Alors, Nicolas, après 3 places de 2ème sur l’Etape du Tour, te voilà enfin 1er. Quelle est ta première impression ?
C’est un soulagement. C’est vrai que je l’ai attendue longtemps cette victoire et je pense que le plaisir est du coup bien plus important aujourd’hui. En plus avec les conditions un peu dantesques aujourd’hui, avec la pluie, le froid, je suis d’autant plus content. Après avoir gagné Paris-Roubaix Challenge, fait 2ème sur l’Etape du Tour Acte 1, et là la gagne, c’est parfait pour ma saison.
Ta victoire fait l’unanimité chez tous les cyclos. Tu es à la fois un bon vététiste, un excellent cyclosportif, tu es éclectique. Et ça, ça fait plaisir à tous les cyclos…
C’est vrai que dans le peloton il y a beaucoup de gens qui viennent me voir pour me dire « elle est pour toi aujourd’hui ». Et c’est clair ça fait vraiment plaisir de voir que l’on est apprécié. Je suis vraiment content. Ils sont tous venus me voir à l’arrivée aussi pour me féliciter. C’est vraiment super. Je pense que le monde du cyclosport c’est ça, il faut rester copains et garder une bonne ambiance. C’est la chose la plus importante je crois dans ces compétitions là. De se retrouver, discuter entre-nous…
A quel club es-tu licencié cette année ? Tu étais au club d’Evian l’an passé non ?
Oui j’étais à Evian mais cette année je suis au Team Chris Net, un club tout près de chez moi. Il est basé à Excenevex, et il me fournit le véhicule pour me déplacer sur toutes les épreuves. C’est un team sympa, avec une bonne ambiance, on est des copains, on se voit pour se faire des bouffes… C’est important.
Alors on dit que sur les courses routières, tu as le même comportement qu’en cyclosport. C’est-à-dire que tu attaques un peu tout le temps et les coursiers te suivent puis te contrent à la fin. C’est vrai ?
En fait, je ne cours pas trop souvent. Alors quand je suis sur une course je me fais plaisir, donc j’attaque souvent. J’attaque de loin, c’est vrai que je fais de longues échappées et puis il me manque un peu de jus sur la fin. Mais je me fais plaisir, des fois ça passe, des fois non. Mais le plaisir est là en tout cas. Et puis ça me sert aussi pour faire des efforts comme aujourd’hui dans Peyresourde pour aller chercher la victoire après 180 km de course.
Alors justement, raconte-nous ta course aujourd’hui, comment as-tu construit ta victoire ?
Alors disons que ma victoire je l’ai obtenue certainement grâce à la météo et aux descentes. C’est vrai que j’ai utilisé la descente du Tourmalet pour faire une première sélection et en bas on s’est retrouvé juste à deux avec le Hollandais (ndlr : Kenny Nijssen). Après il y a Loïc Herbreteau (Team Ekoï) qui est rentré, je l’ai vu et je l’ai laissé faire l’effort dans l’Aspin. Donc j’ai remis un petit coup d’accélération pour qu’il refasse l’effort. Et on est redescendu dans la vallée c’est là que j’ai remarqué qu’il commencé un peu à grimacer et prendre des relais moins appuyés. Donc dès le pied de Peyresourde, à 7 kilomètres du sommet, j’ai vraiment posé une grosse attaque et j’ai tout de suite fait l’écart. Ensuite j’ai donné tout ce que j’avais. Et je savais que de toute façon, je devais être l’un des meilleurs descendeurs. Donc je me suis dit que si je passais le sommet avec 30 secondes d’avance je gagnais. J’ai tout donné en haut du col et j’ai fait la descente à bloc pour aller chercher ma 1ère Etape du Tour que j’attends depuis bien longtemps !
Quand tu dis que tu as été aidé par les conditions météo, au niveau matériel tu étais par exemple sur des roues carbones ou alu ?
Non j’étais sur des Mavic Ultimate donc carbone, avec des boyaux un peu spécifiques pour la pluie que Mavic m’a fourni. D’ailleurs je les remercie, c’est un partenaire qui nous aide bien. J’avais aussi des patins de frein en liège et je n’ai pas senti de différence avec la pluie. Ca freinait vraiment bien et le boyau accrochait parfaitement. Donc j’ai pu faire des descentes impeccables sans me faire peur.
Et au niveau de la tenue, comment étais-tu habillé ?
J’étais chaudement habillé. Je suis parti avec un petit K-Way et dans la 1ère descente j’ai eu froid. C’est pour ça que j’ai préféré faire les descentes à fond ensuite pour ne pas me refroidir. Car si on se laisser filer dans les descentes, je pense qu’on arrivait tétanisé en bas. Je n’ai pas trop ressenti le froid du coup. Mais c’est vrai que j’ai préféré ce temps là à la canicule qu’il y avait la veille. Je me faisais un peu du souci avec la chaleur.
Peux-tu m’expliquer comment on fait pour descendre le Tourmalet à bloc dans le brouillard et sous la pluie ?
Alors la 1ère chose c’est qu’il ne faut pas aller plus loin que ses moyens. J’ai toujours été dans mes limites. Après, je ne sais pas, peut être le VTT m’aide dans les trajectoires. Et c’est vrai que depuis longtemps je descends bien, j’ai une bonne lecture des trajectoires, j’ai souvent freiné à l’avant. Le seul moment où j’ai eu un peu peur dans le Tourmalet c’est vers La Mongie, il y avait une portion de route avec beaucoup de saletés. Sinon les routes étaient très belles, bien plus belles que dans les Alpes !
Propos recueillis le 14 juillet à Bagnères-de-Luchon.