Bonjour Florian Rousseau, vous êtes le parrain et vous serez sur la ligne de départ de la Midi Libre Cycl’Aigoual qui a lieu le 28 août prochain. De plus vous participerez au championnat de France Masters contre-la-montre qui se dispute la veille. Qu’est-ce qui vous a motivé à vous aligner sur ces deux compétitions ?
Alors non, je ne ferai pas le contre-la-montre, mais je ferai bien la cyclosportive le dimanche sur le petit parcours. Avec ma fonction d’entraîneur, je n’avais pas trop le temps de m’entraîner. Ce qui m’a motivé, simplement, je crois que c’est l’effort physique. Et puis de retrouver des gens qui se rejoignent sans être dans la compétition, qui ont pour but de participer et de rallier l’arrivée. Et puis je crois que l’on sera dans un cadre extraordinaire, c’est ce que j’aime aussi dans le vélo, c’est de découvrir des régions. Là on sera pas très loin de Millau, juste avant le parc des Cévennes donc ça va être pour moi l’occasion de découvrir tout ça.
Et comment préparez-vous cette cyclo ? Avec sérieux et rigueur pour bien figurer ou juste pour le plaisir sans se prendre la tête ?
Non la compétition pour moi c’est fini. Je vais participer à la cyclo avec un ami pour le plaisir. Et puis oui, je me suis entraîné parce que j’ai perdu beaucoup de masse musculaire et d’endurance. L’endurance je n’y ai jamais été habitué donc je ressens des crampes rapidement. La semaine dernière j’ai fais une sortie de trois heures. Et une sortie de quatre heures, 125 kilomètres, là sur une sortie cette semaine. Cet après-midi je suis allé faire 40 kilomètres avec du fractionné. Voilà c’est tout, je sors deux fois par semaine. Je n’y vais pas dans une optique de performance et de compétition mais pour participer, rallier l’arrivée et de profiter de ce beau paysage.
Justement, connaissez-vous le parcours de cette Midi-Libre Cycl’Aigoual ?
Non pas du tout, ça va être une découverte. C’est pour ça que je suis très content d’être le parrain de cette cyclosportive. Donc ça va être une découverte de la région, des parcours… Je les connais de réputation et puis là pour le coup, pour évoquer la partie sportive, je crois qu’il y a le Mont Aigoual. Un mont qui est réputé difficile ! Donc voilà, ça va rajouter un peu de piment à la participation le fait de gravir ce mont qui est coriace !
Est-ce votre première participation à une épreuve cyclosportive ?
Non non. J’ai été parrain de la Look cette année. Et puis j’ai fait deux ou trois participations à cette cyclo puisque la marque Look est le partenaire de l’Equipe de France et de la fédération. Et puis en 2009, j’ai fait l’Etape du Tour, Montélimar-Mont Ventoux. Là par contre je m’étais entraîné. Tout au long de l’année je m’étais bien entraîné.
Venant d’un pistard comme vous, quelle image avez-vous des cyclosportives et du cyclisme sur route en général ?
Le cyclisme sur route je ne le côtoie que très peu à travers la presse, les médias et mes collègues entraîneurs nationaux sur route. Mais oui par exemple j’ai suivi le dernier Tour de France, avec notamment des français qui se sont très bien illustrés sur leur tour national. J’ai pris beaucoup de plaisir à suivre la fin du Tour de France. Quant à l’image que j’ai des cyclosportives, je crois que c’est surtout l’image de gens qui se retrouvent sans ambitions de compétition, de faire un chrono… Il y a une mixité, il y a des femmes… C’est très intéressant, très convivial. Donc voilà, il y en a pour tout le monde en fait ! Pour ceux qui veulent se faire la compétition comme pour ceux qui font le parcours comme un défi personnel.
« Je crois qu’il faut avoir un dialogue avec les jeunes. Leur dire que la piste et la route sont compatibles. »
Parlons un peu maintenant de votre poste d’entraîneur national de l’équipe de France de cyclisme sur piste. On sait que vous sortez d’un stage pré-olympique. Quel état des lieux de l’équipe faites-vous à un an des Jeux Olympiques ?
Chaque année est rythmée par les championnats du monde. C’est vrai que la dernière olympiade à Pékin par rapport à la tradition française de la piste, offre un bilan mitigé puisqu’il n’y a pas eu de médaille d’or, mais seulement une médaille d’argent en vitesse par équipe et une médaille de bronze avec Mickaël Bourgain en individuel. Les objectifs désormais, on a une équipe qui a pour objectif d’être championne olympique à Londres. Depuis que je suis entraîneur l’équipe a été six fois championne du monde, mais on a perdu les Jeux Olympiques donc l’objectif c’est la vitesse par équipes. Et puis bien sûr Grégory Baugé qui est triple champion du monde de vitesse. On porte beaucoup d’attente et d’espoir sur lui aussi. Bon maintenant les J-O c’est une épreuve à part par rapport à un championnat du monde. En plus il y aura les Britanniques qui seront à domicile qui seront très difficiles et coriaces à battre mais bon on de toute façon une année olympique est toujours très dense et très relevée de par le niveau des adversaires. Mais on part, en tout cas, avec des coureurs qui ont du potentiel et n’ont peur de rien.
Justement, à propos de vitesse par équipe, il y a actuellement les championnats du monde juniors à Moscou, et la France vient de décrocher l’argent par équipe. La relève est assurée vous pensez ?
