Cédrick, la rentrée cyclosportive 2017 n’est pas encore pour tout de suite. Comment gères-tu ton hiver ?
Me concernant, la coupure hivernale se résume à un allègement du nombre des séances ainsi que de leur volume. Quand j’étais coureur en VTT, j’observais trois semaines d’arrêt complet avec une reprise du vélo mi-novembre, simplement parce qu’on disait qu’il fallait couper si on ne voulait pas subir des revers la saison suivante. Avec le recul, je trouve que pour ma part c’était une erreur. On perd de la masse musculaire, 1 kg me concernant, le cardio n’en parlons pas, puis s’ensuit un contre-la-montre de plusieurs semaines pour finalement commencer à être compétitif à la fin du mois de janvier. Au final, je me prenais quand même le revers en avril car on ne se donnait aucun répit pour revenir à son meilleur niveau !
Aujourd’hui, tu préfères donc entretenir ta condition physique tout l’hiver ?
Je roule 1h30 un jour sur deux ou un jour sur trois. Ça permet d’être vraiment plus serein en décembre et janvier et de pouvoir sans forcer aligner de belles sorties sans risquer l’hypo au bout de deux heures de vélo ! Après les fêtes, j’ai déjà pu aligner deux sorties de 180 kilomètres sans problème. Quand je vois des coureurs couper mi-octobre et effectuer en décembre des sorties de quatre heures au bout de dix jours de reprise, je me dis que la coupure hivernale est devenue un mythe !
Complètes-tu ta préparation hivernale par d’autres activités sportives ?
Je pratique en parallèle le trailrunning. Si on schématise, ma semaine se compose de deux tiers de vélo, un tiers de trailrunning. Je ne vois pas ça comme un complément mais ça soulage un peu les entraînements vélo. Car même je pars un jour courir en trail durant trois heures, pour moi ça reste une journée sans vélo et cela se ressent.
A ton niveau, et avec ton expérience, expérimente-t-on encore durant l’intersaison ?
J’ai expérimenté la non coupure l’année dernière ! Juste un allègement des sorties durant les vacances de la Toussaint. Et finalement cela ne m’a porté aucun préjudice. J’ai même découvert une saison que je ne connaissais pas : le vélo en automne ! Psychologiquement, je n’ai pas besoin d’observer une longue période de repos pour ensuite ressentir une nouvelle motivation pour me remettre à rouler. J’aime rouler, je n’ai pas besoin de me fixer d’objectif, juste l’envie d’être au meilleur de moi-même.
As-tu tendance à te lâcher sur l’alimention en dehors de la saison ?
Dans la mesure où je ne me prive de rien tout au long de la saison, il n’y pas ce côté craquage culinaire en fin d’année. Je ne suis pas quelqu’un qui fait vraiment le job mais grâce à ma femme, je mange plus sainement et mieux équilibré aujourd’hui. J’ai aussi la chance de ne pas prendre de poids. J’ai un IMC assez bas, alors si j’ai envie de me faire plaisir en passant devant une boulangerie, je m’arrête ! J’ai bien conscience que nous ne sommes pas tous égaux à ce niveau là !
Côté matériel, vas-tu apporter des modifications en 2017 ?
Il y a de la continuité dans la mesure où j’ai quelques partenaires personnels qui me suivent depuis trois ans. J’ai la confiance des cycles Camellini à Beaulieu-sur-Mer, qui est spécialisé dans le haut de gamme route et VTT. Pour les vêtements, j’ai un rôle d’ambassadeur pour la marque Café du Cycliste basée à Nice. Elle me fournit des tenues. Il y a juste un changement au niveau matériel, j’ai la chance pour cette année de rouler sur un kit carde Lightweight équipé en SRAM eTap. C’est une situation assez appréciable car je cours assez peu, une dizaine de courses par saison. Je ne dépends pas d’un team, je n’ai donc pas forcément d’impératifs à remplir en termes de nombre d’épreuves à effectuer sur une saison. Pour compenser, j’essaie de faire la promotion différemment via les réseaux sociaux, principalement Strava, qui permet de publier mes entraînements accompagnés de photos des paysages rencontrés et de montrer le matériel que j’utilise. Je trouve que ça touche plus de monde. D’ailleurs, tous les professionnels sur la côte me connaissent, même certains qui n’ont pourtant jamais roulé avec moi ! Si vous croisez un pro, demandez-lui s’il connaît Kong Fufu, c’est mon pseudo !
Quels vont être tes principaux objectifs cette année ?
