Le Ventoux est un des lieux mythiques du vélo dans le monde entier. Destination rêvée des cyclistes et transhumance qui débute à Pâques pour se terminer le 15 octobre, avec des journées à plus de 1000 montées en été. Le tourisme lié au vélo, plus encore qu’au VTT, est une activité économique dominante sur cette « vallée close » qu’est le Vaucluse, essentiellement tournée vers la production de fruits, de légumes, sans compter le vignoble.
A la différence des Alpes, où l’activité liée au vélo est structurée (journées sans voitures, stages, produits dérivés, etc.), le Ventoux a longtemps été considéré comme se suffisant à lui-même, que ce soit à Sault, Malaucène et plus encore à Bedoin, les cyclistes sont là, c’est bien, mais l’accueil laisse ou plutôt laissait à désirer. Pas de panneaux indiquant la météo par exemple, bizarre, quand on sait qu’il faut compter 10° de différence entre le pied et le sommet. Les locaux le savent, ceux qui arrivent d’ailleurs, pas forcément ! La résidence hôtelière Les Florans (près de 200 couchages) et sa directrice Béatrice Liaigre ont su appréhender les différents aspects d’un produit touristique lié au Mont Ventoux et au cyclisme/VTT. C’est Destinations Ailleurs, que nous présente sa responsable. Toutes les informations sur www.destinations-ailleurs.com.
Béatrice, vous avez développé le concept Destinations Ailleurs, d’où vous est venue cette idée ?
Je suis en fonction depuis un an et demi sur cette belle structure de résidence de vacances à Bedoin. Mon travail, en association avec des partenaires locaux, est de développer cette structure et son remplissage. Dans ce but, mon idée a toujours été de trouver des projets nouveaux. J’ai observé, écouté, réfléchi, et c’est indéniable, le Ventoux est une très belle destination pour tous les sportifs. Développer des projets et activités autour du cyclotourisme, du VTT et du trail est devenu automatique.
Vous êtes originaire de l’ouest de la France. Comment se fait-il que les idées autour du Ventoux soient toujours apportées d’ailleurs et ne viennent jamais des locaux ?
Je suis originaire de La Rochelle. Je n’avais jamais entendu parler du Mont Ventoux. Pour moi, c’est une émanation géologique tout à fait extraordinaire. Or je pense que lorsqu’on est natif d’un endroit, on finit par en oublier sa richesse. C’est en essayant de trouver des attraits pour mes clients que j’en ai découvert toutes les possibilités. Il m’est apparu que le Mont Ventoux, qui est magique, était un lieu incontournable pour développer des activités sportives, mais aussi naturalistes, botaniques…
Les Florans, qu’est-ce que c’est ?
C’est une résidence hôtelière qui se caractérise par des prestations autour de l’animation. Voilà pourquoi nous développons des projets autour du sport, mais aussi des découvertes et des excursions autour de la région. La restauration est également très importante, tout comme les prestations hôtelières, les services, les infrastructures : terrains de tennis, piscine, salles de réception pour des séminaires et réunions…
Quelles sont vos capacités d’hébergement ?
Nous sommes en capacité d’accueillir en nuitée et hébergement 170 personnes. En restauration, nous pouvons accueillir jusqu’à 200 personnes. Mais nous avons pu nous adapter pour restaurer jusqu’à 2000 personnes le week-end du Trail du Ventoux. Nos clients sont Français mais aussi Belges, Hollandais, Allemands, de plus en plus d’Anglais et quelques Américains. Les Belges adorent le Ventoux et toute la richesse gastronomique comme les vins de la région.
Quand proposez-vous les prestations de Destinations Ailleurs ?
Nous ouvrons de début mars à mi-novembre. Nous avons développé des prestations qui permettent aux groupes sportifs de pouvoir effectuer ou bien des stages de préparation, ou bien des stages de fin de saison ou d’entretien de janvier à décembre. Notre objectif est de créer une dynamique d’emploi local avec tous nos partenaires locaux, les loueurs de vélos, les restaurateurs et toutes les activités comme le Ventoux Bike Park.
De nombreux stages se développent en France. Le Ventoux est-il en mesure d’accueillir des groupes de cyclistes tout au long de l’année ?
J’en suis certaine, ne serait-ce que par la météo. Le cadre et l’environnement sont très variés. On va de la vallée du Rhône jusqu’aux confins du Ventoux, donc un paysage très diversifié. Il y a des parcours pour tous les niveaux. Je ne sais pas pourquoi on va à l’étranger alors qu’on a tout ici !
Avez-vous des objectifs chiffrés ?
Nous allons être très modestes. Cette année nous voulons simplement afficher nos ambitions. Nous envisageons 2000 journées/vacances supplémentaires, soit environ 300 000 euros de chiffre d’affaire supplémentaire pour les années 2013 et 2014. Si nous réussissons cela ce sera déjà très bien.
Les équipes professionnelles françaises privilégient tendanciellement la destination de l’Espagne pour leurs stages de début de saison. Pourquoi pas en France et au Ventoux ?
D’abord, l’Espagne et l’Italie ont souhaité attirer la clientèle française avec des prix très attractifs. Il nous faudra être concurrentiels. Peut-être n’avons-nous pas su bien écouter non plus les demandes des groupes sportifs et nous adapter. Nous nous sommes entourés des bonnes compétences pour pouvoir proposer des prestations adaptées et personnalisées aux demandes des groupes sportifs.
Vous travaillez avec d’anciens pros, Bernard Vallet et Christophe Oriol, c’est important pour crédibiliser votre service ?
Absolument. Nous voulions nous appuyer sur des compétences que nous n’avions pas forcément. Nous sommes avant tout des hôteliers, des restaurateurs, avec des idées, mais il faut des gens pour les mettre en pratique. Il ne faut jamais travailler seul. Je suis ravie que Bernard Vallet et Christophe Oriol pensent que cet endroit est un lieu magique. Il est au pied du Mont Ventoux. Il est incontournable. Nous devons faire des propositions concrètes qui drainent de la population sportive, cyclosportive et vététiste.
Propos recueillis à Bedoin le 29 mars 2012.