Jean-Robert Laloi, quatre ans après avoir quitté la scène, vous revenez dans les organisations de stages cyclos, pourquoi ?
Parce que le cyclisme reste ma grande passion. Après ce break, j’ai décidé de remonter en selle pour retrouver la famille du vélo et ce milieu qui est le mien. Le fait de se relancer dans l’organisation de stages et de séjours cyclos dont j’ai été l’un des initiateurs à la fin des années 80 m’apporte une nouvelle motivation.
Durant cette interruption, qu’est ce qui a changé selon vous ?
C’est une évidence et c’est peut-être une conséquence de la crise, les activités cyclistes dans leur diversité ont élargi leur horizon et c’est bien plus qu’un phénomène de mode. Nos cyclistes sont très sensibilisés aux problématiques de l’environnement qui impliquent le retour à la nature. C’est un constat partagé par tous, le vélo revient au premier plan. Ajoutons également l’intérêt pour les compétitions retrouvant un lustre qui suscitent l’engouement de nos compatriotes à l’image du dernier Tour de France. Je pense aussi que la passion des amoureux du vélo ne s’est jamais démentie, ce qui explique la soif des retrouvailles entre passionnés. Les cyclosportives, les grands brevets, les stages, les séjours n’ont jamais connu une audience aussi significative.
Pensez-vous que les attentes des clients stagiaires et ou des accompagnants aient évolué ?
Je pense que les attentes sont sensiblement les mêmes. La clientèle veut des prestations de qualité à un tarif correct. Le choix de l’hôtellerie est déterminant mais le professionnalisme de l’encadrement doit aussi être réactif et à l’écoute. Mais c’est surtout vers la sécurité que mes préoccupations sont réelles. J’opterai dans la mesure du possible pour des routes peu fréquentées par la circulation routière et je mettrai des moyens préventifs en place. Quant aux accompagnants, ils ont toujours trouvé pleine satisfaction sur mes stages et séjours. Ce sera toujours le cas.
Que pensez-vous apporter de réellement nouveau par rapport à la concurrence et à vos anciennes formules ?
Je n’ai pas l’intention de changer ce qui fonctionnait parfaitement auparavant. Ma stratégie et ma façon de travailler seront les mêmes. Je veux que chacun puisse trouver son bonheur à travers mon calendrier. Certains veulent avant tout des conseils pour progresser ou préparer un objectif, je leur propose des stages en Catalogne de février à mai. D’autres aspirent à tout autre chose. Ils peuvent choisir des séjours en étoile au soleil (Andalousie, Sicile… ou des randonnées par étapes (Maroc, Corse). Enfin, la montagne reste à mon avis incontournable (Alpes, Pyrénées). J’ai également de très sympathiques week-ends prolongés sur quatre ou cinq jours comme le Périgord et sa gastronomie, avec des nouveautés comme Saint-Emilion et ses vins, l’Auvergne et ses volcans… Tout ceci décliné sous un générique en forme de clin d’œil « besoin de vélo ». Je construis aussi des programmes sur mesure en fonction de la demande.
Est-ce à dire que vous considérez que le marché est encore extensible ?
A mon avis, il y aura de plus en plus d’actifs ou de jeunes retraités qui s’adonneront au sport loisir. Le besoin de s’évader sera nécessaire. Le choix des vacances doit être associé à un dépaysement intelligent et utile pour le plaisir, la découverte et la santé. Rassurez-vous, je reviens sans vouloir supplanter mes confrères. Il y a dix ans, nous étions une petite poignée d’opérateurs. Pour 2012, nous sommes une dizaine. C’est la preuve que le marché s’est considérablement développé, même si la niche en France est loin d’être aussi pléthorique qu’en Allemagne.
Vous proposez régulièrement des stages à Argelès-sur-Mer, quels en sont les atouts ?