Je vais d’abord profiter de mon maillot de champion de France Masters ! Jeune, j’ai couru en Elite en VTT et un peu sur route. Malgré un bon niveau, je n’ai jamais rien gagné de particulier, juste des Tops 10 en Coupe de France et des Tops 20 en Championnat de France. Alors pour une fois que ça m’arrive c’est une petite fierté. Mon principal objectif sera l’Etape du Tour. Ce sera ma première participation à cette épreuve, mon statut va me permettre de prendre le départ dans les meilleures conditions. Je l’ai cochée, ça tombe en plein milieu de la saison, le jour de mon anniversaire, à la même époque où je remporte la Risoul Queyras en 2016, dans les Alpes du Sud. J’aimerais y décrocher un Top 5.
Par où passera le reste de ta saison ?
Je vais débuter ma saison le 11 mars avec Paris-Nice Challenge, dont ce sera la 2ème édition, chez moi, sur le parcours de la dernière étape de la course professionnelle. Au printemps, je serai au départ des deux épreuves de la nouvelle série la Mercan’Tour, inaugurée l’année dernière, puis il y aura certainement la Fausto Coppi chez mes voisins italiens à Cuneo la semaine précédant l’Etape du Tour. Ensuite, il y aura la Haute Route Pyrénées et les Championnats du Monde Granfondo à Albi dans la foulée.
La Haute Route t’a particulièrement marqué en 2016, sur quels aspects principalement ?
Sur le côté humain d’abord : les rapports avec le staff, les équipes de massage, les suiveurs et les concurrents, mais aussi, dans une moindre mesure, car je pense que beaucoup ont dû penser que je n’avais rien à faire là. J’avais beaucoup de marge, surtout avec l’abandon prématuré de Nicolas Roux. Ensuite sur la qualité des étapes proposées et la difficulté des cols. Pour moi l’organisation frôle la perfection ! Et quand je parle de difficulté des cols, je veux dire par là que les pourcentages étaient très élevés
Toi qui as longtemps pratiqué le VTT à haut niveau, quelles ressemblances et dissemblances vois-tu entre les deux disciplines ?
Le VTT est un sport individuel qui ressemble plutôt à du contre-la-montre. En cyclo, on a un juste milieu. On peut retrouver le sens tactique de la route mais aussi rapidement se retrouver isolé à deux, trois coureurs, voire seul sur des épreuves de montagne, et donc à gérer son effort en solitaire. Il y a un peu la même convivialité et le même respect de l’adversaire. C’est pour ces raisons que, même plus jeune, j’ai toujours aimé faire quelques cyclos, et surtout parce qu’on y trouvait du niveau sur des parcours bien plus sélectifs et plus appropriés à mon profil.
A ton niveau, que dirais-tu du public cyclosportif si on devait comparer avec les épreuves de masse en course à pied ?
Je trouve qu’il est beaucoup plus facile de bien se préparer à pied. Une séance en course à pied, c’est une heure. Mais à vélo c’est deux voire trois fois plus et six jours par semaine contre trois à cinq pour le running. Demandez aux cyclistes, je suis certain que 80 % d’entre eux jugent qu’il auraient aimé disposer de plus de séances d’entraînement avant de prendre le départ d’une épreuve longue distance.
Tu vis près de Nice, à proximité de l’Italie où les cyclos, nombreuses, débutent dès février. Pourquoi ne t’y frottes-tu pas ?
Ce sont des épreuves malheureusement pas très connues, même chez nous, et qui ont lieu en tout début de saison, à Laiguelia et à Alassio, à une heure de route de Nice, sur des parcours de moyenne montagne entre la fin février et début mars. Ces Granfondo réunissent pas moins de 3000 participants chacun ! J’avais l’habitude de m’y rendre mais cette année les dates ne correspondent pas à mon planning professionnel. Je les conseille vraiment, les routes sont fermées, elles se courent en trois heures à un rythme très élevé. Par contre, il y a beaucoup de monde il faut s’inscrire très tôt sous peine de mettre cinq minutes avant de passer l’arche de départ ! Pour ceux qui auraient envie de s’y rendre sans objectif particulier, sachez qu’en général le dernier ravito propose des grillades ! En Italie c’est vraiment une ambiance particulière, tout le monde est équipé et habillé comme un pro !
On t’a vu au Roc d’Azur, penses-tu encore faire des épreuves de VTT en 2017 ?
J’aimerais bien refaire le raid « les Chemins du Soleil » qui se court en binôme sur plusieurs étapes marathon entre la Drôme et Gap. Mais pour cette année je reviendrai uniquement sur le Roc Marathon pour terminer ma saison. Ce rendez vous annuel m’avait vraiment manqué ! Et dire que j’ai fait mon premier Roc en 1992 ! Par contre, je vais alterner avec quelques épreuves en trail au gré des envies. Il y a beaucoup d’épreuves autour de chez moi, il faut dire que la région s’y prête énormément !