Bruno, 2ème de la Cyclo des Monts du Vaucluse et des Boucles du Verdon, 3ème de la Coupe de France VTT de Pernes, tu réalises un gros début de saison malgré une préparation hivernale complètement différente des standards habituels…
J’ai réattaqué le vélo au 1er avril. En fait, j’ai posé le vélo après le Roc d’Azur l’année dernière pour faire une longue coupure. J’ai fait de la randonnée en montagne à un rythme tranquille pour faire une grosse récupération. Puis, dès les premières neiges, j’ai attaqué un entraînement intensif en ski alpinisme. J’ai fait une saison entière, certes moins que les spécialistes, mais j’ai participé à une douzaine de rendez-vous. J’ai seulement coupé avant tout le monde puisque j’ai repris le vélo début avril. Mais j’ai fait un calendrier assez complet.
Pourquoi avoir fait ce choix ? Par saturation du vélo ou par envie de goûter aux autres joies de la montagne ?
Je suis originaire de la montagne. J’ai fait douze ans d’escalade à bon niveau. J’ai un esprit « montagne ». Même dans le vélo, je suis plus attiré par les épreuves en montagne. Il y avait un peu de tout en fait. Je ne me sens plus de faire une saison entière à rouler pendant douze mois, à ne penser qu’au vélo. Là, ça m’a aéré l’esprit et je me sens régénéré. C’est bon pour la motivation. J’ai repris avec une grosse envie. J’avais déjà un gros moteur car le ski alpinisme part à bloc et oblige à faire de gros efforts. Ca fait des courses de deux heures à deux heures et demie. C’est de l’intensité tout l’hiver.
Quand tu as repris le vélo début avril, comment te sentais-tu physiquement ?
J’ai senti que je n’avais pas le bon geste au niveau du coup de pédale. Je perdais énormément d’énergie. Il m’a fallu réacquérir le geste mais c’est revenu au bout de quinze jours de roulage. Je me suis concentré sur mon coup de pédale mais physiquement j’ai passé des paliers durant l’hiver. J’ai une plus grosse Vo2 Max du fait d’avoir fait de l’intensité tout l’hiver. J’ai fait un peu l’inverse de ce qu’il faut faire puisqu’on fait d’ordinaire le foncier l’hiver et les intensités ensuite. Mais c’est bien passé.
Le sommet de ta saison hivernale, ça a été la Pierra Menta, raconte-nous ça…
Nous avons participé à la course mais pas au classement général, n’ayant fait que deux étapes sur quatre, mais nous avons fait les deux étapes mythiques. Celle des grands monts le samedi avec plus de 4000 spectateurs, dans une ambiance Tour de France. C’est la course de l’année dans le Beaufortain, c’est exceptionnel, il faut le voir ! Nous fonctionnions en binôme avec Laurent Bonnet. A chaque mont, nous étions obligés d’attendre notre coéquipier. Etant en meilleure forme que lui, j’attendais Laurent à chaque mont. Et quand je repartais j’avais la combinaison qui sentait les grillades. Il faisait hyper beau, c’est phénoménal.
Fort de ton expérience hivernale, recommanderais-tu une telle préparation ?
Je le recommande à tout le monde. Si on se sclérose dans un milieu, on évolue moins vite que si l’on prend du recul. C’est mieux de s’oxygéner et de faire autre chose l’hiver que d’aller rouler par des températures négatives. Le vélo, il faut le pratiquer quand il fait beau ! Certes, il faut s’aguerrir aussi quand il pleut et qu’il vente mais ça fait du bien à la tête. Le vélo et le ski alpinisme sont très durs mais on sature si on les pratique toute l’année. L’hiver prochain, je renouvellerai cette expérience. Et j’espère être à la Pierra Menta avec un dossard pour faire la course !
Propos recueillis à Gréoux-les-Bains le 30 mai 2010.