Il y a longtemps que je voulais tester le pays roussillonnais mais il me fallait un centre d’accueil approprié apte à répondre à la logistique exigée. J’ai trouvé un partenaire qui a compris ce que j’attendais de lui. Le site est idéal aux portes de l’Espagne entre la mer, Collioure et le Canigou. L’hôtel Les Albères à Argelès va surprendre mes clients notamment grâce à son centre balnéo intégré et à sa table. Par ailleurs, cette région dispose d’un impressionnant réseau routier secondaire sur lequel on trouve toutes les topographies possibles et même des cols considérés comme exigeants. Cela va beaucoup plaire à mes clients, notamment aux clubs attendus en février dans le cadre de l’opération « Cap Catalogne » préparatoire à la saison routière des équipes, des clubs, des comités. Avec mon ami Claude Soubielle, nous avons concocté une série de six compétitions venant compléter les fameuses Courses au Soleil dont il est le maître d’œuvre.
Pour vous, cela signifie-t-il que la côte méditerranéenne côté France peut concurrencer la côte espagnole ?
On ne peut pas parler d’aspect concurrentiel mais bien de complémentarité. Au niveau des stages, je travaille en fait sur deux pôles situés à 40 kilomètres l’un de l’autre : Argelès-sur-Mer et Rosas, une station de la Costa Brava qui m’est chère et qui me doit beaucoup car je lui ai amené des milliers de cyclistes depuis mes débuts dans ce métier. Mes stagiaires pourront choisir et ils iront rouler soit en Roussillon soit en Ampurdan avec la côte Vermeille de part et d’autre de la frontière. C’est la raison pour laquelle ces rassemblements sont baptisés les « stages catalans » sur deux régions ayant entre elles une identité, une langue commune, des synergies et une réelle volonté de se compléter.
Comment serez-vous structuré pour accueillir votre clientèle ?
L’important dans un stage est de trouver rapidement l’harmonie au niveau des groupes. Nous recevrons tout le monde, du débutant au cyclosportif aguerri. Mon souci sera de répondre à cette attente. Sur les stages, outre les éducateurs/moniteurs, je mettrai comme je le faisais auparavant à disposition de ma clientèle des voitures d’assistance avec liaisons radio et rampes lumineuses, des mini collations, les services d’un mécanicien et de manière optionnelle, des séances de massage ou de réglage de position. Il y aura aussi des conférences-conseils dans le but de faire progresser le client et de lui permettre d’éviter des erreurs. Le choix des itinéraires et des distances se fera en fonction des acquis fonciers préalables à l’entame du stage. S’agissant des accompagnants, nous suggérons différentes visites culturelles, des possibilités de cures et de soins, des marches pédestres, des réveils musculaires, des dîners à thèmes. Rien d’original mais la clientèle apprécie la diversité. J’ajoute également que la convivialité sera le fil rouge sur tous mes programmes dans la continuité du label que j’avais initié.
Vous proposez également les Routes de Saint-Jacques-de-Compostelle, d’où vous est venue l’idée ?
J’ai déjà organisé ce séjour mythique en 2005 et ce fut une réussite. Il s’agit de répondre à une demande car beaucoup ont pour objectif d’effectuer dans leur vie ce périple à la thématique particulière marquée par la spiritualité. Pour réaliser cette opération il convient de maîtriser les pièges à éviter. J’envisage également dans le futur d’autres séjours sur des sites marqués par le poids de l’histoire.
Pensez-vous que sur ce séjour, vous allez avoir des pèlerins qui ont déjà fait les chemins à pied et accueillerez-vous des accompagnants pédestres ?
Peut-être que des pèlerins souhaiteront effectuer ces parcours à vélo après les avoir parcourus à pied. Il serait utopique d’associer les marcheurs aux cyclistes en termes de logistique. La différence de moyennes poserait un trop gros problème d’assistance et de coordination.
Dans l’offre gigantesque proposée aux cyclistes, qu’est-ce qui va vous différencier réellement ?
Mon offre est vraiment diversifiée de manière à répondre aux aspirations de chacun et elle est préparée avec la plus grande attention tout en veillant au bon respect du rapport qualité-prix. Dans ce secteur d’activité, tous les opérateurs proposent des programmes basés sur le même concept, il ne peut en être autrement. Il est par conséquent utopique de parler de différences fondamentales. Seule la qualité des destinations choisies ajouté à de bonnes prestations et à un encadrement qualifié sur le terrain peut faire la différence.
Propos recueillis le 14 novembre 2011.