Jean-Luc, tu habites la région grenobloise. Comment as-tu géré le phénomène de pollution ?
La pollution sur Grenoble n’est malheureusement pas un fait nouveau. Au quotidien, je n’ai pas beaucoup de choix et pour le sport, on essaie de s’éloigner au mieux de l’agglomération lorsque cela est possible. L’hiver, les domaines nordiques et le ski de fond ont ma préférence, mais lorsqu’il n’y a pas de neige, je ne peux que limiter l’intensité des efforts et gagner un peu d’altitude pour sortir de la cuvette grenobloise.
Avec ton expérience, changes-tu encore certaines choses pendant ta trêve hivernale ?
J’ai vécu de nombreuses années dans le Vercors où le ski de fond prenait naturellement la place du vélo. Par la force des choses, avec mon déménagement sur la ville, je roule davantage l’hiver, mais plus au plaisir qu’en suivant la tendance actuelle d’un plan d’entraînement précis. Je privilégie le ski les week-ends avant la reprise des compétitions.
Tu n’as donc pas de vraie coupure pendant l’hiver.
N’ayant pas vraiment de plan d’entraînement avec des recherches de pic de forme je n’ai jamais le besoin de couper mentalement avec le sport, juste avec les contraintes de la compétition pendant quelques mois. Idem pour la fatigue physique qui se régule toute seule en roulant plus cool avec les copains. Seule la météo me fait rester à la maison. Par expérience personnelle je trouve aussi qu’il est plus difficile de retrouver une condition physique que de l’entretenir avec régularité.
Pendant l’hiver, gères-tu tes entraînements sur home-trainer ?
Je ne suis pas un adepte du home-trainer, même si je l’utilise lorsque les mauvaises conditions climatiques ou les pics de pollutions durent trop longtemps. Si on manque de temps, c’est aussi un bon outil pour faire des entraînements spécifiques, car le vélo est chronophage et ne peut se pratiquer qu’aux meilleures heures de la journée.
As-tu tendance à prendre du poids pendant l’hiver ?
Je ne suis pas dans la privation, alors oui si je pratique moins je prends un peu de poids comme tout un chacun. Mais avec une alimentation saine et une activité régulière, ce n’est pas une préoccupation principale. C’est comme pour l’entraînement, il est plus facile de se réguler dans la continuité que de passer par des régimes à répétition. A bientôt 53 ans, le sport et l’alimentation restent des plaisirs.
Tu es un des membres historiques du Team Chamrousse, comment se présente la saison pour le team ?
Je suis maintenant un des plus anciens du club qui m’a fait revenir à une autre forme de compétition à travers le cyclosport . Même si on porte le nom de Team Chamrousse, on reste très attaché à la convivialité et chacun pratique le vélo avec l’engagement qui lui convient, mais en partageant tous les moments qui entourent la course.Il y aura encore de beaux week-ends ensemble.
A titre personnel, avec quels partenaires vas-tu fonctionner ?
C’est d’abord une belle rencontre avec Yann Vinay de chez Cycleurope avec qui j’ai eu la possibilité de réaliser des tests de vélos et ensuite l’idée d’un partenariat pour le nouveau modèle Bianchi : L’ Oltre XR4. C’est un cadre haut de gamme auquel Campagnolo s’associe dans la plus pure tradition italienne pour me permettre d’évoluer sur toute la saison de cyclosport jusqu’aux Championnats du Monde Masters. Cette année encore Michelin m’accompagnera avec les pneus de la gamme Power.
As-tu d’ores et déjà ciblé des grandes dates durant la saison ?
Je n’ai pas d’objectifs précis, mais des épreuves qui me tiennent à coeur et d’autres que j’aimerais découvrir. J’ai une préférence pour les organisations à taille humaine qui sont souvent plus conviviales et qui reposent sur des bénévoles passionnés, entrecoupées de quelques grandes classiques du calendrier pour des parcours exigeants et une plus grande adversité. Mais souvent mes choix se font en fonction des régions concernées et des rapports noués avec les organisateurs au fil des années.
Tu as été champion du monde masters. T’attends-tu à une forte concurrence à Albi ?
Pour avoir disputé tous les Championnats du Monde Masters depuis 2012, je sais que le niveau dans chaque catégorie d’âge est très élevé. Avec une manche européenne à Albi, on en aura une belle démonstration. L’équipe d’organisation derrière Roland Gilles nous prépare une belle édition, j’espère que les coureurs français en profiteront.
Joueras-tu ta qualification à l’Albigeoise ?
Bien sûr, l’Albigeoise étant la manche qualificative française et l’occasion de roder l’organisation avant les finales au mois d’août.
Comment aimerais-tu que les cyclosportives s’améliorent ?
J’attache de l’importance à la convivialité. La compétition oui, mais dans un bon esprit. J’espère que les organisateurs conserveront les grands parcours, les cols mythiques, mais dans le respect de l’environnement. Que le cyclosport garde ses valeurs de cyclisme pour tous. L’autre point important pour moi est la sécurité, qui dépend parfois aussi de l’attitude des participants.
Tu portes à quelques occasions le maillot éco-cyclo. Quel regard portes-tu sur l’attitude écologique des cyclos ?
Depuis quelques années, je milite au sein de l’association Ecocyclo devenue GreenCycling. Le cyclosport nous permet de découvrir des paysages magnifiques, mais souvent fragiles. Je suis conscient de l’impact de la pratique de la compétition ou du loisir de masse, j’essaie d’en limiter les effets. La Patrouille Verte assure une présence à tous les niveaux de la compétition pour véhiculer le message ou pour un petit rappel à l’ordre. Personnellement, j’ai constaté que les choses ont évolué. Il y a une réelle prise de conscience chez ceux qui pratiquent régulièrement le cyclosport, grâce aussi aux organisateurs toujours plus nombreux à jouer le jeu. Mais il reste encore de la prévention à faire chez quelques coursiers et coureurs étrangers encore pas suffisamment sensibilisés. C’est bien de montrer qu’on peut avoir un bon classement même si on garde ses déchets dans les poches de son maillot jusqu’à l’arrivée. A ce titre, je regrette l’image renvoyée par les pros à la télé.
Période électorale oblige, quelles seraient les mesures que tu mettrais en place en faveur du vélo ?
Il va devenir urgent de protéger tous les cyclistes, quelle que soit leur pratique, car la cohabitation avec les automobilistes devient une priorité. Aussi, il ne faut pas relâcher la lutte contre le dopage et trouver des sanctions suffisantes pour tous ceux qui y participent. Pas seulement les sportifs. La compétition sans moralité n’est plus rien. Je suis prêt à payer quelques euros supplémentaires à chacune de mes inscriptions pour que soient organisés de vrais contrôles inopinés sur quelques épreuves, mais il faudrait rendre obligatoire une licence pour la participation. Je ferai aussi en sorte d’aider les organisateurs dans leurs démarches et demandes d’autorisations, car on est en train d’en décourager quelques-uns.