Avant toute chose, pouvez-vous vous présenter ?
Johan Ballatore : J’ai 32 ans. Je suis cycliste handisport depuis un accident à l’entraînement à vélo en 2004. J’ai un plexus brachial gauche, c’est-à-dire que ma main gauche ne fonctionne pas. Je cours dans l’équipe Cofidis Handisport et suis licencié à Aix-en-Provence.
Marc Faure : Je viens d’avoir 40 ans et je viens de reprendre la compétition avec les copains en Pass’Cyclisme, UFOLEP et sur quelques belles cyclosportives. A Marseille, nous sommes une bonne bande de copains à rouler très souvent ensemble, pour ne pas dire tous les jours. Ça dépend du planning de chacun.
Johan, comment s’est passé ton Raid des Alpilles ?
Johan Ballatore : Je suis parti dans la première vague avec les féminines, les plus de 60 ans et donc les handisports. Je savais que mes collègues, qui partaient dans la deuxième vague et sont assez costauds, allaient revenir. L’essentiel était de rouler à bloc d’emblée pour qu’ils me reprennent le plus tard possible. J’ai d’abord roulé avec une fille mais elle descendait très mal et elle a eu du mal dans les Baux-de-Provence. Je ne pouvais plus l’attendre et je suis parti. Je me suis alors fait reprendre par Marc en bas des Alpilles. Nous avons basculé ensemble et ça a formé l’échappée décisive.
Marc, tu as été le plus Faure ! Tu obtiens la victoire, c’était une belle journée ?
Marc Faure : Oui, mais sincèrement je n’étais pas le plus fort. J’ai roulé au métier. Patrick Fiorentino et Jean-Luc Chavanon étaient les plus costauds, mais je savais très bien qu’avec le vent qu’il y avait, un homme seul ne pouvait pas finir. J’ai essayé de suivre dans le mur des Alpilles. Ça a été dur mais je savais que j’avais ma chance au sprint car j’ai une petite pointe de vitesse. J’ai tout calqué là-dessus.
La formule de départ par handicap, l’aimez-vous ?
Marc Faure : Personnellement non.
Johan Ballatore : C’est un peu compliqué pour les 18-29 ans qui sont toujours moins nombreux. C’est vrai que ça fausse la course, il n’y a pas photo, ce n’est pas le plus fort qui gagne. C’est un choix de l’organisateur. Ça permet aux anciens de bénéficier d’une course plus tranquille au départ. Mais on entre dans le système du cyclotourisme plus que du cyclosport. De temps en temps c’est bien mais il ne faudrait pas que ça entre dans les mœurs.
Johan, iras-tu à Londres pour les Jeux Paralympiques du 29 août au 9 septembre ?
Johan Ballatore : Je ne peux pas encore le dire. Je cherche à aller à Londres, je suis présélectionné pour les Jeux Paralympiques et j’ai un chemin de sélection à tenir de fin avril à fin juin avec les Coupes d’Europe et les Coupes du Monde. La sélection tombera le 3 juillet. Là je pourrai dire si j’y vais ou non.
Comment va se passer la sélection ?
Johan Ballatore : Je suis présélectionné. Nous sommes sept dans ma catégorie pour trois places. Au haut niveau, on connaît nos concurrents et ils sont de gros niveau. Après, ça reste une course de vélo donc on peut rater le coup comme très bien réussir. Je vais courir une Coupe du Monde en Espagne fin avril, une autre en Italie fin mai, puis deux Coupes d’Europe au mois de juin.
Tu es membre de l’équipe Cofidis Handisport, en quoi consiste l’équipe ?
Johan Ballatore : Chez Cofidis, nous sommes quatre solos et un tandem. Nous avons un contrat professionnel et tous les avantages d’un coureur professionnel. Vélo de course, vélo de chrono, bonneterie… Nous sommes suivis comme des pros. C’est une bonne formule. Toutes les équipes soutiennent un coureur handisport mais l’équipe Cofidis est la seule à avoir créé une structure paracycliste. L’objectif est que le groupe soit représenté aux Jeux.
Marc, pas de Jeux Olympiques pour toi ?
Marc Faure : Mon programme est en effet plus modeste ! J’ai repris le vélo pour une simple raison : devenir champion de France UFOLEP ou Masters. J’ai raté un Championnat de France Elite il y a quelques années. Ça m’est resté en travers de la gorge. Maintenant, je souhaite être champion de France dans une catégorie. Cette année le Championnat de France Masters aura lieu à Semur-en-Auxois et d’après ce que j’en sais ce sera très dur. Mais je grimpe bien donc je ferai tout pour y arriver.
Présente-nous ton club ?
Marc Faure : Le Vélo Club de Marseille a été mon premier club quand j’ai commencé le vélo en 1989. Je suis retourné dans ce club par coup de cœur et pour boucler la boucle. Ce sera mon dernier club. C’est un club aussi ancien que celui de La Pomme, mais avec moins de moyens. Nous sommes une quarantaine de licenciés sur route, UFOLEP et FFC.
Le mot de la fin ?
Johan Ballatore : Je vais continuer à faire quelques cyclosportives en espérant aller aux Jeux tout en me faisant le plus plaisir sur un vélo.
Marc Faure : Nous avons passé une bonne matinée au Raid des Alpilles malgré le temps. On a pris un peu de pluie sur la fin mais on y a globalement échappé. J’ai gagné, c’est un plus, mais le plaisir sur le vélo l’emporte.
Propos recueillis à Saint-Rémy-de-Provence le 18 mars 2012.