David, vous concluez la saison cyclosportive 2015 en haut du Challenge Cyclo DT Swiss. Que cela signifie-t-il à vos yeux ?
La régularité sur l’ensemble de l’année. Beaucoup d’énergie et de fatigue aussi. Et une satisfaction au bout de gagner ce challenge qui fait officiellement de moi le meilleur cyclosportif du calendrier français. Le Challenge Cyclo DT Swiss est le challenge qui situe le niveau des cyclosportifs. La hiérarchie est révélatrice. Il n’y manque en haut du tableau que Nicolas Roux, qui a préparé Bordeaux-Paris et a été arrêté par la mononucléose, et Loïc Ruffaut, qui s’est concentré specifiquement sur les Hautes Routes.
Quand vous êtes-vous mis en tête d’accrocher ce challenge à votre palmarès ?
Je n’en avais pas fait initialement un objectif, ayant prévu de disputer le Grand Trophée pour fil rouge voire le Trophée Label d’Or. Or après la Marmotte j’étais en tête et en avance sur David Polveroni, qui avait coincé dans l’Alpe d’Huez. J’ai pensé que c’était jouable et je me suis mis pour objectif d’essayer de finir la saison en tête du Challenge Cyclo DT Swiss.
On vous a régulièrement vus vous tirer la bourre avec David Polveroni. Avez-vous évoqué ce duel au Challenge Cyclo DT Swiss ?
A l’été, oui. Quand je l’ai vu couper pour préparer les trois Hautes Routes, j’ai pensé qu’il n’allait pas se concentrer sur le Challenge et que ça allait me faciliter la tâche. Dans le même temps, j’ai vu Stefano Sala remonter de week-end en week-end. Ça m’a obligé à courir chaque week-end pour maintenir mon avantage. Mais j’ai été impressionné par la force de David Polveroni à la sortie des Hautes Routes. Ce qu’il a fait, trois semaines à ce niveau, puis enchaîner avec autant de fraîcheur sur les cyclosportives de la fin de saison, je suis incapable de le faire.
Vous avez 39 ans, quel a été votre parcours cycliste jusqu’alors ?
Je fais du vélo depuis vingt-cinq ans et les rangs Cadets. C’est une passion depuis gamin. J’ai évolué en 1ère catégorie pendant de longues années, sous le maillot du SCO Dijon puis au Creusot Cyclisme, où j’ai côtoyé les Sylvain Georges, Jean-Christophe Péraud, Frédéric Finot, Yannick Martinez… A leur contact, j’ai appris la persévérance. Ça a été une belle expérience.
De quelle manière êtes-vous passé de coursier à cyclosportif ?
J’ai découvert le cyclosport en 2000 sur l’Etape du Tour qui se concluait au Mont Ventoux. J’en suis tombé amoureux. J’y suis allé avec des copains qui avaient pour ambition d’accrocher le diplôme d’or. Tous les niveaux étaient rassemblés, dans un bon état d’esprit, avec du partage autour d’un beau moment de vélo. J’ai pris goût à cette atmosphère. Chaque année, j’ai essayé de faire l’Etape du Tour. Et j’ai commencé à me retrouver davantage sur des cyclos que sur des courses FFC. Séduit par le côté partage.
Pour arriver à un tel niveau de performance, quelle a été votre méthode ?
Je ne suis pas un bon exemple car j’ai beaucoup roulé en février, mars, avril, avant de privilégier beaucoup la récupération en mai avec le boulot, et davantage encore en juin et juillet. Certaines semaines, parce que je travaillais à côté, je faisais trois ou quatre sorties d’une heure, une heure et quart. Juste pour la récup. L’an dernier j’ai eu un problème au cœur qui m’a complètement éjecté des pelotons à partir de juin. J’essayais d’être bon en vélo, bon au boulot, bon comme papa et mari. J’en faisais trop jusqu’à avoir une alerte cardiaque. Je n’ai repris les entraînements que très tard, le 2 février, après avoir réalisé une batterie de tests.
Vous êtes originaire de Semur-en-Auxois et travaillez à Dijon, quel est votre parcours favori quand il s’agit de rouler ?
Les grandes sorties, c’est le Morvan. Mais ce qui nous manque pour bien préparer la montagne, c’est un bon col de 12-15 kilomètres.
Quel genre de coureur êtes-vous ?
Complet, tenace. Paradoxalement, c’est ce qui m’a manqué pour avoir un palmarès plus riche en FFC. Dès que c’était dur je tirais mon épingle du jeu mais je ne m’en sortais pas quand c’était trop plat ou trop difficile. A présent, avec les cyclos, je passe mieux les difficultés car plus on fait de montagne plus on prend le coup de pédale. J’ai aussi avec moi l’expérience.
En chiffres, à quoi se résume votre saison 2015 ?
J’ai fait vingt-cinq cyclosportives, trente-huit courses si je compte ce que j’ai fait en FFC. Mais depuis ma reprise le 2 février je suis à peine à 15000 kilomètres. J’ai gagné cinq cyclosportives, une panoplie de podiums, et accroché au passage le titre de champion de France Masters que je n’avais pas prévu non plus de disputer.
Quelles cyclosportives mettriez-vous sur le podium de vos épreuves favorites ?
Sans ordre de préférence, j’apprécie beaucoup le Ventoux, qui est mythique. Du fait de monter le Ventoux, je mets d’office la Granfondo Mont Ventoux dans le Top 3. J’ai découvert la Marmotte, dont le parcours très dur m’a plu. Il y avait beaucoup de monde, c’est l’une des cyclos les plus mythiques. Et s’il en faut une troisième, c’est compliqué tant elles ont toutes leur intérêt. Qu’il s’agisse de la Drômoise, une petite cyclo bien organisée, le Challenge Vercors avec une petite organisation parfaite dans un cadre magnifique, ou même la Ronde Picarde, toute plate mais sur laquelle je me suis régalé en Baie de Somme. Le but d’une cyclo, c’est le paysage, c’est l’effort, et c’est le partage avec les copains jusqu’au repas d’après-course.
Savez-vous déjà quel sera votre programme la saison prochaine ?
Il devrait s’articuler autour du Grand Trophée. En septembre, je dois faire les Championnats d’Europe Police, à condition d’être sélectionné. Le but sera d’arriver en forme à ces périodes-là. Je vais m’arranger pour être moins bien en début de saison et mieux en fin de saison.
Votre victoire au Challenge Cyclo DT Swiss a été récompensée par des roues DT Swiss. En êtes-vous déjà utilisateur ?
Je connais les roues DT Swiss par réputation sans avoir jamais vraiment roulé avec. En matière de matériel, je possède un Cannondale avec une paire de jantes alu Campagnolo Shamal et une paire de jantes carbone Campagnolo Bora. Malgré mon palmarès en cyclo, bien que je ne fasse pas trop d’efforts pour en chercher, je n’ai pas de partenaires personnels. Je sais que les roues DT Swiss ont très bonne réputation. Il me tarde de les découvrir.