Alors oui, mais il y a un écart mondial entre la catégorie junior et la catégorie élite. Donc il faut encore travailler très dur. Mais il y a des jeunes qui ont du potentiel, l’envie de s’illustrer pour marcher dans les traces de leurs aînés, et l’envie de perdurer la tradition française et tous ces bons résultats sur piste. Ils sont dans cette démarche, mais c’est long, il faut laisser du temps. Et puis bon, c’est vrai ils ont été battus en vitesse par équipe et aujourd’hui Benjamin Edelin fait deuxième du kilomètre. Donc sur le moment on est déçu parce que deuxième ce n’est pas l’or. Pour les sprinteurs, c’est la victoire qui compte. C’est vrai qu’être le deuxième mondial c’est bien et puis je tiens à féliciter tous ces jeunes qui se battent pour faire briller les couleurs de la France et faire durer cette tradition française avec tous ces titres de champion du monde qui ont été ramenés dans cette catégorie notamment chez les juniors.
A ce propos, est-ce que vous voyez de futurs grands pistards français dans les jeunes catégories ? Quels sont les noms à retenir ?
Il y en a plusieurs. La génération des espoirs avec Lafargue et Conord (ndlr : Quentin Lafargue et Charlie Conord). Et puis derrière viennent Julien Palma et Benjamin Edelin qui sont au championnat du monde juniors. Après il est très difficile de faire les prévisions. Cette année, Lafargue et Conord ont franchi un cap. Ils avaient été champions du monde chez les juniors et il leur a fallu un peu de temps pour être compétitif au niveau national et international dans la catégorie élite. Ils ont réalisé de très bons championnats d’Europe et surtout des championnats de France dans lesquels ils commencent à rivaliser avec les meilleurs français : Baugé, Sireau, Bourgain, D’Almeida ou Pervis. Ils commencent à rivaliser avec eux, donc ce qui devient intéressant pour nous afin de créer une émulation pour que le niveau français soit toujours très élevé.
Et en ce qui concerne les nations, est-ce que vous en voyez qui montent en puissance et qui pourront rivaliser avec la France, l’Australie ou la Grande-Bretagne prochainement ?
L’Allemagne a toujours été une nation de la piste. Elle a été en difficulté depuis quelques années, mais depuis l’année dernière elle revient au premier plan avec beaucoup de jeunes et une densité. Donc c’est une nation que l’on va retrouver au premier plan, elle revient fort. On peut citer aussi la Malaisie qui a de très bons coureurs avec Awang. Donc voilà, les athlètes progressent. Il y a aussi la Chine qui est très forte dans les catégories féminines puisqu’elle a déjà obtenue des médailles aux championnats du monde et aux Jeux Olympiques. Chez les garçons, ils sont peut être anciens mais très forts car aux pieds des podiums. Mais tout cela va encore progresser, oui.
On parlait des catégories jeunes tout à l’heure, remarquez-vous justement un regain d’intérêt des jeunes pour la piste ?
C’est difficile à dire. Cela dépend des régions en fait. Nous nous sommes issus de la région Centre, donc une région où il y a beaucoup de vélodromes déjà. Et puis aussi ça dépend aussi des personnes, des éducateurs de club, des entraîneurs, des comités régionaux… Il faut créer une dynamique pour attirer les jeunes vers la piste. Mais ce n’est pas évident, on a cette habitude en France, notamment avec le Tour de France, d’être très focalisé sur la route. Donc la route passe énormément à la télé. Ainsi les gamins ou les adolescents s’identifient aux champions qu’ils voient sur la route, donc la piste passe un peu au deuxième plan. En tout cas, je crois qu’il y a un discours à avoir avec les jeunes. Leur dire que la piste et la route sont compatibles. La piste apporte des qualités à la route et la preuve en est puisque l’on retrouve énormément de coureurs qui ont été formés à l’école de la piste. Que ce soit Mark Cavendish, Geraint Thomas et puis tous ces australiens que l’on retrouve sur les routes du Tour de France et qui ont été formés sur la piste. Donc ce sont deux activités complémentaires. J’encourage vivement les jeunes à pratiquer la piste et la route et quand il y a une compétition sur piste le vendredi soir ou le samedi soir, ça n’empêche pas d’aller faire sa course sur route le dimanche et d’être fatigué. Au contraire je crois que c’est très important pour les jeunes de développer ces activités au même titre que ceux qui font du cyclo-cross.
Dernière question, vous avez parlé de l’école australienne, pensez-vous que la France doit s’inspirer de cas comme un modèle à suivre ? Avec une forte formation sur la piste qui mène à une complémentarité sur la route ?
Je ne pense pas. On a chacun notre culture, on est différent des australiens. Et puis la séparation française a une technicité aussi pour former ses entraîneurs, c’est le cas au niveau des régions. Mais je crois qu’il est important de bien faire passer ce message qu’il faut pratiquer la piste. Bon moi je suis concerné, c’est pour ça que je parle de la piste. Mais la piste peut apporter des qualités justement pour des jeunes qui ont envie de se spécialiser plus tard sur la route à très haut niveau. Cela permet de rouler vite, sprinter mieux… Et c’est vrai que les Australiens ont une école et une tradition de la piste, qui à la base était beaucoup plus forte que la route, maintenant ça commence à changer aussi parce qu’ils brillent aussi tout au long de l’année sur des grandes courses. Donc ça commence un peu à changer, mais c’est vrai que la piste a formé de très grands champions australiens.
Propos recueillis par Léos Maere le 18 août