Dernière recrue du team Trek-Vélo101 pour la saison 2018, Gilles Lacrampe, chef de village du Club Med de Peisey-Vallandry, s’est confié à Vélo101.
Gilles, en quelle année es-tu venu au vélo et comment ?
J’ai démarré le vélo en 2010, par un concours de circonstances, car ce sport n‘était pas prévu dans mon programme. Etant à l ‘époque chef de village du club Med de Peisey Vallandry, j ai répondu sur la dernière semaine de la saison à une sollicitation du responsable sports qui s’étonnait de ne jamais m’avoir vu sur un vélo lors de sorties bi quotidiennes en vtt. Il est vrai que j’avais 20 kg de plus, mais la sortie s ‘est faite, plutôt très montante, et qui l’eut cru, j’ai pris gout à ce genre d’effort. Moi qui m’amusais de mon père faisant les Bosses du 13 chez moi à Marseille !
Par quels autres sports es-tu passé avant et avec quels résultats ?
Je viens du monde du windsurf. Une jeunesse baignée dans les courses nationales et internationales. C’était dans les années 80, début 90. J‘ai été maintes fois champion régional universitaire, vice-champion de France freestyle toute catégorie ( 15 ans ) et 1er en jeune, 7ème au championnat du Monde Bic (régate olympique), plusieurs fois vainqueurs de la tournée Fanatic, Mistral Gaastra, mais aussi qualifié au championnat du Monde indoor à Paris Bercy en 1992 avec les 20 meilleurs mondiaux, des victoires dans diverses courses nationales… Et, c’est un succès à Marseille qui m’a fait gagner une semaine de vacances au Club Med, pour, finalement, y faire ma vie professionnelle.
Depuis quand fais-tu du cyclosport ?
Depuis 2010, j‘avais 8 jours de vélo de route quand un ami directeur de Véloland dans les Vosges m’a inscrit à l ‘étape du Tour. Un calvaire dans le final, de longs moments à marcher à coté de ce vélo prêté, mais finisher, et ça reste un de mes plus grands souvenirs.
Cette discipline représente quoi pour toi ?
Je n’avais jamais véritablement entendu parler de ce sport avant, mais j’ai tout de suite accroché. Il m’a permis, dans un premier temps, de découvrir l’ivresse de rouler en peloton, de merveilleux espace et cols, de faire d’incroyables rencontres, mais aussi de retrouver l’adrénaline de la compétition et ses challenges. Un cocktail parfait qui me séduit encore à l’aube de mes 50 ans, même si ce cyclosport connait des évolutions qui peuvent l’éloigner de ses véritables racines…
A ce propos, comment l’as-tu vu évoluer, côté participation, répartition grands et moyens parcours, présence des femmes, implication des organisateurs ?
Sans avoir le passé de certains, il me semble qu’il a pris un essor phénoménal, et d’une manière internationale, avec donc, ses bons et mauvais cotés.
Les femmes sont de plus en plus présentes, et c’est très bien.
Il me semble que son succès a réveillé les « cash machine », peut être inévitable ! Le sport et le business ont toujours été étroitement liés, le cyclosport n’y déroge pas.
Quant aux formats des cyclosportives, notamment à étapes, ils sont multiples, avec des tarifs d’inscriptions quelquefois exorbitants. Certaines cyclosportives d’un jour connaissent ce phénomène aussi.Quelques organisations ont bien ciblé les bonnes CSP, j ‘en fais d’ailleurs peut être partie.
Cette évolution a aussi, me semble t-il, éloigné certains du véritable esprit cyclosportif. Je ne parle pas forcement de ceux qui jouent devant. Pour terminer, et sans ouvrir le débat, il est regrettable qu’il n’y ait pas plus de contrôles afin d’éliminer les tricheurs.
Du côté de chez toi, la Bourgui ne sera pas organisée cette année. D’un côté des associations, de l’autre des structures plus professionnelles, quel est ton sentiment sur cette évolution ?
Dommage pour la Bourgui, j‘y avais 2 participations. C’est une belle cyclo.
Les associations me paraissent être nécessaires pour le sport, et primordiales. Les structures professionnelles sont une suite logique liée à la professionnalisation du sport, et à son business, mais il est important qu’elles soient gérées par des gens bien intentionnés. Vaste débat, et souvent utopie. Business et décadence, triches… Anyway, coup de chapeau à tous les bénévoles des associations.
Quelles sont, pour toi, les plus belles montagnes pour faire du vélo, le plus beau col, le plus difficile, et celui que tu rêves de grimper ?
Originaire des Hautes Pyrénées, et né à Bagnères de Bigorre, au pied du Tourmalet, je dirai bien sur les Pyrénées. Mais que les Alpes sont belles, que les cols savoyards et haut-savoyards sont beaux.
Difficile de sortir un seul col, mais quel panorama quand on a la chance d’escalader le Cormet de Roseland.
Le plus ardu, celui qui me fait toujours passer par toutes les émotions, c’est le Glandon par la Chambre. Quant à celui que je rêve de grimper, peut être le Stelvio en Italie.
Quel est ton point de vue sur les cyclos avec départs par handicaps, et celles avec seulement des sections chrono et d’autres en mode « rando » ?
Je n ‘ai pas l’impression que l’esprit cyclosportif colle avec ces départs par handicaps.
Des sections chronos et d’autres en mode randonnée permettent, à mon avis, d ‘optimiser la sécurité, même si la descente est une des facettes du cyclisme. Mais, descendre route ouverte en mode chrono reste un exercice dangereux, que se soit pour ceux qui jouent la gagne ou pour ceux de derrière. Que l’on soit prudent ou pas, la route reste ouverte. L’adrénaline de la course, le fait de ne pas vouloir perdre le groupe, on a tous connu ça, même si certains sont plus raisonnables que d’autres. Les descentes en cyclo routes ouvertes, c’est ce que je redoute le plus. Et quoi qu’on en pense, j’en profite pour saluer David Polveroni, et le soutiens dans son formidable rétablissement.
Pour finir avec cette question, je pense qu’en termes de partage, de convivialité, de rencontres, cette formule n’est pas mal.
Quel est ton meilleur souvenir de cyclo ?
Sur la Haute Route Pyrénées 2016, l’escalade et le passage en haut du Tourmalet dans le bon groupe, avec la traversée de la Mongie en descente.
Pour 2018, as-tu déjà bâti ton programme ?
Je ne l’ai pas encore finalisé, mais je serai au départ de belles cyclos côté sud de la France et Alpes, Pyrénées. Aussi en projet, mais je n’y suis pas encore, la Haute Route Rockies, l’Explore Corsica ou la Haute Route Stelvio, l’Etape du tour, le championnat du Monde UCI Varese 2018…
Les teams sur les cyclos, qu’en penses-tu ?
J’ai pratiquement toujours été seul sur les cyclos, mais que les sensations doivent être belles quand on peut les vivre avec ses coéquipiers, avec de l’entraide, du soutien, des moments de vies partagés… On se sent toujours mieux quand on est entouré, encore faut il l’être bien, et en phase avec une certaine philosophie de ce sport. J’avoue avoir été un peu jaloux quelquefois quand j’observais certaines équipes et la solidarité qu’elle dégageait. A contrario, d’autres ne m’ont jamais fait réellement envie.