Lilian, la 4ème édition de la Corima Drôme Provençale se tiendra le 24 mars 2013, quels enseignements tirez-vous des trois premières ?
Chaque édition a sa particularité. On s’est rendu compte qu’aucune ne ressemble à l’autre et qu’organiser un tel événement, c’est un peu comme le mythe de Sisyphe : il faut repartir de zéro chaque année. Certes avec un peu moins d’appréhension et d’inconnue mais on repart d’une page blanche comme nous le faisait remarquer Pierre-Jean Martin, le patron de Corima, que nous avons encore rencontré il y a quelques jours. Prenons l’exemple d’un bénévole dans un village de 100 habitants à 50 kilomètres de Montélimar : il faut aller le voir, le convaincre, le revoir, s’assurer qu’il sera à son poste au bon moment, le remercier. Si on fait l’impasse de tous ces contacts une seule année, on ne les a plus avec nous. Et quand on sait qu’il y a 300 bénévoles le jour J, on peut aisément imaginer le temps et l’énergie qu’il faut y consacrer. Heureusement, dans notre club, nous sommes nombreux, solidaires et plutôt bien organisés.
Le parcours va changer l’an prochain, pouvez-vous nous en dire plus ?
C’est une volonté. Pour assurer la pérennité de la Corima Drôme Provençale au niveau où elle se trouve, nous sommes convaincus que nous ne devons pas rester les deux pieds dans le même sabot. On est à la recherche d’innovations et concernant les parcours, on a décidé de fonctionner sur des cycles de trois ans. Il faut dire qu’on a un choix fantastique en Drôme Provençale. Beaucoup ne le savent pas mais la Drôme est le département français qui comporte le plus de cols. On a six belles bosses sur la Corima ! On passe sans forcer les 2000 mètres de dénivelé. Pour mettre du piment à l’arrivée, on a cherché un passage un peu délirant dans Montélimar. Avec l’aide de la mairie qui a déjà refait le revêtement, un arrêté municipal pour emprunter un habituel sens interdit et quelques aménagements de sécurité, on peut dire qu’on l’a trouvé. On sait de quoi ça va causer sur la ligne d’arrivée ! Enfin, dès 2014, on devrait présenter un vrai plus pour les plus passionnés avec une épreuve courte et restreinte le samedi après-midi. On réfléchit avec notre partenaire Corima mais cela pourrait être le support pour des prêts de roues à l’essai. Tout ça demande du temps pour la mise en place mais on bouge.
Le grand parcours va s’allonger, cela répond-il à une demande des cyclos ?
Pas directement mais à partir du moment où on propose trois parcours, on s’est dit qu’on pouvait élargir la fourchette des distances, donc augmenter celle du plus grand. Et puis on essaie d’être à l’écoute du plus grand nombre. Quand Jean-Luc Chavanon, un exemple dans notre région, dit que « l’esprit cyclo, ce sont les grands parcours », on est d’accord avec lui et on a envie de faire plaisir à ces cyclosportifs qui aiment l’endurance et l’effort.
Parallèlement, vous avez créé un nouveau parcours de 76 kilomètres, était-ce pour coller au mieux aux besoins des cyclos ?
La Corima Drôme Provençale est devenue le premier événement sportif de Montélimar. L’impact populaire local est manifeste. En 2012, nous avons eu plus de 540 Drômois au départ sur 1962 participants et une grande majorité provenant de l’agglomération montilienne veut participer à la fête. On a souvent entendu « on voudrait bien participer mais 100 kilomètres, c’est trop ! » Je pense que 76 kilomètres, ça effraie moins et que c’est mieux adapté pour ce public moins entraîné. Cela va aussi faciliter l’engouement autour de notre challenge inter-entreprises qui est le support d’une belle action caritative avec le Rotary-Club et dont le participant-type ne roule pas 10 000 kilomètres par an.
Comment gérez-vous le statut d’épreuve de début de saison ?
On en a fait un atout et un axe de communication majeur. « La saison cyclo commence ici ! » C’est aussi l’ouverture du Trophée Label d’Or FFC. Passer le premier week-end de printemps en Drôme Provençale, c’est alléchant. On aimerait que la Corima soit dans l’esprit des gens un peu la Primavera du cyclosport français.
Quelle est l’évolution du nombre de participants sur les trois premières éditions ?
