Ancien coureur de catégorie Elite, notamment à l’EC Saint-Etienne Loire, Laurent Frizet a fait la connaissance de Stéphane Labourdette, avec lequel il a lancé Tempo 34, une société de coursiers écolo puisque à vélo. « Le vélo est un moyen efficace, rapide et non polluant de se déplacer en ville. » Il nous explique le fonctionnement de sa société, que vous retrouverez sur www.tempo34.com.
Laurent, comment êtes-vous arrivé à lancer Tempo 34 ?
Faire le deuil de sa carrière, ce n’est pas évident. On voit autre chose, on travaille dans d’autres domaines, mais un jour la passion revient et on a envie de remonter sur un vélo. Allier le plaisir et le travail. Faire quelque chose de positif pour l’environnement est d’actualité. En ville, nous sommes confrontés à la pollution et à la circulation fatigante. Nous avons donc lancé cette société.
Près d’un an après sa création, comment ça se passe ?
Le projet de cette entreprise plaît à tout le monde même si les clients restent frileux. Dans la tête des gens, le vélo sert à aller acheter sa baguette de pain quand il fait beau et revenir deux heures plus tard. Ce n’est pas rapide et c’est quand il fait beau. L’idée du vélo par tous temps et sa rapidité en ville n’est pas entrée dans la tête des gens. Or on a passé l’hiver. Les gens nous ont vus sous la neige, sous la flotte. Ils nous ont vus réactifs et bien dans les délais en ville. Nous avons gagné en crédibilité et maintenant c’est parti.
Quels plis transportez-vous ?
Nous avons des sacs de coursiers étanches. Ca va du pli au colis de 12 kg, toujours dans l’express. Le délai, entre le coup de fil et la livraison, est au maximum d’une heure. Ca reste dans l’urgence.
Sur quel type de vélo roulez-vous ?
Nous avons commencé avec nos vélos persos. J’avais en ce qui me concerne un VTT. En ville, c’est bien pour monter les trottoirs, mais sur de longues distances c’est un peu dur en fin de journée. J’ai donc opté pour un vélo de cyclo-cross. Nous avons la chance d’être en partenariat avec Cyrpeo, qui a un magasin de cycles sur Lunel et organise des séjours touristiques. Nous sommes équipés grâce à eux de vélos de cyclo-cross Scott avec des pneus anti-crevaisons.
Vous n’avez pas souhaité vous équiper des vélos typiques des coursiers américains ?
A la base si, mais notre secteur s’étend au-delà de Montpellier. Nous sommes d’anciens coursiers donc nous savons faire du vélo et rouler sur de longues distances. Nous allons sur les villes périphériques, ce qui peut aller jusqu’à 100 kilomètres par jour chacun. Entre le milieu urbain et ses nombreuses relances, et la périphérie avec ses bosses, ce n’était pas possible en pignon fixe ! Il nous fallait des vitesses pour être efficaces de 8h00 à 19h00 non stop. Quand nous sommes appelés, on y va, ce sont des intensités !
Combien de kilomètres faites-vous sur les grosses journées ?
Nous sommes arrivés à faire 120 kilomètres mais c’est du lactique, pas du foncier. On ne fait que de petits sprints. Au début, nous n’avons pas forcément des clients sur le même secteur. Désormais, on peut organiser plus facilement des tournées et faire moins de kilomètres en se partageant le travail tous les deux. Nous apprenons le métier sur le vélo. Plus tard, nous allons pouvoir embaucher des jeunes qui ont une philosophie du vélo urbain.
Comment êtes-vous perçus par les autres sociétés de coursiers ?
Deux vélos qui se croisent se disent bonjour, deux motos aussi. Entre vélo et moto, c’est autre chose. Nous leur disons bonjour mais eux nous regardent parfois de la tête aux pieds. Ils ont eu du mal à nous accepter. Mais les clients qui nous ont fait confiance ont renouvelé leur confiance car le service est au point.
Qu’en est-il de la sécurité à vélo ?
Au bout de quinze jours, je me suis fait renverser par une voiture dans un rond-point. Il s’agissait d’une voiture de police banalisée ! Mon mollet a été un peu sectionné par le plateau et j’ai eu une double fracture du pied. A vélo, il faut anticiper deux fois plus qu’en voiture. C’est de la folie ! En voiture, les gens sont aigris et ne font pas attention aux cyclistes.
Quels avantages mettriez-vous en avant pour que les sociétés aient recours aux coursiers à vélo ?
L’image que nous véhiculons. C’est une image dynamique, sans pollution. Nous n’émettons pas de CO2, nous ne sommes pas bruyants. Et puis il y a la rapidité en ville. Nous sommes efficaces car le vélo, c’est tout droit.
Propos recueillis à Vals-les-Bains le 21 février 2010.