Benoit, avec un demi-millier de participants en quatre éditions, quelle place occupe aujourd’hui la Ronde Tahitienne dans le paysage sportif polynésien ?
C’est devenu aujourd’hui un rendez-vous incontournable pour les passionnés de cyclisme mais pas seulement puisque de nombreux sportifs polynésiens cochent ce rendez-vous dans leur agenda. Grâce à tous ces gens nous avons atteint le demi-millier de participants en 2015 et surtout nous avons un événement dont la participation est en constante augmentation. La Ronde Tahitienne est également retenue au calendrier des grandes manifestations sportives de Polynésie Française, ce qui la classe parmi les plus grands événements sportifs du pays. La ministre de l’Education, de la Jeunesse et des Sports nous a assurés de son soutien, d’autant que cette année nous y ajouterons un volet éducatif, en plus de la promotion du tourisme et de toutes les reconnaissances nationales et internationales dont nous bénéficions.
Dans 101 jours, le dimanche 22 mai, la 5ème édition quittera le vélodrome de Pirae où elle avait ses habitudes pour s’installer sur le front de mer de Papeete. Qu’est-ce qui motivait ce changement de site ?
Nous sommes devenus en quelques années un événement sportif important pour Tahiti et déplaçons un certain nombre de médias internationaux. Il s’avérait donc judicieux de se déplacer vers la capitale de l’île qui dispose d’un très joli front de mer. Les opérations de départ et d’arrivée se feront dans le très beau parc Bougainville, à l’ombre de ses arbres majestueux. Nous y installerons une grande scène où un groupe de musique se produira. Des associations de quartier viendront également animer le parc. Tout sera réuni pour faire de cette journée une fête du sport et du cyclisme. Et l’avenue se prête parfaitement à une arrivée cycliste. Elle nous permettra d’avoir de très belles images en bordure d’océan.
Quels sont les atouts d’une épreuve comme la Ronde Tahitienne ?
Le premier de ses atouts, c’est le dépaysement. Tahiti n’est pas une grande terre de cyclisme mais la seule évocation de son nom invite au voyage. Et quand les visiteurs posent le pied sur cette magnifique île, ils y découvrent à leur grand étonnement un pays dynamique et sportif. Nous sommes très certainement une épreuve unique dans l’accueil des participants étrangers. Tous sont accueillis avec les traditionnels colliers de fleurs dès l’aéroport par notre groupe de bénévoles et sont guidés toute la semaine à travers les différentes activités que nous proposons jusqu’au jour de la course et de leur départ. Et puis nous allions au cyclisme de nombreux autres sujets qui nous sont chers. Cette année par exemple nous recevrons un garçon charmant et exemplaire qui, souffrant du cancer, a réussi à dompter la maladie grâce au cyclisme. J’ai trouvé son parcours absolument incroyable, alors nous l’avons incité à venir et il témoignera de l’intérêt de la thérapie par le sport. Il nous dévoilera en même temps tous les efforts qu’il fait par le biais de son association « le fil de l’espoir », ce sera un grand moment.
De quoi le parcours 2016 de la Ronde Tahitienne se composera-t-il ?
De routes agréables, toujours entre océan et montagne. Le parcours de la Ronde Tahitienne passe par le col du Tahara’a, une colline offrant des pourcentages élevés. Ce petit col effectuera une première sélection, ensuite il faudra lutter contre le vent du sud qu’on appelle mara’amu et qui peut parfois être relativement fort à cette saison. Sur cette côte escarpée, il y a quelques lignes droites où on est tout prêt du lagon. C’est la cas à Papenoo, qui est le refuge des surfeurs, ou encore vers Tiarei où il y a une magnifique plage de sable noir. Nous traversons ensuite la rivière de la Vaiha avec de très belles cascades et une côte qui fera mal aux jambes à certains. Le retour se fait sur la même route, mais cette fois vent de dos, et ça peut rouler vraiment très fort. Le passage du col du Tahara’a à 8 kilomètres de l’arrivée est très dur de ce côté avec des passages à 15 %. Il décide souvent du vainqueur et peut rester dans les mémoires de certains pendant longtemps. Ensuite il y aura l’entrée dans la capitale, Papeete, et le passage par le front de mer en tout point magnifique.
