primordiale. Il faut pouvoir manger ce dont on a envie. Je prévois aussi un petit repas chaud à la toilette avant la prise de derny. Les pros avaient pour habitude de faire une pause avant la prise de derny afin de se changer et de s’alimenter.
Souhaiterais-tu être accompagné de cyclistes « locaux » ?
Cela pourrait être une bonne chose pour la première partie du parcours, une sorte de pèlerinage avec des rencontres tout au long de mon chemin. C’est avec plaisir que je roulerai avec mes compagnons d’un jour s’ils se joignent à moi.
Dans tes anticipations, sur quels temps de passage es-tu parti ?
C’est très difficile de faire des temps de passage. Je n’ai jamais réalisé Bordeaux-Paris et je n’ai pas d’expérience sur ce type de parcours sur une aussi longue distance. Il faudra voir en fonction des conditions climatique, du vent etc. J’espère mettre environ 15 ou 16 heures.
Après mai, il y a en août Paris-Brest-Paris, est-ce un autre défi qui te tente ?
Paris-Brest-Paris est une sacrée épreuve, mais pour ma part je pense que Bordeaux-Paris restera le grand moment de ma saison. Ensuite, pourquoi pas redonner vie à un autre exploit de ces forçats de la route pour faire revivre la grande histoire du vélo.
Propos recueillis le 23 avril 2015.