Nous avons eu 1426 participants en 2010 et 2076 en 2011 avec à chaque fois un arrêt des inscriptions dix jours avant la date en raison des limites que nous nous étions imposées. 1962 cyclos étaient au départ cette année, en ayant enregistré une centaine de participants en plus lors du dernier week-end. Le tassement général constaté en 2012 a donc été aussi présent chez nous même s’il est limité. Nous stoppons à 1500 cyclosportifs pour des raisons de confort et de sécurité. Le reste est complété par un nombre indéterminé de randonneurs qui sont plus facilement gérables et qui partent détachés en queue de peloton. En 2012, nous avons eu exactement 1510 cyclosportifs sans avoir à refuser du monde. C’était parfait.
Le parcours empruntera certainement des routes qui seront traversées lors de l’étape Givors-Mont Ventoux du prochain Tour de France, pensez-vous que cela suscitera un effet d’attraction pour la Corima ?
Pourquoi pas ? Il y a en effet une quarantaine de kilomètres communs entre Bourdeaux et Montbrison-sur-Lez. Le Tour sera dans le sens nord-sud et la Corima dans le sens sud-nord. Dans les deux cas, c’est la zone où il y a plusieurs vues magnifiques sur le Mont Ventoux. Il y a aussi une côte que les organisateurs appellent la côte de Bourdeaux. Pour nous, c’est le col du Grand Bois.
Si vous deviez mettre en avant les points positifs de votre épreuve, ce seraient…
Sans hésitation l’accueil et la qualité de l’environnement. On ne lésine sur rien pour que le cycliste se sente bien. Dès le samedi, il y a des animations, un joli village expo dans un quartier totalement adapté et en plein centre ville pour que le passionné puisse flâner et échanger sur le vélo. Le dimanche matin, on accueille les participants dès 6h30 par un petit déjeuner où il ne manque rien. Les prestations sont d’un très bon niveau. Un joli maillot, un vrai repas chaud avec entrée, plat, fromage, dessert, vin et café. Dans la limite de nos moyens, on dépense tout ce qu’il faut pour la satisfaction des participants. La Corima Drôme Provençale, c’est maintenant 110 000 euros de budget pour environ 2000 participants. C’est-à-dire que chaque cyclo au départ coûte 55 euros à l’organisation alors que l’engagement s’étale de 25 à 32 euros. La différence, nous devons l’assurer au travers de nombreux partenariats sans lesquels il n’y aurait pas d’événement.
Comment s’est établi le lien avec Corima ?
A l’élaboration du projet en 2009, « Drôme Provençale » s’est imposé tout de suite. J’ai personnellement eu l’idée du naming à associer à Drôme Provençale mais je visais une société de Montélimar. C’est mon collègue Jean-Jacques Desvignes qui a pensé à Corima le premier. C’est paradoxal car il était tout nouveau au club et arrivait tout juste de Normandie. Il nous a dit « hé, les gars, vous avez Corima à 20 bornes de chez vous ! » On a présenté à Pierre-Jean Martin et Roger Mauris un projet solide et la très bonne réputation du Saint James Vélo-Club Montélimar a fini de les convaincre. Ils nous ont répondu oui très vite, fait confiance et ont engagé leur nom, ce qui représentait un risque potentiel pour eux. Depuis, on vit un partenariat que je qualifie d’exceptionnel. Ils sont de bons conseils, attentifs à nos demandes, très pros, et nous considèrent. La notoriété rapide de la Corima Drôme Provençale, c’est en grande partie grâce à eux. Notre relation dépasse maintenant le cadre du partenariat originel. Je souhaite à tous les organisateurs de dénicher un partenaire de cette qualité.
Un petit mot sur les bénévoles ?
Il y a 300 personnes en poste le jour J dont 180 signaleurs sur les routes. Mais aussi plus de 50 dès le vendredi. Certains restent trois jours pleins avec nous. Au Saint James Vélo-Club, il y a une culture bénévole importante avec de très nombreux sympathisants qui ne sont pourtant pas des membres. On s’appuie aussi sur cinq ou six associations amies. Après, ce sont les villes et les villages traversés qui nous aident par l’intermédiaire d’un comité des fêtes, d’un club. Si on tombe sur un maire ou un adjoint très sensible à notre cause, on sait que c’est gagné. Mais nous remercions et récompensons individuellement chaque bénévole. Généralement, cela se passe très bien car tous savent que cet événement dépasse le cadre du sport. Il y a un enjeu économico-touristique non négligeable. On a fait mesurer l’impact économique de la Corima 2011. Cela a été une vraie surprise de voir que les retombées sont supérieures à 200 000 euros sur Montélimar et sa région.
Propos recueillis le 23 novembre 2012.