L’épreuve est inscrite dans les calendriers les plus prestigieux : le calendrier UCI depuis l’an passé, le Grand Trophée pour la première fois en 2016. Que représentent-ils ?
Tous ces calendriers sont très importants pour nous puisqu’ils permettent d’une part de faire la promotion de notre épreuve et d’autre part nous donnent une crédibilité importante. Cette année nous rejoignons les épreuves du Grand Trophée, ce qui est exceptionnel pour une épreuve ultramarine comme la nôtre. Le Grand Trophée est un des challenges les plus importants de l’Hexagone et nous en faisons désormais partie. Nous devenons ainsi la plus titrée des cyclosportives d’outre-mer. Ça apporte également un plus au niveau technique puisque les personnes du Grand Trophée seront présentes pour installer les puces électroniques mais également délivrer un diplôme à chaque participant. Le speacker officiel du challenge animera également l’épreuve toute la journée, ce qui donnera un côté très professionnel à notre course. Nous sommes également inscrits au label Eco Cyclo, désormais Green Cycling, qui est un thème important de la Ronde Tahitienne.
Et la Ronde bénéficiera pour sa 5ème édition d’un nouveau parrain en la personne de Laurent Jalabert. Quelles actions seront menées avec lui ?
Laurent Jalabert souhaitait venir à la Ronde Tahitienne depuis plusieurs années et cela se concrétisera cette année, c’est un vrai bonheur. D’une part sur le plan personnel, puisqu’étant quasiment voisins, j’étais au même lycée que lui à Castres et j’ai suivi avec attention son ascension au plus haut niveau depuis la catégorie des Cadets à l’UV Mazamet. Et puis bien sûr, pour tous les cyclistes de Tahiti, ce sera une joie immense de pouvoir pédaler avec un des plus grands champions de l’histoire du cyclisme français. Il participera bien sûr au package touristique que nous mettons en place au plus grand bonheur de tous les étrangers qui seront avec lui, et il animera une rencontre avec des enfants souffrant de handicaps et qui seront invités sur l’épreuve. C’est l’action que nous soutenons pour cette 5ème édition.
Vous serez jumelé cette année avec la Xterra Transtahitienne, qui se dispute huit jours avant la Ronde. En quoi consiste ce rapprochement ?
Nos deux événements s’unissent en effet cette année pour faire une semaine très sportive en Polynésie. Nous sommes très proches des organisateurs de cette épreuve et cette union nous permet de fédérer les moyens. Laurent Jalabert sera le parrain des deux épreuves et nous mettrons en place un challlenge récompensant les meilleurs sportifs sur les deux courses. Notre parrain commun sera d’ailleurs présent lors de la récompense du challenge de la régularité sur les deux épreuves.
Rejoindre le peloton de la Ronde Tahitienne depuis la métropole nécessite de séjourner au moins une huitaine de jours à Tahiti, et en cela vous mettez en place depuis plusieurs années un séjour combinant sport et tourisme. Quel programme réservez-vous cette année aux participants et à leurs accompagnants ?
