Bernard, la première étape de la Haute Route des Dolomites s’est déroulée dans des conditions difficiles. Comment as-tu géré ces 177 kilomètres sous la pluie et notamment la montée finale vers Crans Montana ?
Je les ai très mal gérés. Je me suis trompé dans mon choix de vêtements le premier jour. Je suis parti avec juste un gilet sans manches et des manchettes. Je ne crois pas avoir passé de journée plus désagréable sur le vélo que celle-ci. J’avais déjà connu des conditions similaires sur la Haute Route 2014, l’étape entre Courchevel et l’Alpe d’Huez. Nous avions roulé 8 heures sous la pluie mais j’avais prévu l’équipement adéquat. C’était passé comme une lettre à la poste, j’avais dû faire l’une de mes meilleures étapes sur une course d’une semaine. Mais cette fois, je suis complètement passé à côté de mon étape. L’étape se terminait par la montée de Crans Montana, ce qui n’est pas rien. Je me suis mis dans ma bulle. Je me suis calé à 140 pulsations et j’ai fait la montée comme ça.
Comment as-tu fait pour repartir avec un vélo propre le lendemain ?
Je dois dire que j’ai été un mauvais cycliste ce jour là. J’en avais tellement marre, j’avais froid, je n’ai même pas pris le temps de laver mon vélo, juste un petit coup de chiffon le lendemain matin mais c’est tout.
Plus généralement, comment se passe une soirée type une fois la ligne d’arrivée franchie ?
D’abord douche, puis massage. Il y a 30 masseurs à l’arrivée. Comme j’arrive dans les 60 premiers généralement, je passe directement sur la table de massage, je n’ai pas d’attente. C’est très bien organisé. Après cela je mange un peu. Ensuite on rentre à l’hôtel où je bois une boisson de récupération. Je prends le temps de faire une sieste puis j’attends le repas du soir. Je me couche enfin vers 21h30.
Sur la deuxième étape, vous avez eu à franchir un col pavé, le col du Saint-Gothard. Comment cela s’est passé ?
J’ai entendu beaucoup de choses avant de l’aborder. On m’a dit que ça allait être difficile, voire insupportable, qu’on ne peut pas monter en danseuse … Mais personnellement, les pavés ne m’ont pas gêné. Les premiers 100 m m’ont quand même bien secoué. C’est vrai que je me suis demandé si j’allais pouvoir monter les 10 km comme ça, mais on s’y habitue vite finalement. J’arrivais même à me mettre en danseuse. Ce qui m’a plus dérangé, c’est le vent de face. Ce Col du Saint-Gothard s’est donc bien déroulé pour moi, c’est vraiment très beau. Qui plus est sous une belle météo.
Comment s’est déroulée la troisième étape qui vous amenait définitivement en Italie ?
Il a fait froid, seulement 3°C dans la vallée de Saint-Moritz. Et pourtant, le départ à été retardé d’une heure pour être donné entre 8h et 8h40 selon les sas de départs. Mais je connaissais tous les cols du parcours et je les apprécie. J’ai beaucoup aimé cette étape qui était en fait un enchaînement de cols, pour finir par le Stelvio. C’était une journée grandiose sous le beau ciel bleu des Alpes. Des conditions comme ça, ça réconforte tout le monde.
Ensuite, quatrième jour. Un contre-la-montre sur les pentes du Stelvio. Raconte-nous cette étape particulière.
On part toutes les 20 » par sas de 100, avec 20′ d’attente entre chaque sas. Personnellement, j’ai mis 1h28 de chrono. Par contre, pour le retour en bas, pas de navette, il a fallu se débrouiller seul.
Quelles sont les nationalités les plus représentées sur cette Haute-Route des Dolomites ?
Beaucoup d’Anglais, quelques Français et Italiens. Un peu de Belges, de Luxembourgeois et d’Américains. Les Autrichiens notamment sont très costauds. Beaucoup de nationalités donc, mais très anglophone.
Tout à l’heure, tu nous parlais de départs à 7h ou 8h. Comment tu gères des départs si tôt comme cela ?
Alors quand le départ est donné à 7h, je me lève à 5h. Je prends mon petit-déjeuner à 5h15 pour le terminer 15′ plus tard. On a ensuite 45′ pour se préparer à aller sur la ligne de départ. On prépare donc nos bagages et le petit sac qui nous attendra à l’arrivée.
Niveau logistique, l’organisation est-elle à la hauteur ?
Du côté des hôtels, tout est bien organisé. Tout est préparé à l’heure, notamment le petit-déjeuner à 5h. Les hôtels suisses ont mis la barre très haute. Le seul bémol, c’est le gros transfert entre l’arrivée de l’étape après le Saint Gothard et pour rejoinre St Moritz puis l’hôtel le soir. 3h de voiture, c’est trop long.
Au soir de la 4ème étape, toi qui a déjà participé à d’autres Haute Route, comment juges-tu ton état de fatigue ?
Je pense être moins fatigué que sur les autres Haute Route que j’ai pu faire. J’ai aussi l’impression qu’il y a aussi moins de dénivelé qu’annoncé. Mon GPS me confirme dans ces impressions.
Comment trouves-tu le niveau de cette Haute-Route ?
Je trouve que sur cette édition dans les Dolomites, ça roule plus vite que sur la Haute-Route Alpes. Je pense que le niveau est au-dessus. Les Autrichiens notamment sont très forts.
Si tu devais nous faire un top 3 de ce qui t’a le plus marqué depuis le départ de Genève, que mettrais-tu dedans ?
Le col du Saint-Gothard d’abord. Les pavés m’ont marqué. Ensuite, je dirais la 3ème étape dans son ensemble. Pour l’instant, elle a été ma préférée. Une étape courte avec beaucoup de relief. Et enfin, je dirais le magnifique paysage des Dolomites, c’est vraiment superbe.