Cédric, depuis 2008 vous êtes le parrain du Team DigestScience. Comment est-il né ?
Il est né tout naturellement au moment de créer la fondation du même nom. J’avais déjà rencontré le professeur Pierre Desreumaux, le fondateur de DigestScience, une première fois en 2007 alors que j’étais encore en activité. Il m’a fait part de son intention de créer cette fondation de recherche. Il a immédiatement voulu y associer l’image d’un sportif de haut niveau et particulièrement dans le cyclisme. Parallèlement à cela, il a voulu créer un team cyclosportif. L’idée était de véhiculer l’image de la fondation lors d’événements et d’arborer un maillot relativement reconnaissable pour médiatiser l’existence des maladies digestives. C’est la raison pour laquelle j’ai été séduit par ce projet. Pour défendre une bonne cause.
La communication, c’est donc l’objectif premier de ce team.
Oui, la première chose c’est de faire connaître ces maladies digestives, de sensibiliser l’opinion publique sur l’existence de ces pathologies. On peut parler facilement de certaines maladies, mais pour celles-ci, c’est un peu plus difficile car un peu plus personnel. Par ce biais, la fondation veut montrer qu’elle mouille le maillot. Aujourd’hui, on peut atténuer les symptômes, soulager les douleurs, mais il n’y a pas encore de traitement capable de soigner les malades, c’est une difficulté particulière.
Pourquoi la fondation s’est-elle tournée tout particulièrement vers le cyclisme ?
C’est un milieu qui rassemble beaucoup de personnes, de toutes catégories socio-professionnelles, des hommes et des femmes. C’est un sport populaire. Les valeurs sont aussi semblables : le courage, la solidarité, le dépassement de soi. Qui plus est, et c’est une comparaison souvent utilisée par le professeur Desreumaux, quelqu’un qui souffre d’une de ces maladies, c’est comme une personne qui monterait tous les jours un grand col hors catégorie du Tour de France comme le Mont Ventoux. Il faut mentalement être fort pour affronter les difficultés rencontrées sur le terrain quand on est sportif, comme il faut être fort dans sa tête quand on est malade car on traverse des périodes relativement compliquées. Il y a aussi une similitude entre la solidarité et le travail d’équipe qu’on peut retrouver dans une équipe cycliste. Il faut être solidaire pour aller au bout. Et quand on est atteint de la maladie de Crohn, il faut se serrer les coudes avec son entourage médical et familial. Il y a donc beaucoup de similitudes. Les difficultés que peut rencontrer un cycliste dans son quotidien sont pourtant bien modestes vis-à-vis de celles que peuvent rencontrer les malades.
Combien de membres compte le team DigestScience aujourd’hui ?
Au départ, nous étions une trentaine de membres avec essentiellement des médecins gastro-entérologues et quelques amis cyclistes. Aujourd’hui, nous comptons plus de 300 membres. La fondation reçoit régulièrement des demandes de cyclistes pour adhérer au team. C’est évidemment gratuit. Toutes les catégories socio-professionnelles sont représentées. Nous avons des personnes qui travaillent dans le prêt-à-porter, des directeurs, des avocats. Nous avons aussi des malades qui participent à ces événements et qui portent le maillot de la fondation.
Sur quelles épreuves le team DigestScience est-il présent ?
Chaque année, nous nous répartissons sur plusieurs épreuves en France, en Belgique ou en Suisse, sur le Tour du Lac Léman par exemple. Certains événements sont très importants pour nous, comme la Lille-Hardelot, le 24 mai. Nous avons également la Time Megève-Mont Blanc à laquelle j’ai déjà participé. Un déplacement sera également organisé sur l’Etape du Tour à Saint-Jean-de-Maurienne. Nous aurons le Ch’ti Bike Tour fin août. Une équipe sera envoyée aux 24 Heures Shimano du Mans. Nous participons également à la Levallois-Honfleur. Quelques membres participent en outre au Roc d’Azur. Ce sont des événements où des déplacements sont véritablement organisés. C’est donc sans compter les épreuves où les membres arborent fièrement le maillot DigestScience dans leur région ou dans leur pays.
Les retombées sur la fondation sont donc plutôt bonnes.
Bien sûr ! Nous essayons d’associer la fondation à des personnages médiatiques pour faire le buzz et sensibiliser. Alain Prost a par exemple porté le maillot DigestScience lors de la Time Megève Mont-Blanc. C’est de cette façon que l’on peut récolter des dons. C’est une des raisons pour laquelle nous avons décidé de créer la Nuit du Vélo. Pour parler de l’existence de la fondation. Les objectifs sont atteints.
L’événement s’est d’ailleurs installé comme un rendez-vous incontournable alors qu’il n’existe que depuis 2013…
Dans la région Nord-Pas-de-Calais, quand on organise un événement comme celui-là à quelques heures de Paris-Roubaix, on est sûrs de faire mouche. C’est là où tous les médias sont focalisés. Le but premier n’est évidemment pas de créer des événements. Mais sans médiatisation de la fondation, il n’y a pas toute cette effervescence que l’on a pu connaître depuis trois ans.
Comment l’idée est-elle venue ?
Elle est née d’un brainstorming. Pascal Boulanger, le président du Club Gagnants, qui a pour but de promouvoir une image positive de la région, a eu cette idée. Il nous a dit : « si vous voulez médiatiser l’existence de la fondation, comme vous faites partie du monde du cyclisme, il y a dans la région un événement qui est mondialement connu avec Paris-Roubaix. Faites en sorte que Paris-Roubaix commence le vendredi soir avec la Nuit du Vélo. » DigestScience a donc oeuvré pour cet événement qui lui appartient maintenant à 100 %. C’est une fierté ! C’est un challenge de rassembler chaque année environ 800 personnes sur le vélodrome couvert de Roubaix. Nous voulions naturellement associer la Nuit du Vélo avec Paris-Roubaix et sur la 1ère édition, il était tout naturel d’inviter le champion français de cette course, Gilbert Duclos-Lassalle. L’an dernier, la venue de Bernard Hinault ne se discutait pas. Cette année, nous avons voulu inviter Bernard Thévenet puisqu’il fête les quarante ans de sa première victoire sur le Tour de France. Pour l’an prochain, dans notre quête de mondialisation, nous voudrions associer la Nuit du Vélo à une personnalité internationale.
Finalement, la Nuit du Vélo n’est-elle pas un aboutissement pour la fondation ?
Je pense que oui. Deux événements sont importants pour la fondation. En plus de la Nuit du Vélo, nous avons le Testathlon, fin octobre. C’est un événement un peu plus régional et familial et qui permet de récolter 20 000 euros sur la journée. La Nuit du Vélo a permis de donner un statut plus international à la fondation. Nous sommes contents de ces trois premières éditions. C’est un peu notre bébé.
Propos recueillis le 16 avril 2015.