Le programme est des plus attrayants. A peine posé le pied à Tahiti, nous effectuerons une petite reconnaissance du parcours le lundi avec Laurent Jalabert, en toute décontraction. Puis le mardi nous rejoindrons pour trois jours l’île magnifique de Moorea, à seulement trente minutes par ferry de Tahiti. Elle possède un charme particulier, un rythme et un cadre préservé qui en font l’une des destinations de week-end privilégiées. Le programme y sera très alléchant. On débutera par la découverte de l’île en quad, c’est très fun et ça permet de visiter l’intérieur de l’île par des sentiers pittoresques qui débouchent parfois sur des points de vue à couper le souffle. D’autres pourront faire une balade un peu plus sportive en jet ski sur le lagon, sensations fortes garanties ! On consacrera une journée entière à une balade en pirogue sur le lagon où tout le monde pourra nager au milieu des raies et autres poissons multicolores. Parfois se joignent à la baignade des requins inoffensifs, c’est vraiment un grand moment ! Nous nous restaurerons sur un îlot privé avec un pique-nique aux couleurs locales. Enfin on proposera une découverte de l’île à vélo et une balade en pirogue au coucher du soleil avec ambiance musicale jusqu’à un bel hôtel de l’île où nous assisterons à un spectacle de danse traditionnelle, avec un buffet aux saveurs polynésiennes. En trois jours, nous offrirons ainsi un panel large et représentatif de notre pays à tous les étrangers présents, et ils seront nombreux cette année !
Depuis 2011, la Ronde Tahitienne est devenue l’événement moteur du cyclisme en Polynésie. Quel en est l’impact sur le développement de la discipline ?
De nombreux cyclistes l’attendent avec impatience. C’est l’épreuve qui réunit le plus gros peloton de l’année et ils sont nombreux à s’y préparer à Tahiti mais aussi dans les îles comme Bora-Bora ou Raiatea, où il existe deux clubs cyclistes. A noter que le premier inscrit cette année nous vient de l’île de Huahine, comme quoi tout le monde fait du vélo en Polynésie. A Tahiti, un club essentiellement tourné vers le cyclosport comme Vairao en fait son objectif principal, ils étaient les plus nombreux l’an dernier avec près de 40 cyclistes. Chaque semaine je reçois des messages de sportifs désireux d’y participer, l’impact est certain. Depuis la création de la Ronde, qui fut la première cyclosportive à Tahiti, sont apparues des épreuves similaires à portée locale, comme quoi le concept plaît et est fédérateur.
La Ronde fêtera cette année ses 5 ans, quelles images fortes gardez-vous des éditions passées ?
Nous vivons de nombreux et beaux moments chaque année. La rencontre avec Bernard Thévenet et Jimmy Casper la première année en fut un, et depuis ces deux dernières années la venue de participants étrangers donne toujours de beaux moments à vivre. Je garderai longtemps en mémoire l’image de cette dame néo-zélandaise qui, le soir du buffet clôturant les trois jours à Moorea, est venue vers moi en me tombant dans les bras pour me dire, remplie d’émotion, qu’elle avait passé les plus belles vacances de sa vie. L’engouement des membres du club est également beau à voir. Tout le monde met la main à la pâte. Nous avons tous ensemble réalisé de belles choses, si bien qu’aujourd’hui nombreux sont les cyclistes à rejoindre notre groupe qui fleure bon l’amitié et le sport. On a dépassé les 40 licenciés, ce qui fait du Vélo Club de Tahiti le plus important des clubs cyclistes tahitiens.
Et il y a auprès de vous, depuis les tout débuts, un ambassadeur qui vous tient à cœur en la personne de Henri Sannier…
C’est ce que je retiendrai de plus fort, la présence de Henri Sannier à nos côtés depuis le début, un homme d’une gentillesse et d’un dévouement exemplaires. La Ronde Tahitienne m’aura permis de le connaître et de le côtoyer, et ça c’est formidable. Il partage avec nous les mêmes valeurs de convivialité et du goût de l’effort et nous a guidés dans de nombreux domaines. Jamais je ne pourrai suffisamment le remercier tant il a apporté à notre épreuve. Il est devenu un ami et rien que pour ça je suis fier de partager avec lui la passion du vélo. Grâce à ce grand monsieur, la Ronde Tahitienne aura toujours quelque part un petit parfum picard entremélé à nos belles senteurs polynésiennes.